François-Xavier, apôtre des confins du monde

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Un jésuite navarro-basque qui porta l’Évangile jusqu’aux rivages du Japon et mourut aux portes de la Chine.

Le 3 ddécembre marque la mémoire de François-Xavier, ce noble basque devenu compagnon d’Ignace de Loyola qui quitta sa chaire parisienne pour évangéliser l’Asie. Entre 1541 et 1552, il parcourut l’Inde, les Moluques et le Japon, baptisant des dizaines de milliers de personnes. Sa mort à quarante-six ans sur l’île de Sancian, en vue de la Chine inaccessible, résume une existence consumée par l’urgence missionnaire. Patron des missions avec Thérèse de Lisieux, il interroge encore notre rapport à l’universel: comment porter une parole au-delà de nos frontières culturelles sans l’imposer?

De la noblesse navarraise aux ruelles de Paris

François naît en 1506 au château de Xavier, dans le royaume de Navarre. Son père Jean de Jassi appartient à la petite noblesse locale, fière mais appauvrie par les guerres entre la Castille et la France. Le sixième enfant grandit dans un contexte politique tendu: en 1512, Ferdinand d’Aragon annexe la Haute-Navarre. La famille perd influence et revenus. François part à dix-neuf ans pour l’université de Paris, porteur des espoirs familiaux.

Il débarque en 1525 dans une ville effervescente. La Sorbonne débat des thèses de Luther, l’humanisme d’Érasme circule dans les collèges. François suit le cursus classique au collège Sainte-Barbe: arts libéraux, philosophie aristotélicienne, théologie scolastique. Brillant dialecticien, il décroche sa maîtrise ès arts en 1530 puis enseigne la philosophie au collège de Beauvais. Carrière prometteuse, réputation assurée, ambitions mondaines bien ancrées.

En 1529, un étudiant singulier partage sa chambre: Ignace de Loyola, trentenaire boiteux converti après sa blessure à Pampelune. François le tolère mal. Cet ancien militaire parle de renoncement, de gloire divine, de sauver les âmes. François rêve de chaires prestigieuses. Pendant trois ans, Ignace répète la question évangélique: «Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il perd son âme?» La parole creuse lentement son sillon.

En 1533, François bascule. Ignace lui propose les Exercices spirituels, méthode de discernement par méditations et examens de conscience. François y découvre un Christ vivant, exigeant, qui appelle à tout quitter. Le 15 août 1534, sur la colline de Montmartre, sept compagnons prononcent des vœux de pauvreté, chasteté et d’aller à Jérusalem ou de se mettre au service du pape. Naît ainsi le noyau de la Compagnie de Jésus, ordre approuvé en 1540 par Paul III.

Le pape cherche alors des missionnaires pour les Indes portugaises. Le Portugal a ouvert des comptoirs depuis Vasco de Gama, mais l’évangélisation reste faible. Ignace désigne François. Pas d’hésitation: «Me voici!» Le 7 avril 1541, François embarque à Lisbonne sur la Santiago avec le titre de légat pontifical. Treize mois de traversée, tempêtes, maladies, promiscuité. Il débarque à Goa en mai 1542.

Goa, capitale de l’Inde portugaise, est un port cosmopolite où cohabitent Portugais, Indiens, esclaves africains, marchands arabes. François découvre une chrétienté nominale: baptêmes sans instruction, concubinage, esclavage brutal. Il sillonne les rues en agitant une clochette, rassemble enfants et adultes pour enseigner le catéchisme. Méthode simple: chants en portugais puis en tamoul, prières répétées, récits bibliques imagés. Il visite hôpitaux et prisons, lave les plaies, enterre les morts.

En 1542, il rejoint la côte de la Pêcherie, sud de l’Inde, où vivent les Paravers, pêcheurs de perles convertis superficiellement par les Portugais. François apprend quelques mots de tamoul, traduit le Credo et les commandements en vers chantés. Il baptise en masse après catéchèse sommaire, convaincu que la grâce supplée à l’enseignement. Les conversions atteignent plusieurs dizaines de milliers. Historiens et hagiographes divergent: enthousiasme collectif authentique ou adhésions sous pression coloniale? François lui-même témoigne de résistances, de rechutes, d’incompréhensions culturelles.

En 1545, il s’embarque pour les Moluques, archipel musulman du commerce des épices. À Ambon, Ternate, Morotai, il rencontre l’islam, religion déjà implantée. Les conversions sont plus rares, parfois conflictuelles avec les sultans locaux. François écrit à Ignace: «Ici, les Maures nous haïssent.» Il persévère, fonde quelques communautés chrétiennes fragiles, mais l’islam résiste.

En 1549, il rencontre à Malacca un Japonais nommé Anjirō, fugitif converti. Celui-ci décrit un archipel raffiné, lettré, sans connaître l’Évangile. François voit là une terre promise. Il débarque au Japon en août 1549 avec deux jésuites et Anjirō. Choc culturel radical: société féodale hiérarchisée, écriture complexe, bouddhisme et shintoïsme enracinés. François apprend quelques kanjis, négocie avec les daimyos, seigneurs locaux. À Kagoshima, Hirado, Yamaguchi et Bungo, il prêche dans un japonais approximatif. Les conversions sont lentes mais solides: samouraïs, marchands, familles entières. Il estime à mille le nombre de baptisés en deux ans.

François comprend que le Japon dépend culturellement de la Chine. Pour évangéliser durablement l’archipel, il faut atteindre l’empire du Milieu, source de prestige intellectuel. En 1551, il rentre à Goa pour organiser une expédition chinoise. La Chine interdit alors tout accès aux étrangers sauf commerce régulé à Canton. François négocie avec marchands et diplomates portugais. En avril 1552, il embarque clandestinement vers Sancian, île proche de Canton.

Sur ce rocher désolé, il attend un passeur chinois. Mais l’attente s’éternise, les fièvres tropicales le terrassent. Le 2 décembre 1552, seul dans une cabane de pêcheurs, François meurt à quarante-six ans. Son corps, miraculeusement préservé de la putréfaction selon les témoins, est rapatrié à Goa. Canonisé en 1622 avec Ignace, il devient patron des missions en 1927.

Miracles lointains et corps incorruptible

Un fait historique demeure solidement attesté: François baptisa des dizaines de milliers de personnes en dix ans. Les lettres qu’il envoya régulièrement à Ignace et aux compagnons de Rome décrivent méthodes, difficultés, espoirs. Archives portugaises, japonaises et indiennes confirment son passage, ses fondations, sa mort à Sancian. Aucun doute sur l’ampleur géographique de son apostolat ni sur son rythme effréné.

Mais dès sa mort, les récits hagiographiques amplifient les faits. Les témoins de Goa déclarent sous serment que son cadavre, enterré trois mois dans la chaux vive à Sancian, fut retrouvé intact, chair souple, sang frais. Le bras droit, détaché en relique, aurait saigné. Médecins modernes évoquent des conditions de salinité et de chaleur pouvant ralentir la décomposition, mais le prodige reste central dans la dévotion populaire. Les jésuites collectèrent aussi des témoignages de résurrections, guérisons instantanées, dons de langue miraculeuse. François aurait prêché en tamoul, japonais ou malais sans les avoir appris. Historiens nuancent: il utilisait des interprètes, apprenait rudimentairement, s’appuyait sur le chant et la gestuelle.

Une légende insiste sur le crucifix et le crabe. Alors qu’il naviguait vers les Moluques, une tempête éclata. François jeta son crucifix dans les flots pour apaiser les eaux. Le lendemain, sur le rivage, un crabe géant lui rapporta le crucifix entre ses pinces. Récit symbolique que l’on retrouve dans d’autres vies de saints: la nature obéit au serviteur de Dieu. Aucune source contemporaine ne le mentionne, il apparaît au dix-septième siècle dans des vies édifiantes.

Quelle portée symbolique retirer sans trancher artificiellement? François incarne la tension entre humilité méthodique et récits merveilleux. Ses lettres révèlent un homme épuisé, doutant parfois de l’efficacité de son travail, critiquant les Portugais colonisateurs, souffrant de solitude. Mais la tradition en fait un thaumaturge, apôtre comparable à Paul. Cette dualité reflète la dynamique missionnaire jésuite: pragmatisme pastoral et propagande édifiante pour susciter vocations et dons. François lui-même écrivit à ses confrères parisiens: «Que d’âmes ne connaissent pas le chemin de la gloire et vont en enfer à cause de votre négligence!» Urgence dramatique qui justifie l’exagération hagiographique.

Aujourd’hui, François-Xavier divise encore. Pour certains, il reste le pionnier courageux qui affronta mers, maladies, incompréhensions linguistiques pour annoncer le Christ. Pour d’autres, il symbolise une évangélisation liée à la colonisation portugaise, imposant une foi européenne sans respecter les cultures locales. Vérité complexe: François critiqua violemment les mœurs coloniales, dénonça l’esclavage et la cupidité des marchands portugais, apprit les langues locales, tenta d’inculturer la liturgie. Mais il resta aussi prisonnier d’une vision médiévale: baptême d’abord, formation ensuite, destruction des temples païens. La théologie missionnaire évoluera, Vatican II intégrera le dialogue interreligieux. François demeure une figure de transition, ardent et maladroit.

Le corps repose toujours à Goa, dans la basilique du Bon Jésus, exposé tous les dix ans. Reliques dispersées: bras droit à Rome (église du Gesù), fragment de crâne à Macao, ossements au Japon. Cartographie d’une expansion catholique qui rêvait d’universalité mais portait les ambiguïtés de son temps. François, canonisé en même temps qu’Ignace, Thérèse d’Avila et Isidore le laboureur, illustre l’élan mystique du seizième siècle post-tridentin: réforme intérieure et conquête missionnaire. Son héritage demeure vivant dans les Églises asiatiques qu’il planta, même si elles ont désormais leurs théologies propres, leurs saints locaux, leurs modes d’incarnation.

François-Xavier, apôtre des confins du monde

L’urgence évangélique comme conversion permanente

François-Xavier interroge notre rapport à l’universel. Sa vie révèle une tension féconde: partir vers l’autre sans l’effacer, annoncer sans imposer, s’adapter sans renoncer. Il quitta gloire académique et confort pour des rivages inconnus. Cette disponibilité radicale trouve écho dans la parabole du jeune homme riche: «Va, vends tout ce que tu possèdes, puis viens, suis-moi.» François vendit sa carrière parisienne, ses ambitions intellectuelles, pour suivre un Christ itinérant.

Sa méthode pédagogique éclaire aussi. Il traduisit le Credo en vers chantés, organisa des processions avec enfants portant bannières, utilisa musique et théâtre. Il comprit que l’Évangile passe par la chair, les sens, la mémoire collective. Saint Paul aux Corinthiens: «Je me suis fait tout à tous, pour en sauver à tout prix quelques-uns.» François incarne cette plasticité missionnaire, même imparfaite.

L’urgence qui le consumait interpelle notre tiédeur. «Que d’âmes ne connaissent pas le chemin de la gloire!» écrivait-il. Formule dramatique qui peut gêner, mais qui pose la question de notre engagement. Croyons-nous assez en ce que nous portons pour le partager? François ne chercha ni fortune ni reconnaissance, il mourut seul sur un rocher. Image forte pour une époque où tout se monnaye, où la visibilité prime sur la profondeur.

Enfin, sa mort aux portes de la Chine résonne symboliquement. Il ne put atteindre l’empire, mais son désir ouvrit la voie: Matteo Ricci entrera en Chine quarante ans plus tard. L’échec apparent porte fruit. Vérité évangélique: le grain tombé en terre meurt, mais produit beaucoup. François n’a pas fondé d’empire chrétien en Asie, mais des communautés vivantes qui témoignent encore. L’Église du Japon, malgré persécutions et clandestinité de trois siècles, survécut. Fruit de ce grain semé à Kagoshima en 1549.

Aujourd’hui, invoquer François-Xavier, c’est demander la grâce de sortir de nos cercles confortables. Pas forcément vers l’Asie lointaine, mais vers le voisin différent, le collègue d’une autre culture, l’étranger arrivé récemment. C’est oser la parole qui annonce une espérance sans l’imposer. C’est accepter la lenteur, l’incompréhension, l’échec même, en confiant le résultat à Dieu. François prêcha en japonais approximatif, baptisa sans toujours bien catéchiser, se trompa parfois. Mais il essaya, persévéra, aima jusqu’à l’épuisement. Son exemple libère de la perfection paralysante et invite à l’audace humble.

Prière à l’apôtre des confins

Seigneur, par l’intercession de saint François-Xavier, accorde-nous la grâce du départ intérieur. Comme lui, nous portons des ambitions légitimes, des sécurités nécessaires, des rêves d’accomplissement. Mais tu nous appelles parfois à tout quitter pour un chemin incertain. Donne-nous la force de répondre « me voici » quand ta voix nous tire hors de nos ornières. Que ce oui ne soit ni résignation ni fuite, mais confiance en ta providence qui ouvre des horizons imprévus.

François abandonna sa chaire parisienne, sa réputation d’intellectuel, le confort d’une carrière assurée. Aide-nous à discerner ce qui, dans nos vies, est attachement stérile et ce qui est fidélité féconde. Apprends-nous à distinguer la stabilité qui nourrit de l’immobilisme qui étouffe. Que nos renoncements, s’ils viennent de toi, portent du fruit pour nous et pour d’autres.

Seigneur, François traversa des mers hostiles, affronta maladies et incompréhensions culturelles. Soutiens-nous dans nos propres traversées: ruptures affectives, changements professionnels, deuils qui nous déportent loin de nos certitudes. Quand la tempête menace et que nous perdons nos repères, sois notre étoile. Que la foi ne soit pas une assurance contre l’épreuve, mais une lumière dans l’épreuve.

François apprit rudimentairement le tamoul, le japonais, le malais. Il bégaya l’Évangile avec des mots d’emprunt, des gestes approximatifs. Enseigne-nous cette humilité de la parole fragile. Nous voudrions toujours maîtriser, convaincre, briller. Toi, tu choisis les balbutiements sincères. Que nos témoignages, maladroits mais vrais, touchent les cœurs mieux que nos discours rodés. Donne-nous la simplicité qui désarme et la charité qui rejoint.

Seigneur, François fut dévoré par l’urgence missionnaire. Il brûla sa santé, négligea son repos, mourut jeune. Aide-nous à vivre une urgence évangélique sans nous détruire. Que notre zèle soit durable, notre engagement réaliste. Tu n’as pas besoin de martyrs épuisés mais de serviteurs fidèles au long cours. Apprends-nous le rythme juste entre action et contemplation, entre don de soi et respect de notre finitude.

François mourut sur un rocher, les yeux tournés vers la Chine inaccessible. Il ne put achever son rêve. Seigneur, accepte nos inachèvements. Tant de projets avortés, de relations brisées, de vocations contrariées. Apprends-nous que tu écris droit sur nos lignes courbes. Que l’échec apparent d’aujourd’hui porte mystérieusement du fruit demain. François ne vit pas l’évangélisation de la Chine, mais son désir ouvrit la route à d’autres. Que nos élans, même inaboutis, préparent des chemins pour ceux qui viendront.

Enfin, Seigneur, François retrouva sa vraie gloire en te servant. Lui qui rêvait d’honneurs académiques découvrit une joie plus profonde: porter ton nom jusqu’aux confins. Convertis nos ambitions. Que notre soif de reconnaissance se transforme en soif de te faire connaître. Que notre besoin d’accomplissement trouve sa paix dans l’obéissance à ta volonté. Que notre course vers le succès devienne marche vers la sainteté. Par saint François-Xavier, apôtre des nations lointaines, fais de nous des témoins proches, simples et ardents. Amen.

A vivre

  • Apprendre trois mots dans une langue étrangère que parle un collègue, un voisin ou un commerçant de ton quartier. François bégaya le tamoul et le japonais pour rejoindre l’autre. L’effort linguistique est un geste de respect et d’ouverture.
  • Envoyer un message ou passer un coup de fil à quelqu’un que tu as perdu de vue depuis longtemps. François écrivait régulièrement aux compagnons de Paris pour maintenir le lien malgré la distance. Raviver une relation, c’est témoigner que l’autre compte.
  • Prendre dix minutes de lectio divina sur la question d’Ignace: « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il perd son âme? » Méditer cette phrase évangélique qui convertit François. Noter dans un carnet ce qu’elle remue en toi aujourd’hui.

Mémoire et lieux de pèlerinage

Le corps de François-Xavier repose à Goa, dans la basilique du Bon Jésus, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette église baroque construite entre 1594 et 1605 abrite un mausolée en marbre florentin offert par Ferdinand II de Toscane. Tous les dix ans, lors de l’exposition solennelle, des centaines de milliers de pèlerins convergent. La dernière exposition eut lieu en 2014, la prochaine est prévue en 2024. Le corps, momifié naturellement selon la tradition, présente encore une apparence de conservation malgré cinq siècles. Plusieurs examens médicaux au vingtième siècle ont confirmé la présence de tissus desséchés, d’ossements et de cartilages, sans pouvoir expliquer définitivement l’absence de putréfaction initiale.

Le bras droit, détaché en 1614, est conservé à Rome dans l’église du Gesù, maison-mère des jésuites. Il est exposé chaque année le 3 décembre, fête liturgique du saint. Cette relique fit le tour de l’Asie au dix-septième siècle pour stimuler l’évangélisation: Macao, Malacca, Cochin, Colombo. Symbole d’une main qui bénissait, baptisait, écrivait des lettres enflammées. Un fragment du crâne se trouve à Macao, autre comptoir portugais où François transita plusieurs fois.

Au Japon, plusieurs sanctuaires honorent sa mémoire. À Kagoshima, ville de son premier débarquement en 1549, une église commémorative fut construite en 1949 pour le quatrième centenaire. Une statue monumentale le représente face à la baie, regard tourné vers la Chine. À Yamaguchi, où il prêcha devant le daimyō Ōuchi Yoshitaka, l’église Saint-François-Xavier fut reconstruite en 1998 après un incendie, dans un style contemporain audacieux mêlant architecture japonaise et symboles chrétiens. Chaque année, le 3 décembre, les catholiques japonais y célèbrent une messe solennelle, mêlant chants grégoriens et mélodies traditionnelles.

Le château de Xavier, en Navarre espagnole, est devenu lieu de pèlerinage. Restauré au vingtième siècle, il abrite un musée retraçant la vie du saint et l’histoire de la Compagnie de Jésus. Chaque année début mars, les Javieradas rassemblent des milliers de marcheurs navarrais qui convergent vers le château depuis différents villages. Tradition populaire enracinée depuis le dix-neuvième siècle, mêlant dévotion catholique et fierté régionale. François y est célébré comme fils du pays autant que saint universel.

En France, l’église Saint-François-Xavier dans le septième arrondissement de Paris porte son nom. Construite au dix-neuvième siècle dans un style néoclassique, elle est paroisse jésuite. Les vitraux narrent sa vie missionnaire. Chaque 3 décembre, une messe missionnaire y réunit les œuvres pontificales et les congrégations envoyées en mission. Le quartier, autrefois aristocratique, accueille aujourd’hui ambassades et ministères, public cosmopolite pour un saint des frontières.

L’iconographie de François-Xavier est abondante: tableaux baroques le montrant baptisant des foules asiatiques, crucifix à la main, auréole lumineuse. Pierre Paul Rubens, Murillo, Andrea Pozzo en proposèrent des versions triomphales. Le vingtième siècle préféra des images plus sobres: le missionnaire épuisé sur le rivage de Sancian, seul avec son désir inassouvi. Cette tension iconographique reflète l’évolution théologique: du triomphalisme missionnaire au dialogue interreligieux.

Enfin, son patronage des missions fut officialisé en 1927 par Pie XI, en même temps que Thérèse de Lisieux. Choix significatif: François le voyageur et Thérèse la cloîtrée, unis dans la même urgence évangélique. Les œuvres pontificales missionnaires, les séminaires de mission étrangère, les congrégations envoyées ad gentes le vénèrent comme protecteur. Son intercession est invoquée pour les catéchistes, les traducteurs bibliques, les prêtres fidei donum, tous ceux qui franchissent des frontières pour annoncer l’Évangile.

Liturgie

  • Première lecture: 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23 — Paul se fait tout à tous pour gagner quelques-uns. Urgence apostolique, adaptation missionnaire, gratuité du service. Écho direct à la méthode de François qui apprit langues et coutumes pour rejoindre les peuples.
  • Psaume responsorial: Psaume 116 — « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile. » Psaume bref, missionnaire, universaliste. Toutes les nations sont appelées à louer le Seigneur. François vécut littéralement cet envoi jusqu’aux confins géographiques de son temps.
  • Évangile: Marc 16, 15-20 — « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute créature. » Finale de Marc, envoi missionnaire, promesse de signes accompagnant la prédication. François incarna cet envoi avec fougue, croyant aux miracles qui confirment la Parole.
  • Chant d’entrée: « Allez par toute la terre » ou « Missionnaires de l’Évangile » — hymnes d’envoi, tonalité dynamique, textes bibliques directs. Éviter les sentimentalismes doucereux, préférer la vigueur de l’appel.
  • Chant de communion: « Je suis le pain vivant » ou « Pain de vie » — thème eucharistique, nourriture pour la route. François célébrait la messe quotidiennement, même sur les bateaux en tempête. L’eucharistie soutenait sa course.
  • Prière universelle: Intentions pour les missionnaires en difficulté, les Églises d’Asie, les vocations missionnaires, le dialogue interreligieux, les chrétiens persécutés. Actualiser l’héritage de François dans les enjeux contemporains: migration, évangélisation numérique, inculturation, œcuménisme.
Équipe Via Bible
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