Le jeudi 23 octobre 2025 restera gravé dans l’histoire comme un moment charnière du pontificat de Léon XIV. Dans l’Aula Paolo VI, cette salle emblématique du Vatican aux courbes modernistes conçue par Pier Luigi Nervi, le pape américano-péruvien a livré un discours qui a électrisé l’assistance. Face aux représentants des mouvements populaires du monde entier, il a proclamé avec une conviction rare que « la terre, le logement et le travail sont des droits sacrés ». Une déclaration qui prolonge l’héritage de son prédécesseur François tout en traçant sa propre voie dans le combat social de l’Église catholique.
Ce cinquième rassemblement des mouvements populaires n’était pas un événement anodin. Depuis que François avait initié ces rencontres, elles sont devenues le lieu privilégié où l’Église dialogue directement avec ceux qui luttent quotidiennement pour la dignité humaine. Léon XIV, qui a choisi ce pontificat pour marquer sa filiation spirituelle avec le grand pape social Léon XIII, confirme ainsi que son Église sera résolument du côté des plus vulnérables.
Un discours qui fait trembler les murs du Vatican
Une émotion palpable dans l’Aula Paolo VI
L’atmosphère était particulière ce jeudi soir. Les participants, venus de tous les continents, représentaient les visages de la pauvreté moderne : ouvriers précaires, paysans sans terre, familles mal-logées, travailleurs informels. Lorsque Léon XIV est entré dans la salle, les regards se sont tournés vers lui avec un mélange d’espoir et d’attente. Ce pape, qui a grandi entre les États-Unis et le Pérou, connaît de l’intérieur les réalités de l’injustice sociale.
Dès les premières phrases, quelque chose d’inhabituel s’est produit. La voix du pontife, d’ordinaire ferme et posée, portait une fêlure, une émotion brute qui a immédiatement touché l’auditoire. Ce n’était pas un discours protocolaire lu mécaniquement, mais une parole venue du cœur, celle d’un pasteur profondément concerné par la souffrance de ses ouailles.
Les applaudissements qui ont coupé le pape
Rarement un pape est interrompu par des applaudissements aussi spontanés et nourris. Lorsque Léon XIV a prononcé cette phrase historique sur les trois droits sacrés, l’assemblée s’est levée comme un seul homme. Pendant plusieurs minutes, les acclamations ont résonné sous les voûtes de béton de l’Aula Paolo VI. Un moment de communion rare entre un pontife et le peuple qu’il représente.
Ces applaudissements n’étaient pas seulement une marque d’approbation politique ou sociale. Ils traduisaient quelque chose de plus profond : la reconnaissance que l’Église catholique, à travers son chef visible, prenait clairement position du côté des opprimés. Dans un monde où les inégalités se creusent et où le néolibéralisme triomphant semble inattaquable, ces paroles résonnaient comme une libération.
Les trois piliers de la dignité humaine
La terre : retrouver les racines de notre humanité
Quand Léon XIV parle de la terre comme d’un droit sacré, il ne fait pas simplement référence à la propriété foncière. Il touche à quelque chose de beaucoup plus fondamental : le lien entre l’humanité et la création, entre les hommes et la nature qui les nourrit.
Dans de nombreuses régions du monde, la concentration des terres entre quelques mains a privé des millions de paysans de leur moyen de subsistance. Les grandes corporations agricoles, les projets extractivistes, l’accaparement des terres par des investisseurs étrangers : autant de phénomènes qui ont coupé les communautés de leur rapport ancestral à la terre. Le pape dénonce cette rupture comme une violence faite à la fois à l’homme et à la création.
La terre, dans la vision de Léon XIV, n’est pas une simple marchandise. Elle est le lieu où l’humanité peut exercer sa vocation à cultiver et à garder le jardin que Dieu lui a confié. C’est pourquoi son accès ne peut être réservé à une élite, mais doit être garanti à tous ceux qui veulent en vivre dignement. Cette perspective rejoint les luttes des mouvements paysans du monde entier, du Mouvement des Sans-Terre au Brésil aux petits agriculteurs indiens résistant aux multinationales.
Le logement : un toit n’est pas un luxe
Le deuxième pilier évoqué par le pape concerne le logement. Dans nos sociétés modernes, avoir un toit sur sa tête est devenu un privilège inaccessible pour des millions de personnes. Les grandes métropoles voient leurs centres-villes se gentrifier, chassant les classes populaires vers des périphéries de plus en plus lointaines. Les loyers explosent pendant que les salaires stagnent.
Léon XIV l’affirme avec force : un logement décent n’est pas un luxe, c’est un droit fondamental. Sans abri stable, comment construire une vie familiale harmonieuse ? Comment offrir à ses enfants un cadre propice à leur épanouissement ? Comment simplement préserver sa santé mentale et physique ? Le mal-logement est une violence sociale qui détruit les individus et fragmente les communautés.
Le pape invite à repenser radicalement notre rapport au logement. Plutôt que de considérer l’immobilier comme un investissement spéculatif, il faut le voir comme un bien commun devant servir prioritairement à abriter les familles. Cette vision heurte frontalement la logique du marché immobilier, mais elle s’inscrit dans une longue tradition de pensée sociale chrétienne qui rappelle que les biens de la terre sont destinés à tous.
Le travail : la dignité retrouvée
Le troisième droit sacré selon Léon XIV est le travail. Mais attention, il ne s’agit pas de n’importe quel travail. Le pape ne fait pas l’éloge du travail aliénant, précarisé, sous-payé qui constitue le lot de tant de nos contemporains. Il parle d’un travail digne, qui permet de subvenir à ses besoins, de développer ses compétences et de contribuer au bien commun.
Dans un contexte mondial marqué par l’ubérisation, la multiplication des contrats précaires et la destruction des droits sociaux, cette affirmation prend une résonance particulière. Le travail n’est pas seulement un moyen de survie économique, c’est aussi un lieu de réalisation personnelle et de contribution sociale. Quand il devient source d’exploitation et de souffrance, c’est la dignité humaine elle-même qui est bafouée.
Le pape rejoint ici les analyses des syndicats et des mouvements de travailleurs qui dénoncent la précarisation croissante. Il appelle à reconstruire des protections sociales solides, à garantir des salaires décents et à redonner aux travailleurs une voix dans l’organisation de leur activité. Cette perspective sociale rappelle l’encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, dont le pape actuel a repris le nom pour marquer son engagement dans la question sociale.

L’héritage de François et la voie propre de Léon XIV
Sur les traces d’un prédécesseur visionnaire
Impossible de comprendre le discours de Léon XIV sans le replacer dans la continuité du pontificat de François. C’est François qui a inauguré ces rencontres avec les mouvements populaires, créant un espace inédit de dialogue entre le Vatican et les acteurs de terrain engagés dans la lutte pour la justice sociale. C’est aussi François qui, dans l’encyclique Laudato Si’, a tissé les liens entre écologie intégrale et justice sociale.
Le pape argentin avait déjà abordé la question des « trois T » : tierra (terre), techo (toit) et trabajo (travail), lors des précédentes rencontres. Il avait dénoncé avec force ce qu’il appelait « l’économie qui tue », cette logique néolibérale qui sacrifie l’humain sur l’autel du profit. François avait également critiqué vertement la « mondialisation de l’indifférence » face à la souffrance des plus pauvres.
Léon XIV s’inscrit explicitement dans cet héritage. Sa référence directe aux « demandes de François » dans son discours n’est pas anodine. Elle marque une continuité doctrinale et spirituelle entre les deux pontificats. Le nouveau pape ne renie rien des avancées de son prédécesseur, bien au contraire, il les amplifie et les radicalise.
Un élargissement du combat social de l’Église
Mais Léon XIV ne se contente pas de répéter François. Son discours marque aussi une évolution significative. En qualifiant les trois droits de « sacrés », il franchit un seuil symbolique important. Ce terme, dans la théologie catholique, n’est pas employé à la légère. Le sacré renvoie à ce qui touche au divin, à ce qui est inviolable, à ce qui mérite un respect absolu.
En parlant de droits sacrés, le pape ne fait pas qu’une déclaration politique ou sociale. Il opère un geste théologique : il inscrit ces revendications matérielles dans l’ordre de la foi. C’est dire que lutter pour la terre, le logement et le travail n’est pas seulement une option politique légitime, c’est un devoir spirituel. On ne peut prétendre servir Dieu tout en ignorant ces droits fondamentaux.
Cette sacralisation des droits sociaux élargit considérablement le combat de l’Église. Elle signifie que toute la communauté ecclésiale, pas seulement quelques militants engagés, doit se préoccuper de ces questions. Elle implique aussi que les catholiques ne peuvent rester neutres face aux politiques qui bafouent ces droits. Léon XIV trace ainsi une ligne claire : d’un côté, les systèmes qui respectent la dignité humaine ; de l’autre, ceux qui la violent.
Une voix venue des périphéries
La biographie de Léon XIV donne à son discours une autorité particulière. Ce pape américano-péruvien n’est pas un théoricien de cabinet. Il a grandi entre deux mondes : la puissance américaine et la pauvreté latino-américaine. Cette expérience biculturelle lui permet de comprendre de l’intérieur les mécanismes de domination économique qui structurent notre monde.
Son parcours l’a confronté directement aux réalités de l’injustice sociale. Il connaît les bidonvilles de Lima, les quartiers populaires où les familles s’entassent dans des logements insalubres. Il a côtoyé des travailleurs exploités, des paysans chassés de leurs terres. Cette proximité avec les pauvres n’est pas pour lui une posture rhétorique, c’est une expérience vécue qui nourrit sa pensée et son action.
En choisissant le nom de Léon, il se réfère explicitement à Léon XIII, le pape de Rerum Novarum, l’encyclique fondatrice de la doctrine sociale de l’Église. Ce choix signale que son pontificat sera marqué par la question sociale. Mais contrairement à Léon XIII qui écrivait à la fin du XIXe siècle dans un contexte européen de révolution industrielle, Léon XIV parle depuis les périphéries du monde globalisé du XXIe siècle.
Une parole qui dérange et qui libère
Les réactions contrastées dans l’Église
Le discours de Léon XIV ne fait pas l’unanimité au sein de l’Église catholique. Certains milieux conservateurs, notamment en Europe et en Amérique du Nord, voient d’un mauvais œil cette orientation sociale marquée. Ils craignent que l’Église ne se politise excessivement et ne perde son message spirituel en s’engageant trop fortement dans les luttes temporelles.
Ces critiques reprochent au pape de céder aux idéologies progressistes, voire marxistes. Ils soulignent que l’Église doit se concentrer sur le salut des âmes et non sur les revendications matérielles. Pour eux, parler de droits sacrés relève d’une confusion des registres : le sacré doit rester dans la sphère du religieux pur.
Mais ces voix minoritaires sont largement contrebalancées par un soutien enthousiaste, notamment dans l’Église des pays du Sud. En Amérique latine, en Afrique, en Asie, le discours de Léon XIV résonne profondément avec les préoccupations quotidiennes des communautés chrétiennes. Ces Églises locales, confrontées à la pauvreté massive, voient dans les paroles du pape une légitimation de leur engagement social.
L’écho dans les mouvements sociaux
Au-delà des frontières de l’Église catholique, le discours de Léon XIV a suscité un intérêt considérable dans les mouvements sociaux du monde entier. Syndicats, associations de sans-logis, organisations paysannes, collectifs écologistes : tous saluent cette prise de position claire d’une autorité morale mondiale.
Pour ces acteurs, avoir le pape comme allié dans leur combat représente un atout stratégique majeur. L’Église catholique, avec son milliard trois cents millions de fidèles et son influence géopolitique, peut donner une visibilité et une légitimité importantes aux revendications sociales. Quand le pape déclare que la terre, le logement et le travail sont des droits sacrés, ce n’est pas un simple avis parmi d’autres : c’est une parole qui porte un poids moral considérable.
Les mouvements sociaux voient aussi dans ce discours une rupture avec la complicité historique d’une partie de l’Église avec les pouvoirs établis. Pendant longtemps, les hiérarchies ecclésiastiques ont souvent soutenu l’ordre social existant, même lorsqu’il était profondément injuste. Avec Léon XIV, c’est une autre Église qui parle : celle des pauvres, des exclus, des sans-voix.
Un défi lancé aux gouvernements
Le discours de Léon XIV constitue aussi un défi direct aux gouvernements du monde entier. En proclamant ces trois droits comme sacrés, le pape établit un standard moral auquel les politiques publiques devraient se conformer. Il ne s’agit plus de simples recommandations pieuses, mais d’exigences fondamentales.
Cette interpellation est particulièrement forte pour les pays à majorité catholique. Comment les dirigeants de ces nations pourront-ils ignorer l’appel du pape ? Comment justifier des politiques néolibérales de dérégulation quand le chef de leur Église affirme que l’accès à la terre, au logement et au travail digne est sacré ?
Le pape ne propose pas un programme politique détaillé. Il ne dit pas exactement quelles mesures concrètes mettre en œuvre. Mais il trace un horizon clair : les choix économiques et sociaux doivent être jugés à l’aune de leur capacité à garantir ces droits fondamentaux. Tout système qui les bafoue doit être remis en question.
Une vision pour l’Église du XXIe siècle
Placer les pauvres au centre
Le discours de Léon XIV confirme une orientation fondamentale de son pontificat : placer les pauvres au cœur de la vie de l’Église. Ce n’est pas une simple option préférentielle pour les pauvres, concept déjà ancien dans la théologie de la libération. C’est une refondation ecclésiologique : l’Église doit être avant tout l’Église des pauvres.
Cette perspective transforme profondément la mission de l’Église. Elle ne peut plus se contenter d’œuvres charitables qui soulagent la misère sans en questionner les causes. Elle doit s’engager dans un combat structurel pour transformer les systèmes injustes. La charité reste nécessaire, mais elle doit s’accompagner d’une lutte pour la justice.
Cette vision implique aussi une transformation interne de l’Église. Comment prêcher la simplicité évangélique tout en vivant dans le luxe ? Comment dénoncer les inégalités tout en maintenant des structures hiérarchiques rigides ? Léon XIV appelle implicitement l’Église à une cohérence entre son message et sa pratique institutionnelle.
Dépasser les clivages traditionnels
Le pape refuse les oppositions binaires qui paralysent souvent le débat public. Il ne s’agit pas de choisir entre spiritualité et engagement social, entre salut des âmes et transformation du monde, entre dimension verticale et horizontale de la foi. Pour Léon XIV, ces dimensions sont inséparables.
Servir Dieu et servir les pauvres ne sont pas deux actions distinctes, mais une seule et même réalité. On ne peut prétendre aimer un Dieu invisible si l’on méprise les hommes visibles qui souffrent. De même, on ne peut lutter pour la justice sociale sans référence à une transcendance qui fonde la dignité inaliénable de chaque personne.
Cette vision intégrale permet de dépasser les clivages entre catholiques progressistes et conservateurs. Elle invite tous les chrétiens, quelle que soit leur sensibilité, à se retrouver autour de l’essentiel : la défense de la dignité humaine dans toutes ses dimensions.
Un catholicisme incarné
Le message de Léon XIV promeut un catholicisme incarné, ancré dans les réalités concrètes de l’existence humaine. La foi chrétienne n’est pas une abstraction théorique, elle doit se traduire dans des engagements pratiques. Croire en Dieu créateur implique de respecter la création et de permettre à tous d’en jouir justement.
Cette incarnation de la foi rejoint la grande tradition catholique de la création. Contrairement à certaines spiritualités qui méprisent le monde matériel, le christianisme affirme que la matière est bonne puisque créée par Dieu et rachetée par l’incarnation du Christ. Prendre soin des réalités terrestres n’est donc pas une distraction par rapport à la vie spirituelle, c’est une expression authentique de celle-ci.
Le pape rappelle ainsi que le christianisme n’est pas une religion de l’évasion hors du monde, mais de la transformation du monde. Les chrétiens sont appelés à être le sel de la terre et la lumière du monde, à fermenter la pâte humaine pour la faire lever vers plus de justice et de fraternité.
Les défis de la mise en œuvre
Traduire les principes en politiques
L’un des grands défis suite au discours de Léon XIV sera la traduction de ces principes généreux en politiques concrètes. Affirmer que la terre, le logement et le travail sont des droits sacrés est important, mais comment garantir effectivement ces droits ?
Sur la question de la terre, cela implique-t-il des réformes agraires ? Une régulation stricte de l’accaparement des terres ? Un soutien massif à l’agriculture paysanne ? Ces questions techniques nécessitent des expertises pointues et des choix politiques qui peuvent être contestés.
Pour le logement, quelles mesures concrètes ? Faut-il plafonner les loyers ? Construire massivement des logements sociaux ? Réquisitionner les logements vides ? Chaque option a ses avantages et ses inconvénients, et le débat démocratique doit trancher.
Concernant le travail, comment garantir sa dignité dans un monde globalisé où la concurrence internationale pousse vers le bas les conditions d’emploi ? Faut-il renforcer les protections sociales au risque de freiner la croissance ? Accepter une décroissance pour préserver la dignité du travail ?
Résister aux logiques économiques dominantes
Le discours de Léon XIV se heurte frontalement aux logiques économiques qui dominent notre époque. Le néolibéralisme, devenu pensée unique dans de nombreux pays, considère que le marché doit réguler l’ensemble des rapports sociaux. Dans cette vision, tout devient marchandise : la terre, le logement, et même le travail humain.
Affirmer que ces réalités sont des droits sacrés, c’est contester radicalement cette marchandisation du monde. C’est dire qu’il existe des biens qui ne peuvent être soumis à la seule loi du marché, qui doivent être protégés et garantis collectivement.
Cette position attirera les critiques de ceux qui défendent l’économie de marché. Ils argumenteront que seule la libre entreprise peut créer la richesse nécessaire pour sortir les populations de la pauvreté. Ils souligneront les échecs des économies planifiées et interventionnistes.
Le pape devra donc affiner sa pensée économique. Il ne s’agit pas de rejeter en bloc l’économie de marché, mais de la subordonner au bien commun. Le marché peut être un outil efficace, mais il doit être régulé, encadré, orienté vers le service de tous.
Mobiliser la communauté catholique
Un autre défi majeur sera de mobiliser effectivement la communauté catholique mondiale derrière ces objectifs. Les discours papaux sont souvent applaudis puis oubliés. Comment faire en sorte que cette parole forte se traduise en engagements concrets des fidèles ?
L’Église dispose de ressources considérables : institutions éducatives, réseaux caritatifs, propriétés foncières, capacité de mobilisation. Comment mettre tout cela au service des trois droits sacrés ? Il ne suffit pas de les proclamer, il faut les incarner dans la vie ecclésiale.
Cela pourrait passer par des initiatives concrètes : mise à disposition de terres ecclésiastiques pour des projets agricoles communautaires, transformation de bâtiments d’Église inutilisés en logements sociaux, création de coopératives de travail soutenues par les paroisses. Les possibilités sont nombreuses, mais elles demandent une volonté politique forte au sein de l’institution.
Au-delà du discours : une dynamique à construire
Le discours du 23 octobre 2025 restera sans doute dans les annales comme un moment important du pontificat de Léon XIV. Mais sa portée réelle dépendra de ce qui suivra. Un discours, aussi inspirant soit-il, ne change pas le monde à lui seul. Il faut qu’il s’inscrive dans une dynamique plus large, qu’il soit suivi d’actions concrètes et de mobilisations durables.
Léon XIV l’a bien compris. En s’adressant aux mouvements populaires plutôt qu’aux chefs d’État ou aux élites économiques, il montre que le changement viendra d’en bas. Ce sont les communautés organisées, les collectifs de lutte, les associations de terrain qui peuvent transformer concrètement la société.
Le rôle de l’Église, dans cette perspective, n’est pas de diriger ces mouvements mais de les accompagner, de leur donner une légitimité morale, de créer des espaces de rencontre et de dialogue. L’Église peut être cette force de médiation qui articule les luttes locales avec une vision globale, qui relie les combats particuliers à un horizon universel.
La question des trois droits sacrés – terre, logement, travail – restera au cœur de l’agenda politique et social des années à venir. Face aux crises écologiques, économiques et migratoires qui se profilent, garantir ces droits fondamentaux deviendra de plus en plus urgent. Le discours de Léon XIV aura au moins eu le mérite de placer ces enjeux au centre du débat public et de rappeler qu’ils touchent au plus profond de notre humanité commune.



