Introduction à l’Évangile selon saint Marc

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NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR S. MARC

Quel est ce S. Marc, auquel la tradition a toujours unanimement attribué la composition du second Évangile canonique ? La plupart des exégètes et des critiques   admettent qu’il ne diffère pas du personnage mentionné alternativement dans plusieurs écrits de la nouvelle Alliance sous les noms de Jean, Actes des Apôtres 13, 5, 13 ; de Jean‑Marc, Actes des Apôtres 11, 12, 25 ; 15, 37, et de Marc, Actes des Apôtres 15, 39 ; Colossiens 4, 10, etc. (Voir Drach (Comment. sur les Epîtr. de S. Paul, p. 503.), etc., d’autres nient au contraire cette identité. Pour eux, l’évangéliste S. Marc serait complètement inconnu ; ou bien, il devrait se confondre avec le missionnaire apostolique que S. Pierre appelle « mon fils Marc » dans sa première Lettre, 5, 13. D’autres auteurs, allant encore plus loin, distinguent l’évangéliste S. Marc, Jean‑Marc et un autre Marc, parent de S. Barnabé. cf. Colossiens, 10. Mais ces multiplications ne reposent pas sur des fondements bien sérieux. Quoique plusieurs écrivains apostoliques des premiers siècles, en particulier Denys d’Alexandrie et Eusèbe de Césarée, semblent vaguement supposer l’existence de deux Marcs distincts dont l’un aurait été compagnon de S. Pierre, l’autre collaborateur de S. Paul, on ne saurait affirmer que la tradition se soit jamais prononcée à fond sur ce point. Aussi dirons‑nous, en prenant Théophylacte pour guide :ᾞν μὲν γὰρ οὗτος δ Μάρϰος Πέτρου μαθητής· ὃν ϰαί υἱὸν αὐτοῦ δ Πέτρος ὀνομάζει… Ἐϰαλεῖτο δὲ ϰαὶ Ἰωάννης· ἀνεψιὸς δέ Βαρνάϐα. ἀλλὰ ϰαί Παύλου συνέϰδημος· τέως μέντοι Πέτρῳ συνὼν τὰ πλεῖστα, ϰαὶ ἐν Ῥώμη συνῆν. Procem. Comm. in Evang. Marci. Μάρϰος… ἐϰαλεῖτο δὲ ὁ Ἰωάννης, écrivait déjà Victor d’Antioche. cf. Cramer, Cat. 1, p. 263 ; 2, p. 4.

Notre Évangéliste avait reçu à la circoncision le nom hébreu de Jean, יוחבן, Jochanan ; ses parents y ajoutèrent, ou il adopta lui‑même plus tard le surnom romain de Marc, qui, d’abord uni au nom, ne tarda pas à le remplacer complètement. C’est ainsi que S. Pierre et S. Paul, dans les passages cités, ne mentionnent que le surnom romain. S. Marc était l’ἀνεψιός de S. Barnabé, c’est‑à‑dire le fils de la sœur de ce célèbre apôtre ;cf. Colossiens 4, 10. Peut‑être était‑il lévite comme son oncle ; cf. Actes des Apôtres 4, 26 (Voir Bède le Vénérable, Prolog. In Marcum). Sa mère se nommait Marie et résidait a Jérusalem, Actes des Apôtres 12, 12, bien que la famille fût originaire de l’île de Chypre. cf. Actes des Apôtres 4, 36. Convertie au Christianisme, soit avant, soit depuis la mort du Sauveur, elle égalait en zèle pour la religion nouvelle les Marie de l’Évangile, car nous voyons les Apôtres et les premiers chrétiens se réunir dans sa maison pour la célébration des saints mystères, Actes des Apôtres 12, 12 et suiv. C’est là que S. Pierre, délivré de sa prison par miracle, alla directement chercher un refuge. Cette circonstance suppose qu’il existait déjà d’intimes relations entre le prince des Apôtres et la famille de S. Marc ; elle explique en même temps l’influence exercée par S. Pierre et sur la vie et sur l’Évangile de Jean‑Marc (Voir plus bas, §4, no 4.). Quant au nom de « fils » que Céphas lui donne dans sa première Lettre, 5, 13, il indique, selon toute probabilité, une filiation produite par la collation du baptême : ce n’est donc pas seulement un titre de tendresse (plusieurs exégète protestants, entre autres Bengel, Neander, Credner, Stanley, de Wette, Tholuck, prennent le mot fils à la lettre et supposent que Pierre parle de l’un de ses enfants. Mais cette hypothèse n’a pas le moindre fondement).

S. Épiphane ; Contre les Hérésies, 51, 6, l’auteur des Philosophoumena, 7, 20, et plusieurs autres écrivains ecclésiastiques des premiers siècles  font de l’évangéliste S. Marc l’un) des soixante‑douze disciples. On a dit aussi qu’après s’être attaché de bonne heure à Notre‑Seigneur Jésus‑Christ il fut l’un de ceux qui l’abandonnèrent après le célèbre discours prononcé dans la synagogue de Capharnaüm, Jean 6, 6 (Orig., de recta in Deum fide ; Doroth., in Synopsi Procop. diac. ap. Bolland. 25 april.). Mais ces deux conjectures sont réfutées par l’antique assertion de Papias : οὔτε ᾔϰουσε τοῦ ϰυρίου οὐτε παρηϰολούθησεν αὐτῷ (Ap. Euseb. Hist. Eccl. 3, 39). Il est possible cependant, comme divers commentateurs l’ont pensé, qu’il ait été le héros de l’incident plein d’intérêt dont il a seul gardé le souvenir dans son Évangile, 14, 51‑52 (Voir l’explication de ce passage.).

Les Actes des Apôtres nous fournissent sur sa vie ultérieure des renseignements plus authentiques. Nous y lisons d’abord, 12, 25, que Saul et Barnabé, après avoir porté aux pauvres de Jérusalem les riches aumônes que leur envoyait l’Église d’Antioche, cf. 11, 27‑30, emmenèrent Jean‑Marc en Syrie ; de là, il partit avec eux pour l’île de Chypre, quand Paul entreprit son premier grand voyage de missionnaire (an 45 après J.‑C). Mais lorsque, après plusieurs mois de séjour dans l’île, ils arrivèrent à Perga, en Pamphylie (Voir Ancessi, Atlas géograph. pour l’Etude de l’Anc. et du Nouv. Testam. pl. 19), d’où ils devaient s’enfoncer dans les provinces les plus inhospitalières de l’Asie‑Mineure, pour y accomplir un ministère pénible et dangereux, il refusa d’aller plus loin. Il les abandonna donc et rentra à Jérusalem cf. Actes des Apôtres 13 (Le motif de son départ n’est pas indiqué ; mais la conduite subséquente de Paul, Actes des Apôtres, 15, 37‑39, prouve suffisamment que Jean‑Marc n’avait pas agi d’une manière irréprochable et qu’il avait momentanément fait preuve ou de faiblesse, ou d’inconstance et de légèreté. cf. S. Jean Chrysost. ap. Cramer, Caten, in Actes des Apôtres 15, 38.). Néanmoins, au début de la seconde mission de S. Paul, Actes des Apôtres 15, 36, 37, nous le trouvons de nouveau à Antioche, résolu cette fois à affronter toutes les difficultés et tous les périls pour la diffusion de l’Évangile (an 52). Aussi son oncle proposa‑t‑il à Paul de le reprendre en qualité d’auxiliaire. Mais l’Apôtre des Païens n’y voulut pas consentir. « Paul lui représentait que celui qui les avait quittés en Pamphylie et qui n’était pas allé avec eux à l’ouvrage ne devait pas être repris. Il y eut alors dissension entre eux. » S. Paul ne crut pas pouvoir céder aux instances de S. Barnabé ; mais les Apôtres s’arrangèrent à l’amiable. Il fut entendu que Paul irait évangéliser la Syrie et l’Asie‑Mineure avec Silas, tandis que Barnabé, accompagné de Marc, retournerait en Chypre. Ce dissentiment occasionné par Jean‑Marc servit donc les plans de la Providence pour la propagation plus rapide de la bonne nouvelle.

A partir de cet instant, nous perdons de vue le futur évangéliste : mais la tradition enseigne, comme nous le verrons plus loin, qu’il devint le compagnon habituel de S. Pierre ; cf. 1 Pierre 5, 13. Toutefois, il ne fut pas à tout jamais séparé de S. Paul. Nous aimons à le trouver à Rome, vers l’an 63, auprès de ce grand apôtre qui s’y trouvait alors captif pour la première fois. Colossiens 4, 10 ; Philémon 24. Nous aimons à entendre Paul, durant sa seconde captivité, cf. 2 Timothée 4, 11 (vers l’an 66), recommander instamment à Timothée de lui conduire Marc, qu’il désirait voir encore avant de mourir. Heureux S. Marc, qui eut le bonheur d’avoir, pendant une partie notable de sa vie, des relations si choisies avec les deux illustres Apôtres Pierre et Paul.

Nous n’avons que de rares données sur le reste de ses travaux apostoliques et sur sa mort. Les Pères disent cependant en termes formels qu’il évangélisa la Basse‑Égypte, et qu’il fonda l’Église d’Alexandrie, dont il fut le premier évêque (Une tradition qui semble légendaire lui fait gagner les bonnes grâces et l’admiration du célèbre Juif Philon cf. Eusèbe, Hist. Ecc1. 2, 16 ; S. Jérôme, de Vir. illustr. c. 8 ; S. Epiph. Hær. 51, 6. Suivant une conjecture très‑vraisemblable de S. Irénée, adv. Marc. 3, 1, sa mort n’aurait eu lieu qu’après celle de S. Pierre, par conséquent après l’an 67. Plusieurs écrivains anciens assurent qu’elle consista en un douloureux mais glorieux martyre, que lui fit subir le peuple d’Alexandrie. cf. Nicephor. Hist. Eccl. 2, 43 ; Simeon Metaphr. in Martyr. S. Marci (Voir D. Calmet, Dictionn. de la Bible, au mot Marc 1.). L’Église a adopté ce sentiment, qu’elle a consigné dans le Bréviaire et le Martyrologe (au 25 Avril). Pendant de longs siècles, on conserva à Alexandrie le manteau de S. Marc, dont chaque nouvel évêque était solennellement revêtu au jour de son intronisation (les Études religieuses des PP. Jésuites, 15° année, 4° série, t. 5, p. 672 et ss., contiennent un article aussi intéressant que savant de M. Le Hir sur la chaire de S. Marc transportée d’Alexandrie à Venise). Mais, tandis que la renommée de l’Évangéliste s’effaçait en Égypte, Venise la fit refleurir en Occident : cette ville a depuis longtemps choisi S. Marc pour son protecteur spécial, et a construit en son honneur une des plus belles et des plus riches basiliques du monde entier (On y voit, entre autres richesses, le magnifique tableau de Fra Bartholomeo, qui représente notre Évangéliste. Le lion, emblème de S. Marc, est encore gravé sur les armes de la célèbre république. — Sur la vie de S. Marc, voir les Bollandistes au 25 avril.

AUTHENTICITÉ DU SECOND ÉVANGILE

« L’authenticité du livre ne peut pas être mise en doute » dit très‑justement le Dr Fritszche (Evangelium Marci, Lips. 1830, Proleg. §5). Elle est tout aussi certaine que celle de l’Évangile selon S. Matthieu ; les Pères des premiers siècles affirment, en effet, d’un commun accord que S. Marc est vraiment l’auteur d’un Évangile, et il n’y a pas la moindre raison de douter que cet Évangile ne soit celui qui est parvenu jusqu’à nous.

1° Témoignages directs. — Ici encore, c’est Papias qui ouvre la marche. «Le prêtre Jean, dit‑il (Ap. Euseb. Hist. eccl. 3, 39.), rapporte que Marc, devenu l’interprète de Pierre, consigne exactement par écrit tout ce dont il se souvenait ; mais il n’observait pas l’ordre des choses que le Christ avait dites ou faites, car il n’avait pas entendu le Seigneur, et ne l’avait pas suivi personnellement ». Dans ces lignes, nous avons ainsi deux autorités réunies, celle du prêtre Jean et celle de Papias.

S. Irénée : « Matthieu composa son Évangile tandis que Pierre et Paul prêchaient la bonne nouvelle à Rome et y fondaient l’Église. Après leur départ, Marc, le disciple et l’interprète de Pierre, nous livra lui aussi par écrit les choses qui avaient été prêchées par Pierre (Contre les Hérésies, 3, 1, 1 ; ap. Euseb. Hist. Eccl. 5, 8. cf. 3, 10, 6, où le saint Docteur cite les premières et les dernières lignes de l’Évangile selon S. Marc : « Voilà pourquoi Marc, aussi, interprète et disciple de Pierre, composa ainsi le début du récit évangélique : « Début de l’évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu, comme il est écrit dans les prophètes : Voici que j’envoie mon ange devant ta face pour préparer ta voie. » À la fin de l’évangile, Marc dit : «Et, après que le Seigneur Jésus leur eut parlé, il fut reçu dans les cieux, où il siège à la droite de Dieu.» (latin : Quapropter et Marcus, interpres et sectator Petri, initium evangelicæ conscriptionis fecit sic : Initium Evangelii Jesu Christi Fili Dei, quemadmodum scriptum est in Prophetis : Ecce ego mitto angelum meum ante faciem tuam qui præparabit viam tuam… In fine autem Evangelii ait Marcus :Et quidem Dominus Jesus, postquam locutus est eis, receptus est in cœlos, et sedet ad dexteram Dei) ». cf. Marc. 1, et ss. ; 16, 19.) ».

Clément d’Alexandrie : « Voici quelle fut l’occasion de la composition de l’Évangile selon S. Marc. Pierre ayant publiquement enseigné la parole (τὸν λόγον) à Rome, et ayant exprimé la bonne nouvelle dans l’Esprit‑Saint, un grand nombre de ses auditeurs prièrent Marc de consigner par écrit les choses qu’il avait dites, car il l’avait accompagné de loin et se souvenait de sa prédication. Ayant donc composé l’Évangile, il le livra à ceux qui le lui avaient demandé. Quand S. Pierre l’apprit, il n’y apporta ni obstacle ni encouragement (Apud Euseb. Hist. Eccl. 6, 14.). »

Origène (Ibid. 6, 25): « Le second Évangile est celui de S. Marc, qui l’écrivit sous la direction de S. Pierre. » Tertullien : « Marcus quod edidit Evangelium Petri affirmatur, cujus interpres Marcus (Contr. Marcion 4, 5). » Traduction : «L’évangile que Marc a fait paraître est conforme à celui de Pierre.»

Eusèbe de Césarée ne se borne pas à signaler les assertions de ses prédécesseurs ; à plusieurs reprises il parle en son propre nom, et tout à fait dans le même sens. Dans sa Démonstration évangélique, 3, 3, 38 et suiv., il dit que sans doute le Prince des Apôtres n’a pas composé d’Évangile, mais qu’en revanche S. Marc a écrit τὰς τοῦ Πέτρου περὶ τῶν πράξεων τοῦ Ἰησοῦ διαλέξεις. Puis il ajoute : πὰντα τὰ παρὰ Μαρϰὸν τοῦ Πέτρου διαλεξέων εἶναι λέγεται ἀπομνη μονεύματα. « Ils firent toutes sortes d’instances auprès de Marc, l’auteur de l’Évangile qui nous est parvenu et le compagnon de Pierre, pour qu’il leur laissât un livre qui leur fût un mémorial de l’enseignement donné de vive voix par l’apôtre, et ils ne cessèrent leurs demandes qu’après avoir été exaucés. Ils furent ainsi la cause de la rédaction de l’Évangile selon Marc. » (cf. Histoire Ecclésiastique livre 2, ch. 15).

S. Jérôme : « à la demande des frères de Rome, Marc, disciple et interprète de Pierre,  a  écrit  brièvement  un évangile, d’après ce qu’il avait entendu de la prédication de Pierre » [« Marcus discipulus et interpres Petri, juxta quod Petrum referentem audierat, rogatus Romæ a fratribus, breve scripsit Evangelium ». De viris illustr. c. 8.] « Marc, dont l’évangile avait été composé en écrivant à partir des récits de Pierre » [« Marcus,.. cujus Evangelium, Petro narrante et illo scribente, compositum est »] lettre 120, 10, ad Hedib.

Nous pourrions citer encore des affirmations identiques de S. Épiphane, de S. Jean Chrysostome, de S. Augustin ; mais les témoignages qui précèdent montrent suffisamment qu’il n’y eut qu’une seule voix dans l’Église primitive pour attribuer à S. Marc la composition du second de nos Évangiles.

2° Les témoignages indirects sont moins nombreux que pour les trois autres biographies de Jésus, et il n’y a en cela rien de surprenant. L’œuvre de S. Marc est en effet la plus courte de toutes. De plus, elle s’occupe d’une manière presque exclusive de l’histoire et des faits : elle n’a presque rien de didactique. Enfin, les détails qu’elle renferme sont pour la plupart contenus dans l’Évangile selon S. Matthieu. Pour tous ces motifs, les anciens écrivains l’ont citée plus rarement que les autres. Néanmoins elle n’a pas été oubliée. S. Justin (Dialogue avec Tryphon c. 56) rapporte que le Sauveur donna à deux de ses Apôtres le nom de « Fils du tonnerre » (Βοανεργές, ὅ ἔστιν υἱοὶ βροντῆς). Or, S. Marc seul a raconté ce fait, 3, 17. Le même auteur (ibid., c. 103) dit encore que les Évangiles furent composés par des Apôtres ou par des disciples des Apôtres : ce dernier trait s’applique nécessairement à S. Marc et à S. Luc. Comparez encore Apolog. 1, c. 52, et Marc. 9, 44, 46, 48 ; Apol. 1, c. 16, et Marc. 12, 30. Les Valentiniens prouvent aussi, par des citations indirectes, qu’il existait de leur temps un Évangile tout a fait semblable à celui que nous possédons actuellement sous le nom de S. Marc. cf. Irénée, Contre les Hérésies, 1, 3 ; Épiphane Hær. 33 ; Theodoti ecloge, c. 9. On trouve des réminiscences analogues dans les écrits de Porphyre. Enfin, nous savons que les Docètes préféraient cet Évangile aux trois autres («Ce sont eux qui séparaient Jésus du Christ, qui disaient que le Christ est demeuré celui qui ne peut pas naître, et que  c’est Jésus qui est vraiment né. Ils préfèrent l’évangile selon saint Marc. Mais, s’ils le lisent avec l’amour de la vérité, ils peuvent être corrigés.» « Qui Jesum separant a Christo et impassibilem perseverasse Christum, passum vero Jesum dicunt, id quod secundum Marcum est præferentes Evangelium, cum amore veritatis legentes illud, corrigi possunt. » S. Irénée, Contre les Hérésies, 3, 11, 17 ; cf. Philosophum 8, 8. Au contraire, les Ébionites donnaient leurs préférences au premier Évangile et les disciples de Marcion au troisième). 

Du reste, à défaut de tous ces témoignages directs et indirects, sa seule présence dans les versions syriaque et italique, composées au second siècle, serait une garantie suffisante de son authenticité. Aussi, pour nier qu’il fût l’œuvre de S. Marc, a‑t‑il fallu l’audace du rationalisme (M. Renan, dans son ouvrage les Évangiles et la seconde génération chrétienne, admet l’authenticité de notre Évangile. cf. p. 114.). Un mot de Papias avait amené nos hypercritiques modernes à soutenir que le premier Évangile était de beaucoup postérieur à l’ère apostolique (cf. notre Commentaire sur l’Évangile selon S. Matthieu, Préface, § 2.) ; un mot du même Père leur a fait dire aussi que le second Évangile, sous sa forme actuelle, ne saurait avoir été écrit par S. Marc. Dans le texte que nous avons cité plus haut, Papias, décrivant la composition de S. Marc, signalait ce trait particulier : ἔγραψεν οὐ μέντοι τάξει. Or, objectent Schleiermacher, Credner et les partisans de l’école de Tubinguen, il règne un ordre remarquable dans le second Évangile tel que nous le lisons aujourd’hui ; tout y est généralement bien agencé. Par conséquent, le livre primitivement écrit par S. Marc s’est perdu, et la biographie de Jésus qui nous a été transmise sous son nom lui a été faussement attribuée, car elle est d’une date beaucoup plus récente. — Pour peu qu’on lise avec attention le texte de Papias, on voit qu’il n’attribue pas un défaut d’ordre absolu à l’écrit de S. Marc. Voici la vraie pensée du saint évêque : Marc a écrit avec une grande exactitude ce que Jésus‑Christ a fait et enseigné ; mais il ne lui était pas possible de mettre dans son récit un ordre historique rigoureux attendu qu’il n’avait pas été témoin oculaire. Il se borna à retracer de mémoire ce qu’il avait appris de la bouche de S. Pierre. Mais, quand le prince des Apôtres avait à parler des actions ou de l’enseignement de Jésus, il ne s’astreignait pas à un ordre fixe, il s’accommodait chaque fois aux besoins de ses auditeurs. Ainsi comprises, et tel est leur véritable sens, les paroles de Papias ne prouvent absolument rien contre l’authenticité du second Évangile. Il est bien certain, en effet, que la narration de S. Marc ne tient pas toujours compte de l’ordre chronologique. S. Jérôme l’affirmait déjà, « juxta fidem magis gestorum narravit quam ordinem » « Plutôt selon la vérité historique des faits que selon  leur ordre chronologique.» (Comm. in Matth. Proœm.), et la critique négative est elle‑même forcée d’admettre que le second Évangile intervertit plus d’une fois la suite réelle des événements. Les mots οὐ μέντοι τάξει du prêtre Jean et de Papias signifient donc « pas dans l’ordre réel », et ils sont suffisamment justifiés même par l’état présent de l’écrit de saint Marc (D’autres les traduisent par « série incomplète », par allusion aux lacunes que l’on trouve dans le second Évangile plus encore que dans les trois autres ; mais cette interprétation est moins naturelle, quoiqu’elle résolve très bien aussi la difficulté.)

Eichhorn et de Wette ont fait une autre objection. Après un calcul attentif, ils ont découvert que les détails particuliers à S. Marc ne remplissent pas au‑delà de vingt‑sept versets : tout le reste de l’Évangile qui porte son nom se retrouverait presque mot pour mot dans la rédaction de S. Matthieu ou dans celle de S. Luc. Évidemment, concluent‑ils, ce n’est pas une œuvre originale, mais une fusion tardive des deux autres synoptiques. Pour toute réponse, nous renvoyons ces deux critiques aux assertions si claires, si nombreuses, de la tradition, qui attribuent à S. Marc, disciple et compagnon de S. Pierre, la composition d’un Évangile distinct de celui de S. Matthieu et de celui de S. Luc (Voir aussi ce qui sera dit plus bas, §7, touchant le caractère du second Évangile.).

INTÉGRITÉ

Si l’on a parfois émis quelques doutes relativement a l’authenticité des deux premiers chapitres de S. Matthieu (Voir notre Commentaire du premier Évangile, Préface, p. 9), on a suscité une véritable tempête de protestations à propos des douze derniers versets de S. Marc, 16, 9‑20.

Voici les motifs sur lesquels on s’est appuyé pour les rejeter comme une interpolation.

Il y a d’abord les preuves extrinsèques, qui peuvent se ramener à deux principales, tirées, l’une des manuscrits, l’autre des anciens écrivains ecclésiastiques. — 1° Plusieurs manuscrits grecs parmi lesquels le Codex Vaticanus et le Codex Sinaiticus, c’est‑à‑dire les deux plus anciens et les deux plus importants, omettent entièrement ce passage. De même le Codex Veronensis latin. Parmi ceux qui le contiennent, il en est qui l’entourent d’astérisques, comme douteux (Par exemple, les Codd. 137 et 138.) ; d’autres ont soin de noter qu’on ne le rencontre pas partout (V. g. les Codd. 6 et 10, où on lit la remarque suivante : ἐν τισι μὲν τῶν ἀντιγράφων ἕως ᾤδε (c’est‑à‑dire jusqu’à la fin du verset 8) πληροῦται ὁ εὐαγγελιστής). En outre, le texte est en assez mauvais état dans ce passage : les variantes y fourmillent ce qui est loin d’être, nous dit‑on, favorable à son authenticité. — 2° S. Grégoire de Nysse (Orat. de Resurr.), Eusèbe (Ad Marin. Quæst. 1.), S. Jérôme (Ad Hedib. 4, 172), et d’autres écrivains anciens en assez grand nombre, assurent que, de leur temps déjà, le passage en question manquait dans la plupart des manuscrits, de sorte qu’il était regardé par plusieurs comme une addition relativement récente. Les premières Chaînes grecques ne commentent pas au‑delà du verset 8, et c’est aussi à ce verset que s’arrêtent les célèbres canons d’Eusèbe.

Aux preuves extrinsèques, on ajoute un argument intrinsèque, appuyé sur le changement extraordinaire de style qui se fait remarquer à partir du verset 9. 1° Dans ces quelques lignes qui terminent le second Évangile, on ne rencontre pas moins de vingt‑et‑une expressions que S. Marc n’avait jamais employées auparavant (Par exemple verset 10, πορευθεῖσα, τοῖς μετʹ αὐτοῦ γενομένοις ; verset 11, ἐθεάθη, ἠπίστησαν ; verset 12, μετὰ ταῦτα ; verset 17, παραϰολουθήσει ; verset 20, ἐπαϰολουθούντων, etc.). 2° Les détails pittoresques, les formules de transition rapide qui caractérisent, comme nous le dirons plus loin, la narration de notre évangéliste, disparaissent brusquement après le verset. 8. Cette manière nouvelle supposerait donc, exigerait même un auteur distinct du premier.

Telle est la conclusion que la plupart des exégètes protestants déduisent de ce double argument : l’œuvre originale de S. Marc s’arrêterait, suivant eux, au verset 8 (d’autres font exception et se déclarent favorables à l’authenticité des versets 9‑10.). Ils admettent pourtant d’une manière assez générale que les derniers versets remontent jusqu’à la fin du premier siècle. Nous prétendons au contraire, avec tous les commentateurs catholiques, que le passage incriminé est de S. Marc aussi bien que le reste de l’Évangile, et il nous paraît assez facile de le démontrer. 1° Si deux ou trois manuscrits l’omettent (Il est à remarquer que le Codex B laisse, entre le verset 8 et le début de l’Évangile selon S. Luc, un vide suffisant pour recevoir au besoin les versets omis. Preuve que le « secrétaire» avait des doutes sur la légitimité de son omission.), tous les autres le contiennent, en particulier les célèbres Codd. A. C. D., au témoignage desquels les critiques attachent tant d’importance (Voir la nomenclature des principaux manuscrits de la Bible dans M. Drach, Épîtres de S. Paul, p. 87 et ss.). 2° On le trouve dans la plupart des anciennes versions, spécialement dans l’Itala, la Vulgate, la Peschito, les traductions de Memphis, de Thèbes, d’Ulphilas, etc. La version syriaque dont le Dr Cureton a découvert d’importants fragments, en contient les quatre derniers versets (cf. Cureton, Remains of a very ancient recension of the four gospels in syriac, hitherto unknown in Europe, Lond. 1858 ; Le Hir, Étude sur une ancienne version syriaque des Évangiles, Paris 1859.). 3° Plusieurs écrivains de l’âge apostolique y font des allusions manifestes (Par exemple, la lettre de S. Barnabé, § 45 ; le Pasteur d’Hermas, 9, 25.). S. Irénée le cite (Voir le § 2, p. 4, note 5. Comp. S. Justin Mart. Apol. 1, 45.) ; S. Hippolyte, Tertullien, S. Jean Chrysostome, S. Augustin, S. Ambroise, S. Athanase, et d’autres Pères le connaissent et le mentionnent aussi. Théophylacte en a fait le sujet d’un commentaire spécial. Comment est‑il possible, demanderons‑nous aux adversaires de son authenticité, qu’un passage apocryphe ait réussi à se faire ainsi recevoir presque partout ? 4°. Comprendrait‑on, demanderons‑nous encore, que S. Marc ait terminé son Évangile par les mots ἐφοϐοῦντο γάρ (16, 8), de la façon la plus abrupte ? « Sans ces versets » (versets. 9‑20), dit fort bien Bengel (Gnomon, hoc loco. « On ne peut guère admettre que le texte primitif finît d’une manière aussi abrupte ». Renan, les Évangiles, 1878, p. 121), « « L’histoire du Christ, surtout de la résurrection, finit brusquement, sans qu’elle n’ait eue de conclusion.» ». 5° Le fond de ce passage, quoi qu’on dise, « n’a rien qui ne soit dans la manière rapide et brève de l’évangéliste (S. Marc) ; il résume encore S. Matthieu, et il y ajoute quelques détails, 16, 13, que S. Luc reprendra pour les étendre » (Wallon, De la croyance due à l’Évangile, p. 223). 6° Quant aux expressions « extraordinaires » employées ici par le narrateur, elles sont pour la plupart très‑communes, ou bien elles proviennent de la nature particulière du sujet. On en a donc exagéré singulièrement la portée (cf. Langon, Grundriss der Einleitung in das N. T. 1868, p. 40. Ajoutons que les versets 9‑20 du chap. 16 contiennent plusieurs locutions que l’on regarde comme caractéristiques du style de S. Marc, v. g. verset 12, ἐφανερώθη ; verset 15, ϰτίσει ; etc. Voyez le commentaire.). Plusieurs auteurs ont conjecturé que la mort de S. Pierre ou la persécution de Néron avaient bien pu interrompre subitement S. Marc, avant qu’il eût mis la dernière main à son Évangile, de sorte que la finale aurait été écrite un peu plus tard, ce qui expliquerait le changement de style ; mais cette hypothèse paraît assez étrange (Nous en dirons autant de celle de M. Schegg, Evangel. nach Markus, t. 2, p. 230, d’après laquelle les versets 9‑20 seraient un fragment d’antique catéchèse inséré par S. Marc lui‑même a la fin de sa narration). En tout cas, elle est dénuée de tout fondement extérieur. 7° Enfin deux raisons principales peuvent rendre compte de la disparition de nos douze versets dans un certain nombre de manuscrits. 1. Quelque copiste les oublia peut‑être par mégarde dans un premier manuscrit, ce qui occasionna leur omission successive dans les copies auxquelles ce manuscrit servit plus tard de modèle : quand ils eurent ainsi disparu d’un certain nombre de Codices, on comprend qu’un mouvement d’hésitation se soit produit à leur égard ; 2. la difficulté de mettre le verset 9 en harmonie avec les lignes parallèles de S. Matthieu, 28, 1, dut contribuer à jeter des doutes sur l’authenticité de tout le passage qu’il inaugure. Ces preuves nous semblent largement suffire pour que nous soyons en droit d’admettre la parfaite intégrité de l’Évangile selon S. Marc.

ORIGINE ET COMPOSITION DU SECOND ÉVANGILE

Sous ce titre, nous traiterons brièvement des quatre points suivants : l’occasion, le but, les destinataires et les sources de l’Évangile selon S. Marc.

1. Dans des textes cités plus haut (§ 2, pp. 4 et 5), Clément d’Alexandrie et S. Jérôme ont clairement indiqué, d’après la tradition, l’occasion qui inspira au second évangéliste la pensée d’écrire à son tour la biographie de Jésus. Les chrétiens de Rome l’ayant pressé de composer pour eux un abrégé de la prédication du Prince des Apôtres, il céda à leur désir et publia son Évangile.

2. Son but comme écrivain fut donc tout à la fois catéchétique et historique. Il voulut venir en aide à la mémoire de ces pieux solliciteurs et continuer ainsi auprès d’eux l’enseignement chrétien, et c’est par un rapide résumé des faits qui composent l’histoire du Sauveur qu’il entreprit de leur rendre ce double service. En réalité, « le caractère du second Évangile s’accorde parfaitement avec cette donnée, car on n’y aperçoit pas d’autre intention que celle du récit même ; il ne présente aucune partie didactique d’une longueur disproportionnée avec le reste de la narration » (Wetzer et Welte, Dictionn. encyclop. de la théologie catholiq., s. v. Évangiles.). A ce but catéchétique et surtout historique, S. Marc n’associa‑t‑il pas une légère tendance dogmatique ? Divers auteurs l’ont pensé, et rien n’empêche de voir avec eux dans les premières paroles du second Évangile, « Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu », une indication de cette tendance. S. Marc, d’après cela, se serait proposé de démontrer à ses lecteurs la filiation divine de Notre‑Seigneur Jésus‑Christ. Mais ce dessein n’est accentué nulle part ailleurs : l’Évangéliste laisse parler les faits, il ne soutient pas une thèse directe à la façon de S. Mathieu ou de S. Jean (Voir nos Commentaires sur les Évangiles de S. Matthieu et de S. Jean, Préface.). Il y a loin d’une tendance aussi simple au but étrange que plusieurs rationalistes ont prêté à S. Marc. Suivant eux, tandis que les Évangiles selon S. Matthieu et selon S. Luc seraient des écrits de parti, destinés, dans la pensée de leurs auteurs, à soutenir, le premier la faction judaïsante (le Pétrinisme), l’autre la faction libérale (le Paulinisme), entre lesquelles, nous assure‑t‑on, se partageaient les membres du Christianisme naissant, S. Marc aurait pris dans sa narration une position intermédiaire, se plaçant a dessein sur un terrain neutre, afin d’opérer une heureuse réconciliation. D’un autre côté, Hilgenfeld range S. Marc parmi les Pauliniens. On le voit, nous n’avons pas a réfuter ces hypothèses fantaisistes, puisqu’elles se renversent mutuellement.

3. S. Matthieu avait écrit pour des chrétiens sortis des rangs du Judaïsme, S. Marc s’adresse à des convertis du Paganisme. Indépendamment des témoignages de la tradition (Voir plus haut, n° 1.), d’après lesquels les premiers destinataires du second Évangile furent les fidèles de Rome, qui avaient appartenu au paganisme en grande majorité (Voir Drach, Épîtres de S. Paul, p. 375.), la seule inspection du récit de S. Marc nous permettrait de le conclure avec une très grande probabilité. 1° L’évangéliste prend soin de traduire les mots hébreux ou araméens insérés dans sa narration, par exemple Boanerges, 3, 17, Talitha cumi, 5, 41 ; Qorban, 7, 11 ; Bartimaeus, 10, 46 ; Abba, 14, 36 ; Eloï, Eloï, lamma sabachtani, 15, 34 : il ne s’adressait donc pas à des juifs. 2° Il donne des explications sur plusieurs coutumes juives, ou sur d’autres points que des personnes étrangères au Judaïsme pouvaient difficilement connaître. C’est ainsi qu’il nous dit que « les Juifs ne mangent pas à moins de s’être lavé fréquemment les mains » , 7, 3, cf. 4 ; que « la Pâque était immolée le premier jour des pains azymes », 14, 12 ; que la « Parasceve » était « le jour qui précède le sabbat », 15, 42 ; que le mont des Oliviers est situé ϰατέναντι τοῦ ἱεροῦ, 13, 3, etc. 3° ll ne mentionne pas même le nom de la Loi juive ; nulle part il ne fait, comme S. Matthieu, d’argumentation basée sur des textes de l’Ancien Testament. Deux fois seulement, 1, 2, 3 et 15, 26 (supposé que ce second passage soit authentique. Voir le commentaire), il cite les écrits de l’ancienne Alliance en son propre nom. Ce sont là encore des traits significatifs relativement à la destination du second Évangile. 4° Le style de S. Marc a beaucoup d’affinité avec le latin. « Il semblerait dit M. Schegg (Evangel. Nach Markus, p. 12), que c’est une bouche romaine qui a enseigné le grec à notre évangéliste ». Des mots latins grécisés reviennent fréquemment sous sa plume, v. g. σπεϰουλάτωρ , 6, 27 ; ξέστης (sextarius), 7, 4, 8 ; πραιτώριον , 15, 16 ; φραγελλόω (flagello), 15, 15 ; ϰῆνσος, 12, l4 ; λεγεών, 5, 9,15 ; ϰεντύριων, 15, 39, 44, 45 ; ϰοδράντης (quadrans), 12, ,42 ; etc. (Les autres écrivains du Nouveau Testament emploient parfois quelques‑unes de ces expressions ; mais ils n’en font pas un usage constant, comme S. Marc.). Après avoir mentionné une monnaie grecque, λεπτὰ δύο, il ajoute qu’elle équivalait au « quadrans » des Romains ; 12, 42. Plus loin 15, 21, il mentionne une circonstance peu importante en elle‑même « Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus » mais qui s’explique immédiatement, si l’on se souvient que Rufus habitait Rome. cf. Romains 16, 26. Ces derniers détails ne prouvent‑ils pas que S. Marc a écrit parmi des Romains et pour des Romains ?

4. Dans notre Introduction générale aux Saints Évangiles, nous avons étudié la délicate question de la source commune à laquelle vinrent puiser tour a tour les trois premiers évangélistes : il ne peut donc s’agir ici que d’une source spéciale à S. Marc. Or, nous avons entendu les Pères affirmer d’une voix unanime (Voir les textes cités en faveur de l’authenticité du second Évangile, § 2) que la catéchèse du Prince des Apôtres servit de base à S. Marc pour la composition de son récit. « Ne rien omettre de ce qu’il avait entendu, ne rien admettre qu’il ne l’eût appris de la bouche de Pierre » : ainsi s’exprimait Papias (Loc. Cit. : ἑνὸς γὰρ ἐπὸιήσατο πρόνοιαν, τοῦ μηδὲν ὦν ἤϰουσε παράλιπεῖν, ἢ ψεὐσασθαί τι ἐν αὐτοῖς). De là le titre d’ἑρμηνευτὴς Πέτρου, « interpres Petri », que notre évangéliste a porté depuis l’époque du prêtre Jean : de là le nom de « Mémoires de Pierre » appliqué par S. Justin à sa composition (Dialog. c. 106 : ἑνὸς γὰρ ἐπὸιἡσατο πρόνοιαν, τοῦ μηδὲν ὦν ἤϰουσε παράλιπεῖν, ἤφεὐσασθαί τι ἐν αὐτοῖς). Non pas, assurément, qu’il faille entendre ces expressions d’une façon trop littérale, et faire de S. Marc un simple « amanuensis » auquel S. Pierre aurait dicté le second Évangile, de même que Jérémie avait autrefois dicté ses Prophéties à Baruch (D’après Reithmayr, le mot « interprète » signifierait que S. Marc traduisait en latin les instructions grecques de S. Pierre. Selon d’autres. c’est le texte araméen de S. Pierre que Marc aurait traduit en grec. Explications très invraisemblables, assurément.) L’influence de S. Pierre, selon toute vraisemblance, ne fut pas directe, mais seulement indirecte, et elle n’empêcha pas le disciple de demeurer un historien très indépendant. Elle fut considérable pourtant, puisqu’elle a été si fréquemment signalée par les anciens écrivains. Elle a d’ailleurs laissé des traces nombreuses et distinctes dans la rédaction de S. Marc. Oui, le second Évangile est visiblement marqué à l’effigie du Chef des Apôtres : tous les commentateurs le répètent à l’envi (Voyez sur ce point de fines observations dans M. Bougaud, le Christianisme et les temps présents, t. 2, pp. 69 et ss. 2° édit.). Marc n’ayant pas été témoin oculaire des événements qu’il raconte, qui a pu donner à son Évangile cette fraîcheur de récit, cette minutie de détails, que nous aurons à mentionner bientôt ? Il n’avait pas contemplé l’œuvre de Jésus de ses propres yeux mais il l’avait vue pour ainsi dire, par les yeux de S. Pierre (« «On dit que tout ce qu’on lit dans Marc est un commentaire des récits et des prédications de Pierre ». Euseb. Dem. Evang. l. 3, c. 5. « S. Marc, dit M. Renan, Vie de Jésus, 1863, p. 39, est plein d’observations minutieuses venant sans nul doute d’un témoin oculaire. Rien ne s’oppose à ce que ce témoin oculaire, qui évidemment avait suivi Jésus, qui l’avait aimé et regardé de très près, qui en avait conservé une vive image, ne soit l’apôtre Pierre lui‑même, comme le veut Papias. »). Pourquoi les renseignements relatifs à Simon‑Pierre sont‑ils plus abondants chez lui que partout ailleurs ? Seul, il nous dit que Pierre se mit à la recherche de Jésus, le lendemain des guérisons miraculeuses accomplies à Capharnaüm, 1, 56 ; cf. Luc. 4, 42. Seul, il rappelle que ce fut Pierre qui attira l’attention des autres Apôtres sur le dessèchement rapide du figuier, 11, 21 ; cf. Matth. 21, 17 et ss. Seul, il montre S. Pierre interrogeant Notre‑Seigneur Jésus‑Christ sur le mont des Oliviers touchant la ruine de Jérusalem, 13, 3 ; cf. Matth., 24, 1 ; Luc. 21, 5. Seul, il fait adresser directement à Pierre par l’Ange la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus, 16, 7 ; cf. Matth. 28, 7. Enfin il décrit avec une précision particulière le triple reniement de S. Pierre ; cf. Surtout 14, 68, 72. N’est‑ce pas de Simon‑Pierre lui‑même qu’il tenait ces divers traits ? Il est vrai, d’un autre côté, que plusieurs détails importants ou honorables de la vie évangélique de S. Pierre sont complètement passés sous silence dans le second Évangile, par exemple sa marche sur les eaux, Matth. 14, 28‑34 ; cf. Marc. 6, 50-51 ; son rôle proéminent dans le miracle du didrachme, Matth. 17, 24‑27 ; cf. Marc. 9, 33 ; sa désignation comme le roc inébranlable sur lequel l’Église serait bâtie, Matth. 16, 17‑19 ; Marc. 8, 29, 30 ; la prière spéciale que Jésus‑Christ fit pour lui afin d’obtenir que sa foi ne défaillît jamais ; Luc. 22, 31-32 (Comparez encore Marc. 7, 17 et Matth. 15, 45 ; Marc 14, 13 et Luc 22, 8.). Mais ces omissions remarquables ne prouvent‑elles pas de nouveau, ainsi que le conjecturaient déjà Eusèbe de Césarée (Dem. Evang. 3, 3, 89) et S. Jean Chrysostome (Hom. in Matth.), la participation de S. Pierre à la composition du second Évangile, ce grand Apôtre ayant voulu par modestie qu’on laissât dans l’oubli des événements qui étaient si précieux pour sa personne ? Nous l’admettons sans peine à la suite du plus grand nombre des exégètes (Nous ne croyons pas qu’on puisse tirer une preuve péremptoire de certaines coïncidences de pensées et d’expressions qui existent entre les Lettres de S. Pierre et divers passages du second Évangile (V. g. 2 Pierre 2, 1, cf. Marc 13, 22 ; 2 Pierre 3, 17, cf. Marc 13, 23 ; 1 Pierre 1, 25, cf. Marc 13, 21 ; 1 Pierre 2, 9, cf. Marc 13, 20 ; 1 Pierre 2, 17, cf. Marc 12, 17 ; 1 Pierre 2, 25, cf. Marc 6, 34 ; 2 Pierre 3, 41, cf. Marc 13, 19 ; etc): ces coïncidences n’ont en effet rien de caractéristique.).

Que penser maintenant de l’opinion de S. Augustin, opinion tout‑à‑fait isolée dans l’antiquité, mais souvent acceptée depuis, d’après laquelle l’Évangile selon S. Marc ne serait qu’un abrégé calqué sur celui de S. Matthieu ? « Marcus Matthæum subsecutus tanquam pedissequus et breviator ejus » « Marc a suivi Matthieu pas à pas, et est celui qui l’a abrégé (De consens. Evang. l. 1, c. 2)? » Elle est exacte, si elle affirme simplement qu’il existe une grande ressemblance, soit pour le fond, soit pour la forme, entre les deux premiers récits évangéliques ; elle est fausse, au contraire, si elle prétend que S. Marc s’est borné à publier une réduction de l’œuvre de son devancier. Les faits qu’il rapporte sont bien les mêmes pour la plupart (D’importantes omissions sont néanmoins à signaler, notamment Matth. 3, 7‑40 ; 8, 5‑13, etc. ; 10, 15‑42 ; 11 ; 12, 38‑45 ; 14, 34‑36 ; 17, 24‑27 ; 18, 10‑35 ; 20, 1‑16 ; 21, 14‑16, 28‑32 ; 22, 1‑14 ; 23 ; 27, 3‑40, 62‑67 ; 28, 11‑15, 16‑20 ; etc., etc. Une personne qui se serait contentée d’abréger ne se serait pas ainsi comporté), mais il les expose presque toujours d’une manière très neuve, qui prouve sa complète liberté d’écrivain (Si l’on divise, avec M. Reuss, la matière contenue dans les trois premiers Évangiles en 100 sections ou paragraphes, nous ne trouvons dans S. Marc que 63 de ses sections, tandis que S. Matthieu en a 73, S. Luc 82. 49 sections sont communes aux trois Évangélistes, 9 à S. Matthieu et à S. Marc, 3 à S. Marc et à S. Luc ; S. Marc n’en a que deux qui lui soient tout à fait spéciales. Mais combien de traits qu’on trouve seulement dans son récit. cf. 2, 25 ; 3, 20-21 ; 4, 26‑29 ; 5, 4-5 et ss. ; 8, 22‑26 ; 9, 49 ; 11, 11‑14 ; 14, 51‑52 ; 16, 9‑11, et cent autres passages que nous signalerons dans le commentaire). Du reste, ce sentiment est aujourd’hui à peu près abandonné. 

LA LANGUE PRIMITIVE DU SECOND ÉVANGILE

S. Marc ayant composé son Évangile pour des Romains, il a semblé naturel à plusieurs critiques qu’il l’ait écrit primitivement en latin. Tel a été en particulier l’avis du savant Baronius (Annal., ad ann. 45, § 39 et ss. Voir la réfutation de Tillemont, Mémoires pour servir à l’Hist. eccl, S. Marc, note 4.). La Peschito syriaque et les suscriptions de plusieurs manuscrits grecs affirment sans doute que le second Évangile ἐγράφη ῥωμαΐστι ; mais ces assertions anonymes perdent toute autorité devant les témoignages formels de S. Jérôme et de S. Augustin. « Je parle du Nouveau Testament, dit le premier des deux Pères. (préface aux 4ème évangile à Damase) qui est grec, sans doute possible, à l’exception de Matthieu qui, le premier, en Judée, édita l’évangile du Christ en lettres hébraïques. ». S. Augustin n’est pas moins clair : « Des quatre (évangélistes) seul Matthieu a écrit en hébreu, les autres, en grec. » (De Consens. Evangel. l. l, c. 4.)

Pourquoi S. Marc, s’adressant à des Romains, n’aurait‑il pas écrit en grec ? N’est‑ce pas dans cette langue que l’historien Josèphe composa ses ouvrages, précisément pour être compris des Romains ? S. Paul (Voir Drach, Épîtres de S. Paul, p. 7.) et S. Ignace n’écrivirent‑ils pas aussi en grec leurs lettres a l’Église de Rome ? « Pendant une partie notable des premiers siècles, dit M. Milman (Latin Christianity, 1, p. 34.), l’Église de Rome et presque toutes les Églises de l’Occident étaient en quelque sorte des colonies religieuses helléniques. Leur langage était grec, leurs écrivains étaient grecs, leurs livres sacrés étaient grecs, et de nombreuses traditions, comme de nombreux restes, prouvent que leur rituel et leur liturgie étaient grecs… Tous les écrits chrétiens connus de nous qui partirent à Rome ou en Occident sont grecs, ou l’étaient primitivement : et les Lettres de S. Clément, et le Pasteur d’Hermas, et les homélies Clémentines, et les œuvres de S. Justin martyr, jusqu’à Caïus, jusqu’à Hippolyte, auteur de la réfutation de toutes les hérésies. » Rien ne s’opposait donc à ce que S. Marc écrivît en grec, bien qu’il destinât son récit à des Latins (Voir Richard Simon, Histoire critiq. du Nouv. Test. ch. 11 ; cf. Juven. Sat. 6, 2.).

L’hypothèse de Wahl, d’après laquelle le second Évangile aurait été composé en langue copte mérite à peine une mention (cf. Magazin für alte, besond. oriental. und bibl. Literatur, 1790, 3, 2, p. 8. Wahl allègue comme raison la fondation de plusieurs chrétientés égyptiennes par S. Marc.)

TEMPS ET LIEU DE LA COMPOSITION DU SECOND ÉVANGILE

1° La tradition ne nous fournit pas de données certaines relativement à l’époque où S. Marc écrivit son Évangile ; ses renseignements sont même contradictoires. Ainsi, d’après Clément d’Alexandrie (Hypotyp. 6, ap. Euseb. Hist. Eccl. 6, 44), le second Évangile aurait été publié du vivant de S. Pierre ; tandis que, suivant S. Irénée (Contre les Hérésies, 3, 1 : μετὰ τούτῶν (scil. Πέτρου ϰαὶ Παύλου) ἔξοδον. Voir la citation complète au § 2. Le mot ἔξοδον ne peut désigner raisonnablement que la mort des deux apôtres. « Après leur sortie de ce monde », disait déjà Ruffin. Toutes les autres interprétations sont arbitraires, il n’aurait paru qu’après la mort du Prince des Apôtres, par conséquent après l’an 67. Les critiques se partagent entre ces deux sentiments. MM. Reithmayr et Gilly adoptent le premier, et placent la composition de notre Évangile entre les années 42‑49 (Quelques manuscrits, Théophylacte et Euthymius, font écrire S. Marc dix ou douze ans après l’Ascension. MM. Langen, J‑P. Lange, et la plupart des autres exégètes, se rangent à l’opinion de S. Irénée, qui semble en effet plus probable. D’autres auteurs tâchent de concilier les témoignages patristiques, en admettant une double publication de l’œuvre de S. Marc, la première à Rome avant la mort de S. Pierre, la seconde en Égypte, après son martyre. « S. Marc, dit Richard Simon (Histoire critiq. du Nouv. Test. t. 1, p. 107) a donné aux fidèles de Rome un Évangile en qualité d’interprète de S. Pierre, qui prêchait la religion de Jésus‑Christ dans cette grande ville ; et il l’a aussi donné ensuite aux premiers chrétiens d’Égypte, en qualité d’apôtre ou d’évêque. » Mais ce n’est là qu’un subterfuge sans fondement solide. Quoi qu’il en soit, il ressort clairement du ch. 13, 14 et suiv. que l’Évangile selon S. Marc dût paraître avant la ruine de Jérusalem, puisque cet événement y est prophétisé par Notre‑Seigneur, sans que rien vienne indiquer qu’il s’était accompli depuis.

2° Aucun doute ne saurait subsister à l’égard du lieu de la composition. Ce fut Rome, comme l’affirment, à part un seul, tous les Pères qui se sont occupés de cette question. Clément d’Alexandrie (Ap. Euseb. Hist. Eccl. 6, 14.) rattache cette croyance à une antique tradition, παράδοσιν τῶν ἀνέϰαθεν πρεσϐυτέρων. S. Irénée, S. Jérôme, Eusèbe de Césarée la signalent comme un fait indubitable (Voir les textes cités plus haut, § 2, 1°.). S. Épiphane parle dans le même sens : Εὐθὺς δὲ μετὰ τὸν Ματθαῖον ἀϰόλουθος γενόμενος δ Μάρϰος τῷ ἁγίῳ Πέτρῳ ἐν Ρώμῃ ἐπιτρέπεται τὸ εὐαγγέλιον ἐϰθεσθαι (Hær. 51, 6). S. Jean Chrysostome au contraire assure que le second Évangile aurait été composé en Égypte. Λέγεται, dit‑il dans ses Homélies sur S. Matthieu, ϰαὶ Μαρϰος δὲ ἐν Αἰγύπτῳ τῶν μαθητῶν παραϰαλεσάντων αὐτὸν, αὐτὸ τοῦτο ποιῆσαι. Mais ce sentiment isolé ne saurait contrebalancer les témoignages si formels de tous les autres écrivains anciens (Hom. 1, 3.). Du reste le coloris latin et les expressions romaines que nous avons signalés plus haut (Voir le § 4, n° 3, 4°.) montrent bien que S. Marc dût écrire sur le territoire romain. D’un rapprochement établi entre S. Marc, 15, 21, et Actes des Apôtres 11, 20, Storr a conclu que la ville d’Antioche avait été la patrie de notre Évangile ; mais nous avouons ne rien comprendre à cette conclusion, qui est d’ailleurs universellement rejetée.

CARACTÈRE DU SECOND ÉVANGILE 

On a souvent et très justement proposé d’inscrire en tête de l’Évangile selon S. Marc les paroles suivantes de S. Pierre, qui en résument admirablement le caractère général (Voyez M. Bougaud, l. c. p. 76 et s.) : « Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, après avoir commencé en Galilée, à la suite du baptême que Jean a prêché ; vous savez comment Dieu a oint du Saint‑Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’empire du diable, car Dieu était avec lui. ». Actes des Apôtres 10, 37, 38. Nous y trouvons en effet un portrait frappant de Jésus de Nazareth. Toutefois, ce portrait n’est pas, comme dans le premier Évangile, 1, 1, celui « du Fils de David et d’Abraham », c’est‑à‑dire du Messie ; ni, comme dans le troisième Évangile, celui du « Fils d’Adam qui était Fils de Dieu », Luc, 3, 38 : c’est le portrait du Dieu Rédempteur, incarné pour notre salut, faisant le bien, opérant de nombreux miracles parmi les hommes, développant sa mission beaucoup plus par des œuvres que par des paroles.

Ce portrait semble a première vue notablement réduit. Le second Évangile est en effet le plus court de tous : « évangile résumé », disait déjà S. Jérôme (De viris illustr. c. 8). Il n’a que seize chapitres, tandis que l’Évangile selon S. Jean en contient 21, celui de S. Luc 24, celui de S. Matthieu jusqu’à 28. Il tend sensiblement à la brièveté. Et néanmoins, comme il est bien rempli. Mais ce n’est pas une simple nomenclature d’incidents sèchement énumérés les uns à la suite des autres ; ce sont des faits qui se reproduisent en quelque sorte sous le regard étonné du lecteur, tant la précision est grande dans les détails, tant le pittoresque abonde à chaque page. Aussi avons‑nous là une photographie vivante du Sauveur. Sa personnalité humaine et divine est caractérisée d’une manière frappante. Non seulement nous apprenons qu’il participait à toutes nos infirmités, telles que la faim, 11, 12, le sommeil, 4, 38, le désir du repos, 6, 31 ; qu’il était accessible aux sentiments et aux passions des hommes ordinaires, par exemple, qu’il pouvait s’attrister, 7, 34 ; 8, 12, aimer, 10, 21, s’apitoyer, 6, 14, s’étonner, 6, 61, être saisi d’indignation, 3, 5 ; 8, 12, 33 ; 10, 14 ; mais nous le voyons lui‑même avec sa posture, 10, 32 ; 9, 35, son geste, 8, 33 ; 9, 36 ; 10, 16, ses regards, 3, 5, 34 ; 5, 32 ; 10, 23 ; 11, 11. Nous entendons jusqu’à ses paroles prononcées dans sa langue maternelle, 3, 17 ; 5, 41 ; 7, 34 ; 14, 6 ; bien plus, jusqu’aux soupirs qui s’échappaient de sa poitrine, 7, 31 ; 8, 12. S. Marc nous rend également témoins de l’expression saisissante que Notre‑Seigneur Jésus‑Christ produisait, soit sur la foule, 1, 22, 27 ; 2, 12 ; 6, 2, soit sur ses disciples, 4, 40 ; 6, 51 ; 10, 24, 26, 32. Il nous montre les multitudes se pressant autour de lui, 3, 10 ; 5, 21, 31 ; 6, 33 ; de manière parfois à ne pas lui laisser le temps de prendre ses repas, 3, 20 ; 6, 31. cf. 2,2 ; 3, 32 ; 4, 1. Parmi les Évangélistes, personne mieux que lui n’a pris soin de noter exactement les différentes circonstances de nombre, de temps, de lieux et de personnes. 1° Les circonstances de nombre : 5, 13, « il y en avait environ deux mille, et ils furent noyés dans la mer » ; 6, 7, il se mit à les envoyer deux à deux » ; 6, 40, « et ils s’assirent par troupes de cent et de cinquante » ; 14, 30, « avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois ». 2° Les circonstances de temps : 1, 35, « S’étant levé de très grand matin »; 4, 35, « Il leur dit en ce même jour, lorsque le soir fut venu : Passons sur l’autre bord »; 6, 2, « Le jour du sabbat étant venu, il se mit à enseigner dans la synagogue » ; 11, 11, « comme il était déjà tard, il s’en alla à Béthanie » ; 11, 19, « Quand le soir fut venu, il sortit de la ville » ; cf. 15, 25 ; 16, 2, etc. 3° Les circonstances de lieux : 2, 13, « Jésus, étant de nouveau sorti du côté de la mer » ; 3, 7, « Jésus se retira avec ses disciples vers la mer » ; 4, 1, « Il se mit de nouveau à enseigner auprès de la mer » ; 5, 20, « Il s’en alla, et se mit à proclamer dans la Décapole » ; cf. 7, 31. 12, 41, « Jésus, s’étant assis vis‑à‑vis du tronc » ; 13, 3, « ils étaient assis sur la montagne des Oliviers, en face du temple » ; 16, 5, « Et entrant dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis du côté droit » ; cf. 7, 31 ; 14, 68 ; 15, 39, etc. 4° Les circonstances de personnes : 1, 29, « ils vinrent dans la maison de Simon et d’André, avec Jacques et Jean » ; 1, 36, « Simon le suivit, ainsi que ceux qui étaient avec lui » ; 3, 22, « les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem » ; 13, 3, « Pierre, Jacques, Jean et André lui demandèrent en particulier » ; 15, 21, « Simon de Cyrène, père d’Alexandre et de Rufus » cf. 3, 6 ; 11, 11 ; 11, 21 ; 14, 65, etc. Il faudrait presque transcrire le second Évangile verset par verset, si nous voulions noter tous les détails de ce genre. Si quelqu’un désire connaître un fait évangélique, non seulement dans ses points principaux et dans ses lignes générales, mais aussi dans ses détails les plus minutieux, les plus graphiques, c’est à S. Marc qu’il doit recourir. On conçoit aisément la fraîcheur, l’intérêt, les couleurs dramatiques que doit présenter une œuvre ainsi composée. Nous devons ajouter qu’elle a aussi une rapidité extraordinaire ; car S. Marc ne se donne pas beaucoup de peine pour combiner entre eux les événements qu’il raconte. Il ne les groupe pas, comme S. Matthieu, d’après un ordre logique : il se contente de les rattacher l’un à l’autre, le plus souvent selon l’ordre historique, par les formules ϰαὶ, πάλιν, εύθέως. Cette dernière expression revient sous sa plume jusqu’à 41 fois (Fritzsche, Evangel. Marci, p. 44, en est offusqué :  «Paroles répétées jusqu’à en donner la nausée, et sans aucun soucis du style ». Elle est pourtant en général d’un très bon effet, et équivaut à l’ « Ecce » de S. Matthieu.). Il vole d’un incident à un autre incident, sans prendre le temps de faire des réflexions historiques. Sans cesse la scène change de la façon la plus abrupte sous les yeux du lecteur.

Des faits, et des faits brièvement racontés, tel est donc le fond du second Évangile. S. Marc, qui est par excellence l’évangéliste de l’action, n’a conservé en entier aucun grand discours du Sauveur (voyez dans le commentaire, le début des chap. 4 et 13) ; celles des paroles du divin Maître qu’il a insérées dans sa narration sont habituellement les plus brûlantes, les plus vives, et il a su, en les résumant, leur donner une tournure incisive et énergique.

Son style est simple, vigoureux, précis, et généralement plein de clarté ; il y règne pourtant quelquefois une certaine obscurité, qui provient de la trop grande concision. cf. 1, 13 ; 9, 5, 6 ; 4, 10, 34. On y remarque — 1° le fréquent emploi du présent au lieu du prétérit : 1, 40, « Un lépreux vint à lui » ; 2, 3 (d’après le texte grec), « quelques-uns vinrent, lui amenant un paralytique » ; 11, 1, « Comme ils approchaient de Jérusalem,… il envoya deux de ses disciples » ; 14, 43, « comme il parlait encore, Judas Iscariote, l’un des douze, vint » ; cf. 2, 10, 17 ; 14, 66, etc. ; — 2° le langage direct au lieu du langage indirect : 4, 39, « il menaça le vent, et dit à la mer : Tais-toi, calme-toi. » ; 5, 9, « Il lui demanda : Quel est ton nom ? » 5, 12, « Et les démons le suppliaient, en disant : Envoyez-nous dans ces porcs» ; cf. 5, 8 ; 6, 23, 31 ; 9, 25 ; 12, 6 ; — 3° la répétition emphatique de la même pensée : 1, 45, « cet homme, étant parti, se mit à raconter et à divulguer la chose » ; 3, 26, « Si donc Satan se dresse contre lui-même, il est divisé, et il ne pourra subsister, mais sa puissance prendra fin» ; 4, 8, « elle donna du fruit qui montait et croissait » ; 6, 25, « Aussitôt, elle s’empressa de rentrer chez le roi » ; 14, 68, « Je ne sais pas et je ne comprends pas ce que tu dis », etc. ; — 4° les négations accumulées : « vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou sa mère », 7, 12 ; 9, 8 ; 12, 34 ; 15, 5 ; οὐϰέτι οὐ μὲ, 14, 25 ; « Que jamais personne ne mange de toi aucun fruit », 11, 14. — Outre les expressions latines et araméennes signalées plus haut, notons encore les locutions suivantes, dont S. Marc use volontiers : ἀϰάθαρτον πνεῦμα onze fois, six fois seulement dans S. Matthieu, trois dans S. Luc ; ἤρξατο λέγειν, ϰράζειν, vingt‑cinq fois, les composés de πορεύεσθαι : εἰσπορ huit fois ; ἐϰπορ onze fois ; παραπορ quatre fois ; ἐπερωτάω, vingt‑cinq fois ; ϰηρύσσειν, quatorze fois ; les diminutifs, v. g. θυγατρίον, ϰυνάρια, ϰοράσιον, ὠτάριον ; certains mots peu usités, tels que xœyxinohtç, ϰωμόπολις, ἀλαλάζειν, μεγιστᾶνες, νουνεχῶς, πλοιάριον, τρυμαλία, etc.

Par le fond, et par le style, et par la manière de traiter les sujets, l’Évangile de S. Marc est essentiellement une copie faite sur une image vivante. Le cours et l’issue des événements y sont dépeints avec les contours les mieux marqués. Alors même que l’on n’aurait aucun autre argument pour combattre ce qui a été dit touchant l’origine mythique des Évangiles, ce récit vivant et simple, marqué à l’empreinte de l’indépendance et de l’originalité les plus parfaites, sans connexion avec le symbolisme de l’ancienne Alliance, dépourvu des profonds raisonnements de la nouvelle, suffirait pour réfuter cette théorie subversive. Les détails qui furent primitivement adressés à la vigoureuse intelligence des lecteurs Romains sont encore remplis d’instruction pour nous (Voir M. Bougaud, l. c. pp. 75, 76 et 82.).

PLAN ET DIVISION.

1. Le plan de S. Marc est simple : il consiste à suivre pas à pas la catéchèse historique qui, nous l’avons vu (§ 4, n° 2), devait former le fond de son ouvrage. Or, cette catéchèse n’embrassait généralement que la vie publique de Notre‑Seigneur Jésus‑Christ à partir de son baptême, avec la prédication de Jean‑Baptiste en guise de préambule, et la Résurrection et l’Ascension du Sauveur pour conclusion (cf. Actes des Apôtres 1, 21-22 ; 10, 37, 38 ; 13, 23‑25.), et telles sont précisément les grandes lignes suivies par notre évangéliste. Il omet donc entièrement les détails relatifs à l’Enfance et à la Vie cachée de Jésus, pour faire entendre immédiatement au lecteur la voix et les austères préceptes du Précurseur. Pour lui, comme pour les autres synoptiques, la Vie publique du Christ se borne au ministère exercé par Notre‑Seigneur en Galilée ; mais, au lieu de s’arrêter avec eux aux scènes de la Résurrection, il suit le divin Maître jusqu’à son Ascension, jusqu’aux splendeurs du Ciel, compensant, par cette heureuse addition faite à la Vie glorieuse, ce qu’il avait omis dans la Vie cachée. Jésus, tel que le représente le second Évangile, est le Dieu Fort annoncé par Isaïe, 9, 6, le lion victorieux de la tribu de Juda dont parle l’Apocalypse, 5, 5, il trouve dans la narration de S. Marc une succession perpétuelle de mouvements en avant et de mouvements en arrière, de charges et de retraites, comme il les nomme, qui ne sont pas sans analogie avec la marche du lion. Jésus s’avance avec vigueur contre ses ennemis ; puis tout à coup il se retire pour emporter le butin conquis ou pour préparer une nouvelle charge. Dans le tableau analytique qui termine la Préface, nous ferons ressortir ces mouvements variés et pleins d’intérêt.

2. Nous avons divisé le récit de S. Marc en trois parties, qui correspondent a la Vie publique, à la Vie souffrante et à la Vie glorieuse de Notre‑Seigneur Jésus‑Christ. La première partie, 1, 14‑10, 52, raconte le ministère de Jésus à partir de sa consécration messianique jusqu’à son arrivée à Jérusalem pour la dernière Pâque. Elle est précédée d’un court préambule, 1, 1‑13, où le Précurseur et le Messie font tour à tour leur apparition sur la scène évangélique. Elle se subdivise en trois sections, qui nous montrent Jésus‑Christ agissant d’abord dans la Galilée orientale, 1, 14‑7, 23, puis dans la Galilée du nord, 7, 24‑9, 50, enfin en Pérée et sur la route de Jérusalem, 10, 1‑52. Dans la seconde partie, 11, 1‑15, 57, nous suivons jour par jour les événements de la dernière semaine de la vie du Sauveur. La troisième, 16, 1‑20, présentera à notre admiration les glorieux mystères de sa Résurrection et de son Ascension.

LES PRINCIPAUX COMMENTATEURS DU SECOND ÉVANGILE

Aucun Père latin n’a commenté l’Évangile selon S. Marc avant Bède le Vénérable (le commentaire publié sous le nom de S. Jérôme n’est pas de lui). Dans l’Église grecque, il faut descendre jusqu’au cinquième siècle pour trouver un écrivain qui l’ait expliqué ; car les quatorze homélies « sur Marc », reproduites en langue latine parmi les œuvres de S. Jean Chrysostome, ne sont pas authentiques ; Victor d’Antioche est donc le plus ancien interprète de notre Évangile (Βίϰτωρος ϰαί ἄλλων ἐξηγήσεις εὶς τὸ ϰατὰ Μάρϰον εὐαγγέλιον, edid. C. F. Matthaei, Mosq. 1775, 2 tom.). Plus tard, Théophylacte et Euthymius le commentèrent dans leurs grands ouvrages sur le Nouveau Testament. 

Au Moyen âge, comme dans les temps modernes, ce furent généralement les mêmes exégètes qui entreprirent de commenter S. Marc et S. Matthieu : on trouvera donc leurs noms indiqués à la fin de la Préface de notre commentaire sur le premier Évangile. Qu’il suffise de rappeler les noms de Maldonat, de Fr. Luc de Bruges, de Noël Alexandre, de Corneille de Lapierre, de Dom Calmet, de Mgr Mac Evilly, des docteurs Reischl, Schegg et Bisping parmi les Catholiques, de Fritzsche, de Meyer, de J. P. Lange, d’Alford, d’Abbott parmi les protestants.

DIVISION SYNOPTIQUE DE L’ÉVANGILE SELON S. MARC

PRÉAMBULE. 1, 1‑13.

1. — Le Précurseur. 1, 1‑8.

2. — Le Messie. 1, 9‑13.

a. Le baptême de Jésus. 1, 9‑11.

b. La tentation de Jésus. 1, 12‑13.

PREMIÈRE PARTIE

VIE PUBLIQUE DE NOTRE‑SEIGNEUR JÉSUS‑CHRIST, 1, 14‑10, 52.

1° SECTION – MINISTÈRE DE JÉSUS DANS LA GALILÉE ORIENTALE. 1, 14‑7, 23.

1. — Les débuts de la prédication du Sauveur. 1, 14‑15.

2. — Les premiers disciples de Jésus. 1, 16‑20.

3. — Une journée de la vie du Sauveur. 1, 21‑39.

a. Guérison d’un démoniaque. 1, 21‑28.

b. Guérison de la belle‑mère de S. Pierre et d’autres malades. 1, 29‑34.

c. Retraite de Jésus sur les bords du lac. Voyage apostolique en Galilée. 1, 35‑39.

4. — Guérison d’un lépreux, Retraite en des lieux déserts. 1, 10‑15.

5. — Premiers conflits de Jésus avec les Pharisiens et les Scribes. 2, 1‑3, 6.

a. Le paralytique et le pouvoir de remettre les péchés. 2, 1‑12.

b. Vocation de S. Matthieu. 2, 13‑22.

c. Les apôtres violent le repos du sabbat. 2, 23‑28.

d. Guérison d’une main desséchée. 3, 1‑6.

6. — Jésus se retire de nouveau sur les bords du lac de Tibériade. 3, 7‑12.

7. — Les douze Apôtres. 3, 13‑19.

8. — Les hommes et leurs dispositions diverses relativement à Jésus. 3, 20‑35.

a. Les parents du Christ selon la chair. 3, 20 et 21.

b. Les Scribes accusent Jésus de connivence avec Beelzébub. 3, 22‑30.

c. Les parents du Christ selon l’esprit. 3, 31‑35.

9. — Les paraboles du royaume des cieux. 4, 1‑34.

a. Parabole du semeur. 4, 1‑9.

b. Pourquoi les paraboles ? 4, 10‑12.

c. Explication de la parabole du semeur. 4, 13‑20.

d. Il faut écouter avec attention la parole de Dieu. 4, 21‑25.

e. Parabole du champ de blé. 4, 26‑29.

f. Parabole du grain de sénevé. 4, 30‑32.

g. Autres paraboles de Jésus. 4, 33‑34.

10. — La tempête apaisée. 4, 35‑40.

11. — Le démoniaque de Gadara. 5, 1‑20.

12. — La fille de Jaïre et l’hémorrhoïsse. 5, 21‑43.

13. — Jésus rejeté, méprisé à Nazareth, se retire dans les bourgades voisines. 6, 1‑6.

11. — Mission des Douze. 6, 7‑13.

15. — Le martyre de S. Jean‑Baptiste. 6, 14‑29.

16. — Retraite en un lieu désert, et première multiplication des pains. 6, 30‑44.

17. — Jésus marche sur les eaux. 6, 45‑52.

18. — Miracles de guérison dans la plaine de Gennésareth. 6, 53‑56.

19. — Conflit avec les Pharisiens à propos du pur et de l’impur. 7, 1‑23.

2° SECTION. — MINISTÈRE DE JÉSUS DANS LA GALILÉE OCCIDENTALE ET SEPTENTRIONALE. 7, 24‑10, 49.

1 — Jésus se retire du côté de la Phénicie, et guérit la fille de la Cananéenne. 7, 24‑30.

2. — Guérison d’un sourd‑muet. 7, 31‑37.

3. — Seconde multiplication des pains. 8, 1‑9.

4. — Le signe du ciel et le levain des Pharisiens. 8, 10‑21.

5. — Guérison d’un aveugle à Bethsaïda. 8, 22‑26.

6. — Jésus se retire à Césarée de Philippe. Confession de S. Pierre. 8, 27‑30.

7. — La croix pour le Christ et pour les chrétiens. 8, 31‑39.

8. — La Transfiguration. 9, 1‑12.

a. Le miracle. 9, 1‑7.

b. Entretien mémorable qui se rattache au miracle. 9, 8‑12.

9. — Guérison d’un lunatique. 9, 13‑28.

10. — La Passion prédite pour la seconde fois. 9, 29‑31.

11. — Quelques graves leçons. 9, 32‑49.

a. Leçon d’humilité. 9, 32‑36.

b. Leçon de tolérance. 9, 37‑40.

c. Leçon concernant le scandale. 9, 41‑49.

3° SECTION. JÉSUS EN PÉRÉE ET SUR LE CHEMIN DE JÉRUSALEM. 9, 1‑52.

1. — Le Christianisme et la famille. 10, 1‑16.

a. Le mariage chrétien, 10, 1‑1 2.

b. Les petits enfants. 10, 13‑16.

2. ‑ Le Christianisme et les richesses, 10, 17‑31.

a. La Leçon des faits. 10, 17‑22.

b. La leçon en paroles. 10, 23‑31.

3. — La Passion est prédite pour la troisième fois. 10, 32‑34.

4. — Ambition des fils de Zébédée. 10, 35‑45.

5. — L’aveugle de Jéricho. 10, 46‑52.

DEUXIÈME PARTIE

LES DERNIERS JOURS ET LA PASSION DE JÉSUS. 11‑15.

I. Entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, et retraite à Béthanie. 11, 1‑11.

II. Le Juge messianique. 11, 12—13, 37.

1. — Le figuier maudit. 11, 12‑14.

2. — Expulsion des vendeurs et retraite à Béthanie. 11, 15‑19.

3. — La puissance de la foi. 11, 20‑26.

4. — Le Christ victorieux de ses ennemis. 11, 27‑12,40.

a. D’où viennent les pouvoirs de Jésus ? 11, 27‑33

b. Parabole des vignerons homicides. 12, 1‑12

c. Dieu et César. 12, 13‑17.

d. La résurrection des morts. 12, 18‑27. 

e. Quel est le premier commandement ? 12, 28‑34

f. Le Messie et David. 12, 35‑37.

g. « Méfiez‑vous des Scribes ». 12, 38‑40.

5. — Le denier de la veuve. 12, 41‑44. 

6. — Le discours eschatologique. 13,1‑37.

a. Occasion du discours. 13, 1‑4.

b. Première partie du discours : la Prophétie. 13, 5‑31.

c. Seconde partie : Exhortation à la vertu. 13, 32‑37.

III. « Le Christ souffrant ». 14 et 15.

1. — Complot du Sanhédrin. 14, 1 et 2. 

2. — Le repas et l’onction de Béthanie. 14, 3‑9.

3. — Le honteux marché de Judas. 14, 10‑11.

4. — La dernière cène. 14, 12‑25.

a. Préparatifs du festin pascal. 14, 12‑16.

b. Cène légale. 14, 17‑21.

c. Cène eucharistique. 14, 22‑25.

5. — Trois prédictions. 14, 26‑31.

6. — Gethsémani. 14, 32‑42.

7. — L’arrestation. 14, 43‑52.

8. — Jésus devant le Sanhédrin. 14, 53‑65.

9. — Le triple reniement de S. Pierre. 14, 66‑72.

10. — Jésus jugé et condamné par Pilate, 15, 1‑15.

a. Jésus est livré aux Romains. 15, 1.

b. Jésus interrogé par Pilate. 15. 2‑5.

c. Jésus et Barabbas. 15, 6‑15.

11. — Jésus outragé au prétoire. 15, 16‑19.

12. — Le chemin de croix. 15, 20‑22.

13.— Crucifiement, agonie et mort de Jésus. 15, 23‑37.

11.— Ce qui suivit immédiatement la mort de Jésus. 15, 38‑41.

15. — La sépulture de Jésus. 15, 42‑47.

TROISIÈME PARTIE

 1. — Le Christ ressuscité. 16, 1‑18.

a. Les saintes femmes au tombeau. 16, 1‑8.

b. Jésus apparaît à Marie‑Madeleine. 16, 9‑11. 

c. Il apparaît à deux disciples. 16, 12‑13.

d. Il apparaît aux Apôtres. 16, 14.

 2. — Le Christ montant au ciel. 16, 15‑20.

a. Ordres donnés aux Apôtres. 16, 15‑18.

b. L’Ascension de Notre‑Seigneur Jésus‑Christ. 16, 19‑20.

Bible de Rome
Bible de Rome
La Bible de Rome réunit la traduction révisée 2023 de l’abbé A. Crampon, les introductions et commentaires détaillés de l’abbé Louis-Claude Fillion sur les Évangiles, les commentaires des Psaumes par l’abbé Joseph-Franz von Allioli, ainsi que les notes explicatives de l’abbé Fulcran Vigouroux sur les autres livres bibliques, tous actualisés par Alexis Maillard.

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