Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
Frères,
Nous le savons, pour ceux qui aiment Dieu, lui-même fait concourir toutes choses à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon son projet d’amour.
Ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin que ce Fils soit le premier-né parmi une multitude de frères.
Ceux qu’il avait prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi rendus justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il les a aussi glorifiés.
Promouvoir la confiance dans le dessein divin : vivre la prédestination selon saint Paul
Comprendre le plan de Dieu à travers l’appel, la justification et la gloire promise aux croyants.
La lecture de Romains 8, 28-30 s’adresse à toute personne en quête de sens, confrontée aux épreuves de la vie et désireuse de comprendre la providence de Dieu. Ce passage essentiel de la lettre de saint Paul aux Romains invite à découvrir que Dieu, par son amour éternel, connaît, appelle et transforme ses élus pour les rendre semblables au Christ, ouvrant ainsi un chemin d’espérance et de confiance intégrale. Ce texte nous parle à nous, chrétiens, mais aussi à toute âme en recherche spirituelle.
Nous commencerons par situer le cadre historique et théologique de ce passage ; nous explorerons ensuite l’idée centrale de la prédestination au Christ, avant d’approfondir ses dimensions humaines, spirituelles et pratiques. Puis, nous verrons la résonance de ce texte dans la tradition chrétienne et proposons des pistes concrètes pour l’incarner au quotidien.
Contexte
La lettre aux Romains, écrite par l’apôtre Paul vers l’an 57-58, est une des premières grandes synthèses théologiques du christianisme naissant. Elle s’adresse à la communauté chrétienne de Rome, mélange de Juifs et de Grecs, confrontée à des tensions culturelles et spirituelles. Dans ce contexte, Paul cherche à affirmer la souveraineté de Dieu dans le salut, qui ne dépend ni des œuvres humaines ni des origines ethniques, mais de la grâce qui agit par la foi.
Le passage de Romains 8, 28-30 s’inscrit dans une section où Paul révèle comment, malgré les souffrances inhérentes à la vie chrétienne, Dieu agit pour le bien ultime de ses élus. Il déclare : « Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour ». Ce verset pose le fondement de la confiance : Dieu régit toute chose pour orienter les croyants vers le bien.
Paul poursuit en expliquant que ceux que Dieu connaissait d’avance (sa prescience divine), il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image du Fils, afin que Jésus soit le premier-né d’une multitude de frères. La prédestination ici ne désigne pas une fatalité, mais un dessein divin d’unification et de sanctification à travers Jésus-Christ.
Ensuite, Paul évoque successivement l’appel, la justification et la glorification : ceux qu’il a prédestinés, il les appelle, justifie, et glorifie — autant d’étapes dans la réalisation du salut. Ces concepts expriment une progression spirituelle où le croyant est accueilli dans la vie divine, purifié et enfin glorifié dans la plénitude de la vie éternelle.
Ce texte est donc à la fois une promesse, une explication de la providence divine, et une exhortation à persévérer dans la foi malgré les épreuves, car tout est ordonné pour la réalisation de ce dessein d’amour.
Analyse
L’idée directrice du passage est la certitude du plan salvifique de Dieu, qui embrasse passé, présent et avenir. La dynamique principale est celle de la prédestination fondée sur la connaissance prévenante de Dieu, orientant la destinée humaine vers la ressemblance au Christ.
Le paradoxe entre liberté humaine et prédestination divine est rendu ici par l’interaction subtile de la connaissance divine avant même la création (ceux qu’il connaissait d’avance) et la marche librement accomplie par les croyants appelés et justifiés. La prédestination n’écrase pas la liberté, mais la prépare et la conduit à sa perfection.
Théologiquement, cette prédestination renvoie moins à une technique froide qu’au mystérieux dessein d’amour de Dieu, qui crée un peuple conforme à son Fils. La configuration au Christ est à la fois don et tâche : devenir « en acte » ce que Dieu « savait » déjà en puissance.
Spirituellement, ce message instaure un climat d’espérance. Peu importe les douleurs ou les doutes, le croyant, assuré d’être aimé d’un amour infini, peut persévérer. La glorification finale ne supprime pas les étapes intermédiaires douloureuses, mais en éclaire la portée : elles participent à la croissance mystique vers la pleine lumière.
Ainsi, Paul révèle que le salut est intégral : il comprend un appel à la foi, une justification par la grâce, et une glorification promise. Chaque étape est soutenue par l’action invisible de Dieu qui travaille tout pour le bien — un bien qui dépasse nos compréhensions immédiates.
La dimension de l’appel divin : invitation et choix
L’appel, tel que Paul le présente ici, est un geste initiatif de Dieu. Ce n’est pas un simple appel extérieur, mais un appel intérieur, qui transforme le cœur. Dieu choisit ceux qu’il a « connus d’avance », selon une prescience qui inclut leur réponse libre.
Sur le plan humain, cet appel provoque une nouvelle naissance spirituelle. Le croyant passe de l’état de pécheur à celui de justifié. Il est invité à vivre dans la confiance, sachant que cette élection divine n’est pas arbitraire mais fondée sur l’amour.
Cet appel crée une vocation concrète : être configuré au Christ, ce qui implique de porter avec lui la mission de témoigner dans le monde. C’est un appel à la sainteté et à la communion fraternelle.
La justification : un état reçu, une transformation intérieure
Justification signifie être déclaré juste par Dieu, non pas sur la base de mérites personnels, mais par le don de la grâce. C’est une réhabilitation spirituelle qui libère le croyant de la condamnation liée au péché.
Cette justification ouvre sur une transformation progressive, où les actes et attitudes s’harmonisent avec la volonté divine. La vie nouvelle s’enracine dans l’Esprit Saint, source de sanctification.
La justification est donc vécue comme un processus actif, qui encourage la croissance humaine et spirituelle, avec ses progressions, ses combats et ses fragilités.
La glorification : accomplissement et espérance dernière
La glorification est la dernière étape, celle d’une pleine communion avec Dieu, réalisée par la rescurection et la vie éternelle. Elle est ici présentée comme une certitude, déjà comprise dans le plan divin.
Spirituellement, la glorification est aussi vécue comme une espérance qui soutient le croyant au cœur des épreuves. Elle signifie que le chemin terrestre a une finalité heureuse, assurée par la puissance de Dieu.
Cette gloire promise est donc un moteur puissant pour persévérer dans la foi, et un appel à œuvrer à la construction d’un monde conforme à l’amour divin.
Héritage chrétien et résonances traditionnelles
Dans la patristique, saint Augustin a largement développé la doctrine de la prédestination, insistant sur la souveraineté de Dieu et la gratuité de la grâce. Il rejette toute conception de fatalisme mécanique, soulignant que la liberté humaine est compatible avec le dessein divin.
Cette vision a profondément nourri la théologie chrétienne médiévale, où la justice de Dieu et son amour sont vus comme inséparables. La tradition spirituelle souligne aussi que la configuration au Christ est un chemin de conversion continue.
Dans la liturgie, ces versets sont souvent médités lors de fêtes liées au salut et à l’Épiphanie, rappelant au peuple de Dieu son appel à la sainteté commune. Ils servent aussi de soutien dans les temps d’épreuve, renforçant l’espérance.
Plus récemment, des spiritualités contemporaines ont réaffirmé cette confiance dans un Dieu qui gouverne l’histoire pour le bien ultime, encourageant une foi active et résiliente.
Chemin de méditation pour incarner cette vérité
- Se rappeler chaque jour que Dieu appelle personnellement chacun à devenir semblable au Christ.
- Méditer sur les moments difficiles vécus, et discerner comment ils ont contribué à la croissance intérieure.
- Lire et relire Romains 8, 28-30 en priant pour accueillir la confiance dans le dessein divin.
- S’engager à témoigner de cette espérance autour de soi, dans la famille et la communauté.
- Vivre chaque jour comme une étape vers la glorification promise, en œuvrant à la justice et au pardon.
- Demander à l’Esprit Saint de fortifier la foi pour persévérer dans les moments d’incertitude.
- Célébrer les petites victoires spirituelles comme autant de signes de la présence agissante de Dieu.
Conclusion
Le passage de Romains 8, 28-30 révèle un Dieu souverain dont le plan d’amour embrasse toute l’existence humaine, même ses douleurs. Cette prédestination n’est pas une serrure fatale, mais un appel à la liberté sanctifiée, à la confiance et à la croissance vers la ressemblance au Christ.
Cet enseignement invite à une conversion radicale : accueillir dans la foi le dessein divin qui nous façonne, nous justifie et nous prépare pour la gloire. Ainsi, la vie chrétienne devient un chemin dynamique d’espérance et de transformation intérieure, qui se manifeste aussi dans l’engagement social.
À chaque étape, la foi se nourrit d’une promesse sûre : dans l’union à Jésus, chaque expérience, même la plus difficile, concourt à la sanctification finale. Voilà un message révolutionnaire qui invite à affronter la vie avec un courage renouvelé.
Conseils pratiques
- Méditer quotidiennement Romains 8, 28-30 en lien avec sa propre vie.
- Tenir un journal spirituel pour noter les moments où Dieu agit pour le bien.
- Participer à une équipe de prière ou un groupe biblique pour partager cette espérance.
- Pratiquer la patience et la bonté envers soi-même pendant les épreuves.
- Chercher à imiter le Christ dans les gestes quotidiens de compassion.
- Confier ses peurs à Dieu dans la prière et demander la force de persévérer.
- Lire des œuvres de saint Augustin sur la prédestination pour approfondir la compréhension.
