Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jean le Baptiste apprit, dans sa prison, les œuvres accomplies par le Christ. Il lui dépêcha ses disciples et, par eux, lui fit demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles recouvrent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à parler aux foules au sujet de Jean : « Qu’êtes-vous allés contempler au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme vêtu avec élégance ? Mais ceux qui portent de tels habits vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer ta route devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est élevé de plus grand que Jean le Baptiste ; et pourtant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »
Reconnaître le Messie au cœur du doute : quand l’attente rencontre la réalité
L’Évangile de Jean-Baptiste en prison nous apprend à discerner la présence de Dieu là où nous ne l’attendions pas.
Vous êtes en plein Avent, ce temps d’attente et d’espérance, et pourtant quelque chose vacille en vous. Les promesses semblent tarder, les signes que vous cherchez ne viennent pas comme prévu, et même votre foi la plus solide connaît des moments de questionnement. Jean le Baptiste, l’homme qui avait reconnu Jésus au Jourdain, celui qui avait proclamé « Voici l’Agneau de Dieu », se retrouve en prison et envoie ses disciples demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Cette question, loin d’être un échec spirituel, ouvre un chemin de foi mature qui intègre le doute, accueille les signes discrets de Dieu et nous invite à reconnaître un Messie qui vient autrement que prévu.
Nous explorerons d’abord le contexte dramatique de Jean en prison et la légitimité théologique de sa question, puis nous analyserons la réponse de Jésus qui renvoie aux prophéties d’Isaïe. Nous déploierons ensuite trois axes majeurs : le doute comme lieu de croissance spirituelle, les signes messianiques versus nos attentes, et la grandeur paradoxale du Royaume. Enfin, nous tracerons des applications concrètes, une piste méditative et des réponses aux défis actuels, avant de conclure par une prière liturgique et des repères pratiques.
Le prophète en prison : contextualiser l’interrogation de Jean
Jean-Baptiste, figure de proue du mouvement de conversion au désert, vient d’être arrêté par Hérode Antipas pour avoir dénoncé son mariage illégitime avec Hérodiade. Matthieu situe cet épisode après le baptême de Jésus (Mt 3, 13-17) et le début du ministère galiléen. Jean, enfermé à la forteresse de Machéronte à l’est de la Mer Morte, entend parler « des œuvres réalisées par le Christ ». L’expression grecque ta erga tou Christou (les œuvres du Messie) est lourde de sens : elle indique que Jean perçoit une dimension messianique dans l’action de Jésus, mais qu’il s’interroge sur sa nature exacte.
Le contexte liturgique de ce passage, proclamé le troisième dimanche de l’Avent, s’inscrit dans une progression dramatique. Le premier dimanche nous invite à veiller, le deuxième à nous convertir, et le troisième, marqué par la couleur rose et l’antienne Gaudete (Réjouissez-vous), semble paradoxal : nous célébrons la joie alors que Jean doute en prison. Cette tension révèle une vérité spirituelle profonde : la joie chrétienne n’exclut pas le questionnement honnête, elle l’intègre.
L’attente messianique au premier siècle était chargée d’espérances politiques et militaires. Les écrits intertestamentaires, les Psaumes de Salomon, les manuscrits de Qumrân, tous témoignent d’une attente d’un Messie davidique qui restaurerait le royaume d’Israël, chasserait les occupants romains et établirait un règne de justice par la force. Jean lui-même avait annoncé un juge implacable : « Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres » (Mt 3, 10). Or Jésus guérit, enseigne, partage des repas avec les pécheurs, mais ne brandit aucune arme, ne convoque aucune armée céleste.
Le doute de Jean ne porte donc pas sur l’identité générale de Jésus, mais sur l’adéquation entre ce qu’il fait et ce que le Messie était censé accomplir. C’est un doute intelligent, théologiquement informé, qui naît de la confrontation entre la tradition reçue et la nouveauté radicale de Jésus. Jean incarne ici l’Ancien Testament à son apogée : le dernier et le plus grand des prophètes, mais encore en-deçà du seuil du Royaume. Sa question n’est pas un manque de foi, c’est une foi qui cherche à comprendre.
L’alléluia qui précède l’évangile cite Isaïe 61, 1 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. » Ce verset programme la réponse de Jésus et oriente notre lecture : le Messie se reconnaît non à sa puissance coercitive, mais à sa proximité avec les petits et les brisés. La liturgie met en tension la question de Jean et la clé de lecture isaïenne, invitant les fidèles à ajuster leur regard.
Les signes d’Isaïe comme réponse : analyser la stratégie christologique de Jésus
Jésus ne répond pas par un oui ou un non. Il ne proclame pas « Je suis le Messie », ni ne cite un titre christologique. Sa réponse est narrative et performative : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez. » Cette formule renvoie à l’expérience sensible, au témoignage concret, plutôt qu’à une adhésion dogmatique abstraite. Jésus liste ensuite six signes qui tissent ensemble Isaïe 29, 18-19 ; 35, 5-6 et 61, 1 : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Cette énumération n’est pas aléatoire. Elle reprend les oracles isaïens sur la restauration eschatologique d’Israël, mais avec une inflexion décisive. Chez Isaïe, ces signes accompagnent le retour de l’exil, la restauration du Temple, et la venue glorieuse de Dieu. Jésus les actualise dans son ministère itinérant, loin des structures de pouvoir. Le verbe « ressusciter » (egeirô) utilisé pour les morts est le même que pour parler de la résurrection de Jésus, créant un pont entre les signes présents et la victoire pascale à venir.
Le climax de la liste est significatif : « les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle » (ptôchoi euangelizontai). Ce n’est pas simplement un miracle supplémentaire, c’est le signe récapitulatif. Les pauvres, ptôchoi, désignent dans le contexte matthéen ceux qui sont matériellement démunis, mais aussi les humbles de cœur, les anawim de la tradition biblique. L’annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres réalise Isaïe 61, 1 et inaugure le jubilé messianique, l’année de grâce du Seigneur.
La béatitude qui clôt la réponse — « Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute » — est une invitation délicate au discernement. Le terme skandalon (pierre d’achoppement) évoque la possibilité d’un rejet de Jésus précisément parce qu’il ne correspond pas aux attentes messianiques conventionnelles. Jésus reconnaît implicitement que sa manière d’être Messie peut décevoir, scandaliser, faire obstacle. C’est une humilité christologique remarquable : il ne s’impose pas, il propose, et bénit ceux qui acceptent de réviser leurs catégories.
La structure rhétorique de la réponse est également instructive. Jésus commence par les sens (voir, entendre), passe par le corps (marcher, être purifié), touche à la vie et à la mort (ressusciter), et culmine dans la parole (recevoir la Bonne Nouvelle). C’est une anthropologie intégrale : le salut touche toutes les dimensions de l’humain. Ce n’est pas un salut spiritualiste qui mépriserait le corps, ni un messianisme purement politique qui ignorerait la conversion intérieure.
Apprivoiser le doute : quand la foi questionne sans se dissoudre
Jean-Baptiste en prison incarne la condition du croyant qui traverse l’obscurité sans perdre l’orientation fondamentale. Son doute n’est pas scepticisme ni reniement, c’est une interrogation portée par la foi elle-même. Il ne demande pas « Qui es-tu ? » mais « Es-tu celui qui doit venir ? », ce qui présuppose qu’il y a bien quelqu’un à attendre. Le doute de Jean est un doute dans la foi, non un doute contre la foi.
Cette distinction est capitale pour la vie spirituelle. La tradition chrétienne, de saint Augustin (« Crede ut intelligas, intellige ut credas » – Crois pour comprendre, comprends pour croire) à Jean-Paul II (encyclique Fides et Ratio), a toujours valorisé la recherche intellectuelle et le questionnement honnête. Le doute méthodique, celui qui cherche à approfondir, n’est pas l’ennemi de la foi, il en est souvent le compagnon de route. Sainte Thérèse de Lisieux elle-même, docteure de l’Église, a connu de terribles épreuves de doute dans ses dernières années, criant à Dieu au milieu des ténèbres.
Dans le contexte de l’emprisonnement, le doute de Jean prend une couleur existentielle. Il n’est plus sur la rive du Jourdain, libre d’annoncer, baptiser, témoigner. Il est enfermé, démuni, peut-être torturé moralement par l’absence de résultats visibles. Les Pères du désert enseignaient que l’acédie (le découragement spirituel) surgit souvent dans l’immobilité forcée, quand l’action est bloquée. Jean vit cela. Sa question naît aussi d’une souffrance concrète : pourquoi le Messie ne me libère-t-il pas ?
Jésus ne reproche rien à Jean. Au contraire, dès que les disciples de Jean sont partis, il fait son éloge le plus vibrant : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste. » Cela signifie que le doute de Jean n’annule pas sa grandeur. Dieu ne rejette pas ceux qui doutent en cherchant sincèrement. La foi chrétienne n’exige pas une certitude inébranlable à chaque instant, elle demande une fidélité qui persiste même dans l’incertitude.
Cette leçon est libératrice pour beaucoup de croyants contemporains. Combien se culpabilisent de leurs doutes, pensant trahir Dieu ou décevoir leur communauté ? Le texte de Matthieu autorise une foi plus humaine, plus incarnée. On peut poser la question « Es-tu vraiment là ? Es-tu vraiment à l’œuvre ? » tout en restant dans la dynamique de la recherche et de l’attente. Saint Anselme parlait de fides quaerens intellectum, la foi qui cherche l’intelligence. Jean incarne cette foi questionnante.
La réponse de Jésus par les signes isaïens indique aussi une pédagogie divine : Dieu se révèle progressivement, par ses œuvres, non par une démonstration irréfutable. Il laisse de l’espace pour le doute, pour la liberté. Si Jésus avait répondu par un miracle éclatant qui libère Jean immédiatement, cela aurait été une contrainte, non une invitation. En renvoyant Jean aux signes discrets — les aveugles, les boiteux, les pauvres —, Jésus l’invite à un discernement plus fin, plus contemplatif.
Il y a aussi une dimension eschatologique. Jean représente le seuil : « le plus grand de ceux qui sont nés d’une femme », mais « le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui ». Cela signifie que Jean appartient encore au temps de la promesse, tandis que les disciples de Jésus entrent dans le temps de l’accomplissement. Le doute de Jean marque cette transition. Il pressent que quelque chose de nouveau émerge, mais il ne peut encore le saisir pleinement. Nous aussi, entre le déjà et le pas encore, nous oscillons parfois entre la reconnaissance et le questionnement.
Reconnaître les signes discrets : au-delà des attentes spectaculaires
Les signes que Jésus énumère sont réels, tangibles, vérifiables par les envoyés de Jean. Ce ne sont pas des concepts abstraits ni des promesses futuristes, ce sont des guérisons et des libérations qui adviennent ici et maintenant. Pourtant, ils ne correspondent pas au schéma attendu. Jean, comme beaucoup de ses contemporains, attendait un jugement immédiat, une purification par le feu, une séparation radicale entre justes et méchants. Or Jésus guérit des malades, mange avec des publicains, et annonce la miséricorde.
Cette tension entre attente et réalité traverse toute l’histoire du salut. Les disciples d’Emmaüs espéraient que Jésus « délivrerait Israël » (Lc 24, 21), et ils sont désorientés par la croix. Les apôtres avant l’Ascension demandent encore : « Est-ce maintenant que tu vas rétablir le royaume d’Israël ? » (Ac 1, 6). L’Apocalypse elle-même est écrite pour des communautés qui attendent la Parousie et qui doivent apprendre à vivre dans la patience. Reconnaître les signes de Dieu demande donc un ajustement constant de nos attentes.
Les signes isaïens que Jésus cite ont une portée théologique profonde. Ils ne sont pas de simples miracles pour prouver une identité, ils sont l’inauguration d’une nouvelle création. Quand les aveugles voient, c’est Genèse 1 qui recommence : « Que la lumière soit. » Quand les morts ressuscitent, c’est la victoire sur la malédiction adamique. Quand les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle, c’est le jubilé de Lévitique 25 qui se réalise, la remise des dettes, la libération des captifs. Ces signes ne sont donc pas de simples preuves, ils sont l’événement même du salut en acte.
Saint Augustin, dans ses Tractatus in Ioannem, explique que les miracles de Jésus sont des signa, des signes qui renvoient à une réalité plus profonde. Guérir un aveugle physique signifie aussi ouvrir les yeux de la foi ; ressusciter Lazare annonce la résurrection de l’âme morte par le péché. Il y a donc une double lecture : historique (des guérisons ont vraiment eu lieu) et symbolique (elles signifient le salut intégral).
Dans notre contexte contemporain, la tentation est double. D’un côté, un rationalisme qui ne croit qu’au vérifiable scientifiquement et rejette le surnaturel. De l’autre, un fidéisme qui attend du spectaculaire et se décourage quand Dieu agit discrètement. L’évangile de Matthieu 11 nous invite à un réalisme surnaturel : Dieu agit vraiment, mais souvent de manière humble, dans les périphéries, avec les petits.
Reconnaître ces signes demande un cœur contemplatif. Combien de fois passons-nous à côté de la présence de Dieu parce qu’elle ne ressemble pas à ce que nous imaginions ? Une réconciliation familiale est un signe de résurrection. Un geste de pardon gratuit est une purification. Une parole d’espérance donnée à un pauvre est l’annonce de la Bonne Nouvelle. Les signes du Royaume sont là, mais il faut des yeux pour les voir. La foi, dit l’épître aux Hébreux (11, 1), est « la preuve des réalités qu’on ne voit pas ». Elle discerne la présence de Dieu dans l’ordinaire transfiguré.

La grandeur paradoxale : être plus grand en étant plus petit
Le paradoxe final de notre péricope est saisissant : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. » Cette affirmation situe Jean à la charnière entre deux économies, deux modes de relation à Dieu. Jean est le sommet de l’Ancien Testament, le prophète eschatologique qui prépare la route, mais il reste en-deçà de la nouveauté radicale introduite par Jésus.
Qu’est-ce qui rend « le plus petit dans le royaume » plus grand que Jean ? Ce n’est pas une question de mérite personnel ou de sainteté morale. C’est une question de participation à la vie divine. Par le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, par l’Eucharistie, par l’inhabitation de l’Esprit, le chrétien est greffé sur le Christ, devient membre de son Corps, cohéritier du Royaume. Jean annonçait le Messie ; le chrétien vit en lui.
Saint Thomas d’Aquin, dans la Somme Théologique (IIa-IIae, q. 174, a. 6), distingue la prophétie de la vision béatifique. Les prophètes de l’Ancien Testament connaissaient Dieu par signes et énigmes (per speculum in aenigmate, 1 Co 13, 12), tandis que les baptisés connaissent Dieu comme Père par l’Esprit qui crie en eux « Abba ! » (Rm 8, 15). Cette connaissance filiale, même imparfaite ici-bas, dépasse la connaissance prophétique.
Ce paradoxe éclaire aussi notre condition. Nous sommes tous, d’une certaine manière, « petits dans le Royaume ». Ni apôtres historiques, ni témoins oculaires, ni martyrs des premiers siècles. Pourtant, notre petitesse n’est pas un obstacle, elle est le lieu même de la grâce. Les béatitudes le scandent : « Heureux les pauvres en esprit, heureux les doux, heureux ceux qui ont faim et soif de justice. » La grandeur du Royaume se mesure à l’inverse des critères du monde.
Jésus lui-même incarne ce renversement. Lui qui est Dieu se fait serviteur, lave les pieds de ses disciples, meurt sur une croix. Saint Paul le chante dans l’hymne de Philippiens 2, 6-11 : il s’est « anéanti » (ekenôsen), prenant la condition d’esclave, et c’est pourquoi Dieu l’a « exalté ». La logique du Royaume est kénotique : on monte en descendant, on gagne en perdant, on vit en mourant.
Pour nos vies concrètes, cela signifie un déplacement radical de nos ambitions. Chercher la grandeur selon le monde — la réussite, la reconnaissance, le pouvoir — peut nous éloigner du Royaume. Accepter d’être petit, serviteur, dernier, nous rend disponible à la grâce. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a fait de cette « petite voie » le chemin de sa sainteté. Elle disait : « Ma vocation, c’est l’Amour. » Non pas de grandes actions, mais de petits actes faits avec un grand amour.
Cette parole sur la grandeur paradoxale console aussi ceux qui se sentent insignifiants. Vous n’êtes pas Jean-Baptiste, vous n’avez pas un ministère éclatant, vous doutez, vous tâtonnez ? Réjouissez-vous : dans le Royaume, c’est justement cela qui vous rend grand. Votre humilité, votre conscience de votre petitesse, votre besoin de Dieu, tout cela vous ouvre à la grâce. Le pharisien qui se vante est renvoyé sans justification ; le publicain qui se frappe la poitrine descend justifié (Lc 18, 14).
Incarner l’attente et le discernement dans le quotidien
Comment ces vérités théologiques se traduisent-elles dans nos vies ordinaires ? D’abord, dans notre manière d’habiter le doute. Si vous traversez une période où la foi vacille, où Dieu semble absent, ne vous condamnez pas. Imitez Jean : posez la question. Priez « Es-tu vraiment là ? », non comme un reproche, mais comme une vraie interrogation. Cherchez des compagnons de route — un accompagnateur spirituel, une communauté de prière — qui accueillent vos questions sans jugement.
Ensuite, dans notre façon de discerner la présence de Dieu. Prenez l’habitude, le soir, de relire votre journée en cherchant les signes discrets : un geste de bonté reçu, une parole qui vous a touché, une réconciliation amorcée, un moment de paix inattendue. C’est l’examen de conscience ignatien : non pas seulement compter ses péchés, mais reconnaître les consolations et les motions de l’Esprit. Dieu agit souvent dans le petit, le quotidien, l’humble.
Dans la sphère familiale, cela se traduit par une attention renouvelée aux membres fragilisés. Qui est l’aveugle qui ne voit plus l’espoir ? Qui est le boiteux qui ne peut plus avancer ? Qui est le sourd qui ne s’entend plus avec les autres ? Nos foyers peuvent devenir des lieux où la Bonne Nouvelle est annoncée par des gestes concrets : écouter sans juger, pardonner une offense, prendre du temps pour l’autre.
Dans la vie professionnelle, appliquer cet évangile, c’est refuser la logique de la performance à tout prix. Le « plus petit dans le Royaume » nous rappelle que notre valeur ne dépend pas de notre productivité. Travailler avec excellence, oui, mais sans écraser les autres ni se détruire soi-même. Reconnaître ses limites, demander de l’aide, accepter de ne pas tout réussir, c’est vivre la grandeur paradoxale.
Dans la vie ecclésiale, cet évangile interroge nos attentes envers l’Église. Nous voudrions parfois une Église triomphante, puissante, qui s’impose dans le débat public. Or Jésus nous invite à reconnaître son action dans les pauvres qui reçoivent la Bonne Nouvelle. L’Église est plus fidèle à sa mission quand elle sert les petits que quand elle cherche le pouvoir. Le Concile Vatican II (Lumen Gentium 8) parle de l’Église « pauvre et servante ».
Enfin, dans notre rapport à l’attente elle-même. L’Avent nous apprend à attendre sans nous décourager. Jean attendait en prison. Nous attendons dans nos situations bloquées : une maladie qui dure, un conflit qui ne se résout pas, une vocation qui tarde. Attendre chrétiennement, ce n’est pas être passif, c’est rester éveillé, chercher les signes, préparer le chemin. C’est faire aujourd’hui ce qui est possible en confiant à Dieu le reste.
De l’exégèse patristique à la spiritualité moderne
Les Pères de l’Église ont abondamment commenté ce passage. Saint Jean Chrysostome, dans ses Homélies sur Matthieu (homélie 36), insiste sur la délicatesse de Jésus envers Jean. Il ne dit pas « Va dire à Jean qu’il a tort de douter », mais il lui donne les éléments pour qu’il juge par lui-même. Chrysostome y voit un modèle pédagogique : respecter la liberté de l’autre, l’accompagner dans sa recherche plutôt que lui imposer une réponse.
Saint Ambroise de Milan, dans son Commentaire sur Luc, rapproche cette scène du doute de Thomas après la résurrection. Les deux figures — Jean avant Pâques, Thomas après — illustrent que le doute peut être un passage vers une foi plus profonde. Thomas, en touchant les plaies, arrive à la confession suprême : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Jean, en entendant les signes, est invité à reconnaître le Messie humble.
Saint Augustin, dans le De consensu Evangelistarum, souligne que Jean ne doute pas pour lui-même, mais pour ses disciples. Cette lecture, reprise par Thomas d’Aquin, voit dans la question de Jean une pédagogie : il veut que ses disciples entendent de Jésus lui-même qui il est. Ainsi, le doute de Jean serait un doute pédagogique, une question posée pour l’instruction d’autrui. Cette interprétation, bien qu’elle atténue le scandale du doute, montre aussi la sollicitude pastorale du Baptiste.
Dans la tradition monastique, ce passage inspire une spiritualité de l’attente contemplative. Saint Benoît, dans sa Règle, parle de vivre « sous le regard de Dieu », dans une disponibilité constante. Les moines, par leurs vœux de stabilité, d’obéissance et de conversion des mœurs, s’exercent à attendre Dieu dans l’ordinaire de la vie cénobitique. Comme Jean en prison, ils renoncent à la liberté extérieure pour trouver la liberté intérieure.
La spiritualité carmélitaine, avec Jean de la Croix, explore la nuit obscure de la foi. Jean en prison anticipe cette nuit : Dieu semble absent, les certitudes s’effacent, il faut avancer à tâtons. Mais c’est justement dans cette nuit que la foi se purifie, se détachant des consolations sensibles pour s’attacher à Dieu seul. Sainte Thérèse d’Avila parle des « sécheresses » en oraison : Dieu se retire pour que notre amour grandisse.
Au XXe siècle, Hans Urs von Balthasar, dans sa Théologie de l’histoire, médite sur le « samedi saint », ce temps où Jésus descend aux enfers et où les disciples attendent dans le silence. Jean en prison vit un samedi saint anticipé. Il a annoncé le Messie, il l’a vu, et maintenant il attend dans les ténèbres. Cette attente n’est pas vaine, elle prépare la résurrection.
Le Concile Vatican II, dans Dei Verbum (Constitution dogmatique sur la Révélation divine, n° 2), rappelle que la révélation s’accomplit par « des paroles et des actions intrinsèquement liées ». Les signes que Jésus donne à Jean sont précisément cette articulation : les œuvres (guérisons) sont inséparables de la Parole (annonce aux pauvres). Cela fonde une théologie de l’action ecclésiale : l’Église annonce par ses actes autant que par ses mots.
Un chemin de discernement personnel en sept étapes
Voici une démarche pour méditer ce passage et l’accueillir dans votre propre vie. Installez-vous dans un lieu calme, prenez quelques respirations profondes pour vous centrer.
Première étape : relire le texte lentement. Laissez résonner la question de Jean : « Es-tu celui qui doit venir ? » Quelle attente porte cette question en vous ? Y a-t-il un domaine de votre vie où vous demandez à Dieu : « Es-tu vraiment à l’œuvre ici ? »
Deuxième étape : accueillir votre doute. Sans jugement, reconnaissez les zones d’incertitude dans votre foi. Présentez-les à Dieu comme Jean a envoyé ses disciples. Dites simplement : « Seigneur, j’ai besoin de signes. »
Troisième étape : contempler les signes. Relisez la liste des six signes donnés par Jésus. Pour chacun, cherchez un écho dans votre vie récente. Où avez-vous vu un aveugle recouvrer la vue (une personne qui a retrouvé l’espérance) ? Un boiteux marcher (quelqu’un qui a surmonté un handicap) ? Un pauvre recevoir la Bonne Nouvelle (une personne touchée par une parole d’amour) ?
Quatrième étape : ajuster vos attentes. Identifiez une attente que vous portez et qui ressemble à celle de Jean : un Messie qui vient avec puissance, qui résout tout immédiatement. Demandez la grâce de reconnaître un Messie humble, serviteur, qui agit dans la douceur.
Cinquième étape : embrasser votre petitesse. Méditez la parole sur « le plus petit dans le Royaume ». Remerciez Dieu pour votre petitesse, vos limites, vos échecs. Dites-lui : « Je ne suis pas Jean-Baptiste, je suis le plus petit, et c’est là que tu veux me rencontrer. »
Sixième étape : poser un acte concret. Inspiré par les signes, choisissez un geste simple pour la semaine à venir : visiter un malade (guérir), aider quelqu’un en difficulté (relever), partager la Parole (annoncer). Un seul geste suffit.
Septième étape : confier à Dieu. Terminez par une prière spontanée où vous remettez à Dieu vos questions, vos attentes, votre chemin. Demandez la grâce de demeurer fidèle même dans l’obscurité, comme Jean dans sa prison.
Cette méditation peut se faire en une demi-heure, ou être étalée sur une semaine en prenant une étape par jour. L’essentiel est d’y revenir régulièrement, car le discernement est un chemin, non un événement ponctuel.

Répondre aux objections et aux questions actuelles
Objection 1 : Comment croire aux miracles dans un monde scientifique ? La question des miracles divise. Certains les rejettent comme des légendes pieuses, d’autres les cherchent comme des preuves. L’évangile nous invite à une troisième voie : les signes sont réels, mais leur vérité ne se réduit pas à la vérification empirique. Ils signifient une réalité plus profonde. Un aveugle qui voit, c’est à la fois un événement historique (attesté par des témoins) et un signe théologique (Dieu ouvre les yeux de la foi). La science étudie le comment, la foi cherche le sens.
Objection 2 : Pourquoi Dieu n’a-t-il pas libéré Jean de prison ? C’est la question du mal, qui traverse toute la Bible. Jean sera décapité quelques chapitres plus loin (Mt 14, 10). Jésus ne l’a pas sauvé physiquement. Cela nous rappelle que le salut chrétien n’est pas une assurance tous risques contre la souffrance. C’est une présence de Dieu dans la souffrance, une transformation du sens de l’épreuve. Jean meurt martyr, témoin ultime de la vérité. Sa mort n’est pas un échec, c’est un achèvement.
Objection 3 : Cette attente passive ne favorise-t-elle pas l’inaction ? Attendre ne signifie pas ne rien faire. Jean en prison ne cesse pas de se préoccuper du Messie, il envoie des disciples, il interroge. L’attente chrétienne est active, c’est une veille vigilante. Comme les vierges sages qui préparent leurs lampes (Mt 25), nous attendons en préparant, en agissant, en témoignant. L’Avent est un temps de conversion, de partage, de solidarité.
Objection 4 : Ce passage ne réserve-t-il pas le Royaume à une élite spirituelle ? Au contraire. Jésus dit que « le plus petit » dans le Royaume est grand. C’est une démocratisation radicale de la sainteté. Pas besoin d’être prophète, ascète, savant. Un enfant baptisé, une personne simple qui aime, un pauvre qui prie, tous participent au Royaume. Vatican II parle de l’appel universel à la sainteté (Lumen Gentium 5).
Objection 5 : Comment discerner les vrais signes de Dieu des illusions ? C’est la question centrale du discernement des esprits. Saint Ignace de Loyola propose des critères : les vrais signes de Dieu produisent la paix, l’humilité, la charité, l’ouverture aux autres. Les fausses consolations engendrent l’orgueil, l’isolement, l’agitation. Jésus donne un critère simple : « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 20). Les signes authentiques portent du fruit d’amour, de justice, de vérité.
Objection 6 : Ce texte ne concerne-t-il que les chrétiens ? Les signes que Jésus énumère — guérir les malades, relever les opprimés, annoncer la justice — sont universels. Toute personne de bonne volonté qui œuvre pour la dignité humaine participe, consciemment ou non, au Royaume. Le Concile Vatican II reconnaît les « semences du Verbe » dans toutes les cultures (Ad Gentes 11). Le Royaume déborde les frontières visibles de l’Église.
Ces réponses ne sont pas des solutions définitives, mais des pistes pour avancer. La foi chrétienne n’est pas un système clos, c’est un dialogue vivant entre Dieu et l’humanité, et chaque génération doit réarticuler ce dialogue dans son langage.
Prière : oraison d’Avent sur le seuil de Noël
Seigneur Jésus, Messie humble et serviteur,
toi qui as répondu à Jean le Baptiste
non par des titres de gloire mais par des signes de miséricorde,
apprends-nous à reconnaître ta présence
dans les aveugles qui retrouvent l’espérance,
dans les boiteux qui se relèvent après la chute,
dans les lépreux exclus qui retrouvent leur place,
dans les sourds qui s’ouvrent à ta Parole,
dans les morts que ton souffle ressuscite,
et dans les pauvres qui reçoivent enfin une Bonne Nouvelle.
Nous te prions pour ceux qui doutent en cette Avent,
pour ceux qui t’attendent dans la prison de la maladie,
dans l’enfermement de l’injustice,
dans l’obscurité de la dépression,
dans le silence de ton apparent retrait.
Qu’ils entendent ta réponse : « Regardez ce que je fais,
écoutez ce que j’annonce. Je suis à l’œuvre,
même quand vous ne me voyez pas. »
Accorde-nous, Père de toute consolation,
la grâce d’embrasser notre petitesse,
sachant que tu exaltes les humbles
et que tu combles de biens les affamés.
Que nous ne cherchions pas la grandeur selon le monde,
mais la sainteté cachée des serviteurs fidèles,
des vierges sages qui veillent,
des semeurs patients qui attendent la moisson.
Esprit de vérité et de discernement,
éclaire nos yeux pour voir tes signes
dans l’ordinaire de nos jours,
dans le geste gratuit d’un voisin,
dans la parole consolante d’un ami,
dans le pardon qui brise les chaînes,
dans la réconciliation qui reconstruit les ponts.
Que nous soyons nous-mêmes des signes de ton Royaume,
annonçant par nos vies la Bonne Nouvelle de ton Amour.
Fais de nous des veilleurs de l’Aube,
des guetteurs de ta Venue,
des témoins de ta tendresse pour les petits.
Que nos doutes mêmes deviennent prière,
que nos questions deviennent recherche,
que notre attente devienne espérance agissante.
Et quand viendra le jour de ta pleine révélation,
que nous soyons trouvés vigilants,
les lampes allumées, les mains occupées à servir,
le cœur brûlant d’amour pour toi et pour nos frères.
Ainsi pourrons-nous entendre la parole bienheureuse :
« Venez, les bénis de mon Père,
recevez en héritage le Royaume
préparé pour vous depuis la fondation du monde. »
Par Jésus Christ, le Messie attendu et venu,
avec le Père et l’Esprit Saint,
dans les siècles des siècles.
Amen.
En route vers la reconnaissance
L’évangile de Matthieu 11, 2-11 nous place au cœur du mystère de l’Avent : l’attente qui se confronte à la réalité, le doute qui cherche la confirmation, la reconnaissance qui demande un ajustement du regard. Jean-Baptiste, le plus grand des prophètes, incarne notre condition de croyants : nous oscillons entre la certitude et le questionnement, entre la vision claire et l’obscurité, entre la proclamation joyeuse et le cri du doute.
La réponse de Jésus ne supprime pas l’attente, elle la réoriente. Elle nous apprend à chercher les signes de Dieu non dans le spectaculaire mais dans l’humble service des pauvres, des malades, des exclus. Elle nous révèle un Messie qui ne s’impose pas par la force mais qui se propose par la miséricorde. Elle nous invite à une foi adulte, capable d’intégrer le doute sans se dissoudre, de questionner sans se révolter, d’attendre sans se décourager.
Le paradoxe de la grandeur — « le plus petit dans le Royaume est plus grand que Jean » — renverse nos échelles de valeur et nous libère de l’obsession de la performance. Nous n’avons pas besoin d’être des géants spirituels pour entrer dans le Royaume. Il suffit d’accueillir notre petitesse, de reconnaître notre besoin de Dieu, de nous laisser transformer par sa grâce.
Concrètement, cet évangile nous appelle à trois conversions. Premièrement, une conversion du regard : chercher les signes de Dieu dans le quotidien, dans les gestes d’humanité, dans les victoires discrètes de l’amour sur la haine. Deuxièmement, une conversion de l’attente : passer d’une attente passive à une attente active, qui prépare le chemin, qui agit pour la justice, qui annonce la Bonne Nouvelle. Troisièmement, une conversion de l’identité : accepter d’être petit, serviteur, dernier, comme Jésus lui-même.
Cet Avent, laissez la question de Jean résonner en vous : « Es-tu celui qui doit venir ? » Posez-la à Jésus dans vos doutes, dans vos épreuves, dans vos déceptions. Et écoutez sa réponse, non dans une voix tonitruante, mais dans le murmure des signes qu’il sème sur votre route. Un aveugle qui retrouve l’espérance, c’est Jésus. Un boiteux qui se relève, c’est Jésus. Un pauvre qui reçoit la dignité, c’est Jésus. Ouvrez les yeux, tendez l’oreille, et vous le reconnaîtrez.
Pratiques pour vivre cet évangile
- Accueillez vos doutes sans culpabilité. Notez-les dans un carnet de prière, partagez-les avec un accompagnateur spirituel. Le doute honnête est un lieu de rencontre avec Dieu, non un obstacle.
- Relisez votre journée chaque soir en cherchant trois signes de la présence de Dieu. Même minuscules : un sourire, une parole, un geste. Notez-les pour mémoire et relisez-les en fin de semaine.
- Posez un acte concret de service cette semaine envers une personne « petite » ou fragilisée. Visitez un malade, écoutez quelqu’un qui souffre, donnez de votre temps à une association caritative.
- Méditez une fois cette semaine les béatitudes (Matthieu 5, 3-12) en parallèle avec ce passage. Repérez les liens entre « les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle » et « Heureux les pauvres en esprit ».
- Priez la prière liturgique proposée plus haut, ou composez la vôtre en vous inspirant des six signes messianiques. Demandez à Dieu d’ouvrir vos yeux, vos oreilles, votre cœur.
- Lisez un texte des Pères de l’Église sur ce passage. Par exemple, une homélie de Jean Chrysostome ou un commentaire d’Augustin. Laissez-vous enrichir par la tradition.
- Partagez cet évangile avec votre communauté, famille ou groupe de prière. Posez la question : « Où voyons-nous aujourd’hui les signes du Royaume que Jésus décrit ? » Échangez vos témoignages.
Références
- Isaïe 35, 5-6 et 61, 1-2 : oracles messianiques repris par Jésus dans sa réponse à Jean-Baptiste.
- Luc 4, 16-21 : Jésus à la synagogue de Nazareth, proclamant l’accomplissement d’Isaïe 61.
- Jean Chrysostome, Homélies sur Matthieu, homélie 36 : commentaire patristique sur Matthieu 11.
- Saint Augustin, De consensu Evangelistarum : lecture harmonisante des évangiles sur le doute de Jean.
- Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIa-IIae, q. 174 : sur la prophétie et la vision de Dieu.
- Ignace de Loyola, Exercices spirituels, règles de discernement : pour distinguer les vraies et fausses consolations.
- Hans Urs von Balthasar, Théologie de l’histoire : méditation sur l’attente et le samedi saint.
- Concile Vatican II, Lumen Gentium et Dei Verbum : sur l’Église servante et la révélation par paroles et actions.


