L’Évangile selon saint Jean commenté verset par verset

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CHAPITRE 15

Jean 15.1 « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. – Allégorie de la vigne. 15, 1-11. « Allégorie », et non parabole, ainsi qu’il a été expliqué plus haut (voyez note sur 10, 1). Fut‑elle suggérée à Jésus par quelque circonstance extérieure ? Beaucoup d’exégètes l’ont pensé, et ils ont fait à ce sujet toute sorte d’hypothèses. L’aspect des vignobles de Sion et de la vallée du Cédron, la célèbre vigne d’or du temple, la coupe qui venait de circuler, ou d’autres occasions analogues, ont été tour à tour allégués. Mais ce sont des frais inutiles d’imagination. Jésus ne venait‑il pas de mentionner la vigne ? cf. Matth. 26, 25. Elle sert du reste dans tout d’Ancien Testament à représenter des idées symboliques (cf. Ps. 79 79, 8-19 ; Isaïe 5, 1-7 ; Jérémie 2, 21 ; Ézéchiel 15, 2, 6, etc.), et elle convenait si naturellement pour marquer cette nécessité d’une union intime et permanente avec lui, que Notre Seigneur voulait inculquer aux siens. – Ce passage est tout à la fois très simple et d’une exquise beauté. On y a observé, du reste comme dans la plus grande partie du discours d’adieu, une absence extraordinaire de particules pour relier entre elles les différentes propositions : c’est là un signe d’émotion très profonde.  – Je suis… Comme lorsque Jésus disait : « Je suis le pain vivant ; Je suis la porte ; Je suis le bon berger ». – La vraie vigne : en grec, avec deux articles qui appuient la pensée. L’adjectif ἀληθινή (véritable, véridique) dénote quelque chose d’idéal et de parfait, cf. 1, 9 ; 6, 39, etc. Isaïe, nous venons le dire, avait aussi parlé d’une vigne mystique ; mais cette vigne avait promptement dégénéré : Jésus est la vigne par excellence, qui réalise tout ce que promet ce nom. – Et mon Père est le vigneron : celui qui travaille la vigne, cf. Matth. 21, 23 ; Luc. 13, 7. 

Jean 15.2 Tout sarment qui en moi ne porte pas de fruit, il le retranche et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie en le taillant, afin qu’il en porte davantage. – Notre‑Seigneur commence par décrire la conduite du vigneron à l’égard de la vigne. – Tout sarment. κλῆμα est le nom spécifique pour désigner les branches de la vigne, les sarments : en dehors de ce passage (versets 2-6) on ne le trouve pas dans les écrits du Nouveau Testament. – Qui en moi ne porte pas de fruit : sur Moi, la vigne mystique (v. 1). Sur cette vigne symbolique comme sur les ceps matériels, il y a des sarments, des branches, de deux sortes, qui sont soumis à des traitements très divers. En premier lieu, le sarment qui ne porte pas de fruit. C’est un fait qui paraît impossible à première vue : un rameau attaché à N. S. Jésus‑Christ peut‑il donc demeurer stérile ? Oui, car il s’agit dendépendance. – Il le retranche. S. Paul emploie ce même verbe pour désigner une excommunication, 1 Corinthiens 5, 2. « Et il le coupe en entier jusqu’à la racine » (Maldonat), sans la moindre pitié. – Et tout sarment qui porte du fruit : des fruits de sainteté, les  sarments doués de liberté, de raison, et jouissant d’une certaine ivertus, les bonnes œuvres, etc. C’est la seconde espèce de sarments. – Il le nettoie en le taillant. Comme nous le disons en français avec une métaphore identique, le vigneron « émonde » les branches à fruit, par un élagage qui opère la concentration de la sève et l’empêche de se dépenser inutilement. Il est remarquable que l’on taille très court pour les vignes de choix. – Afin qu’il en porte davantage. C’est une taille toute salutaire dans son but. Comparez les lignes suivantes, empruntées aux auteurs classiques : « La vigne… L’art agricole impose sa loi à la vigne, en l’amputant par le fer, quand elle foisonne de façon erratique, pour que les sarments ne soient pas étouffés, et que les branchages d’un pied de vigne n’aient pas trop de troncs », Cicéron, Cont. Maj. 15. « Amputant avec la faux les branchages inutiles, il en greffe de meilleurs », Horace, Epod. 2, 9. « Les sarments larges, vieux, mal nés, tordus, qui regardent vers le bas défaites‑vous en. Les nouveaux, les droits, qui donnent des fruits faites‑leur place. Conservez les branches tendres et vertes ; coupez avec la faux celles qui sont sèches et vieilles », Columelle, 4, 24. 

Jean 15.3 Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. – Jésus dit aimablement aux apôtres que cette utile opération de l’émondage a déjà été pratiquée sur eux. – déjà vous êtes purs, à cause la parole que je vous ai annoncée. Comme plus haut, 14, 23, la parole représente dans leur ensemble toutes les instructions données par N. S. Jésus‑Christ à ses disciples, et non tel ou tel enseignement de détail. Cette prédication a purifié, sanctifié les apôtres, de manière à leur faire produire des fruits multiples. Dans le texte grec, la préposition διὰ peut signifier ici : « au moyen de » ( la cause instrumentale) ; ou bien : en raison de, à cause de. Ce sont de simples nuances. 

Jean 15.4 Demeurez en moi et moi en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure uni à la vigne, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. – Après la conduite du vigneron (versets 2-3) Notre Seigneur décrit celle des sarments (versets 4-7), qui se résume dans l’union la plus intime et la plus constante avec la vigne. – Demeurez en moi : c’est la leçon principale de toute l’allégorie ; aussi Jésus va‑t‑il la répéter sous toutes les formes, cf. versets 5, 6, 7, 10. De même que les sarments mystiques peuvent demeurer stériles (verset 2), ils ont la triste propriété de se séparer eux‑mêmes du cep. – Et moi en vous. Selon quelques commentateurs, ces mots marqueraient le résultat produit par l’accomplissement fidèle du « Demeurez en moi ». Demeurez en moi et alors je demeurerai en vous. Il vaut mieux les regarder comme une continuation de l’ordre intimé : Demeurez en moi, et faites que moi aussi je demeure en vous. – Comme le sarment…Dans la ligne qui précède, Jésus avait parlé au propre et sans figure : il revient au langage figuré pour développer sa pensée. – Ne peut de lui‑même porter du fruit : En tirant de lui‑même sa fécondité, « par une force propre quelconque qu’elle aurait en dehors de la vigne. » – S’il ne demeure uni à la vigne. Une condition indispensable pour la vie et la fertilité des sarments, c’est donc qu’ils soient comme identifiés au cep sur lequel ils sont nés, qu’ils confondent leur nature avec la sienne, qu’ils soient abreuvés de sa sève. – De même dans la vie supérieure des âmes : ainsi vous ne le pouvez pas non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Belle réflexion de S. Augustin, Traité sur S. Jean 81, 1 : « Ils ne sont pas en lui de la même manière qu’il est lui‑même en eux. Mais ces deux sortes de demeure sont utiles, non pas à lui, mais à eux. Les branches, en effet, sont dans la vigne de telle manière qu’elles ne lui donnent pas, mais qu’elles en reçoivent la sève qui les fait vivre ; et la vigne est dans les branches, de telle sorte qu’elle leur fournit l’aliment dont elles vivent, sans le recevoir d’elles. »

Jean 15.5 Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits : car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire. – Le Sauveur reprend l’allégorie à son début (verset 1) pour en faire plus longuement l’application. Il insiste sur les conséquences salutaires ou terribles soit de l’union avec lui, soit de la séparation. – Je suis la vigne. Tel est son rôle, à lui, dans l’agriculture spirituelle. Les fresques des catacombes représentent parfois cette vigne précieuse. – Vous êtes les sarments.  Le rôle des disciples, qui n’avait été mentionné jusque là que d’une manière indirecte. – Celui qui demeure en moi : comme un sarment qui vit attaché au cep. Le verset 4 avait exprimé la même en termes négatifs. – Et en qui je demeure. Condition non moins essentielle. En effet, il ne suffit pas que le rameau tienne extérieurement au cep ; il faut de plus que le suc soit transmis de la vigne au sarment. L’union doit être tout ensemble extérieure et intérieure. Mais Jésus nous sera certainement uni toutes les fois que nous lui demeurerons nous‑mêmes attachés. – Porte beaucoup de fruit : épithète qui ajoute à l’idée antérieurement exprimée (verset 4). – Car séparés de moi (motif, et autre idée nouvelle) vous ne pouvez rien faire. Absolument rien, pas plus que la branche retranchée de la vigne ; car N.-S. Jésus‑Christ étant pour nous toutes choses, en dehors de lui nous sommes incapables de produire quoi que ce soit de bon. Voilà pour le sarment fertile.

Jean 15.6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment et il sèche, puis on ramasse ces sarments, on les jette au feu et ils brûlent. – Malheur au sarment stérile, dont la destinée est décrite si tragiquement, quoique si simplement. – Si quelqu’un ne demeure pas en moi. Triste hypothèse, dont Jésus voudrait prévenir la réalisation par cet avis charitable. – Il est jeté dehors. C’est-à-dire, hors du vignoble. Dans le texte grec, le verbe à l’aoriste indique qu’il s’agit d’une conséquence inévitable : la chose est déjà faite. – Comme le sarment. Qui n’a vu au printemps, sur les chemins qui avoisinent les vignes, des monceaux de sarments semblables à ceux dont l’histoire est ici racontée ? – Et il sèche. Autre aoriste dans le texte grec. – Puis on ramasse ces sarments. Le sujet « on » est indéterminé : les vignerons ou leurs serviteurs. Dans le grec l’emploi du temps présent fait image. – Et on les jette au feu. Comme le dit S.Augustin (Traité 81 sur S. Jean, 3) : « Les branches de la vigne…, lorsqu’elles sont coupées, elles ne sont d’aucune utilité pour l’usage du vigneron ; elles ne peuvent être employées par le charpentier (cf. Ézéchiel 15, 5). Il n’y a que deux choses qui conviennent à ces branches : ou la vigne ou le feu ». – Et ils brûlent. Un mot simple présenté avec une grande force et avec une majesté sublime. L’application morale est terrible. 

Jean 15.7 Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. – Doux contraste, par le tableau des bénédictions que peut procurer aux disciples l’union avec Jésus, versets 7-11. Le langage figuré disparaît peu à peu dans ces derniers versets de l’allégorie. – Si vous demeurez en moi. La condition absolument indispensable est constamment réitérée. Au lieu des mots « et moi en vous » (verset 4, cf. verset 5), nous trouvons cette fois la variante « et que mes paroles demeurent en vous ». Le pluriel mes paroles alterne, comme en d’autres endroits, avec la parole (verset 3) au singulier. – Autre variante dans l’expression, pour dire que les apôtres, unis à leur divin Maître, produiront les plus excellents fruits : Vous demanderez ce que vous voudrez… Voyez 14, 13 et 14, avec le commentaire. C’était une promesse identique. Jésus appuie sur ces mots, ainsi qu’on le voit par la place qu’il leur donne dans la phrase. – Et cela vous sera accordé. Cela vous arrivera. Locution très énergique. Plus haut, 14, 13 et 14, Jésus avait dit : « Je le ferai ». 

Jean 15.8 C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruits et que vous soyez mes disciples. – Jésus, s’élevant à des sphères supérieures, signale un autre heureux résultat de l’union des disciples avec lui. En produisant des fruits nombreux par suite de cette union, ils l’aideront à glorifier son Père. – C’est la gloire de mon Père : l’effet est en quelque sorte acquis d’avance. – Que vous… Notez la particule ἵνα (afin que) qui exprime une véritable intention de la part de Dieu. – Vous portiez beaucoup de fruit, et que vous soyez… Étonnante parole. Même les apôtres, en s’unissant de plus en plus à N.-S. Jésus‑Christ, peuvent devenir davantage ses disciples : c’est une qualité qui a des degrés de divers genres, et dans laquelle, par conséquent, on peut progresser tous les jours. – Mes disciples. Dans le grec : « des disciples à moi », expression très forte ; des disciples qui m’appartiennent en propre.

Jean 15.9 Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, demeurez dans mon amour. – Mais quel est le vrai lien qui nous unit complètement à Jésus ? La charité, l’amour ; charité analogue à la sienne pour nous, à celle de son Père pour lui. – Comme le Père m’a aimé : d’un amour éternel et parfait, qui est le type des vraies affections. – moi aussi je vous ai aimés. Le verbe est au passé, au lieu du présent, pour mettre mieux en relief toutes les marques d’amour que le Sauveur avait données à ses apôtres depuis trois ans et plus. L’idée sur laquelle Jésus veut avant tout appuyer, c’est la ressemblance qui existe entre sa propre affection pour les apôtres et l’amour que son Père avait pour lui. – Demeurez (pour la huitième fois depuis le verset 4) dans mon amour. Belle variante de l’expression « demeurez en moi ». Le grec peut se traduire de deux manières : Demeurez dans votre amour pour moi, continuez de me chérir ; ou bien : Demeurez dans l’amour que je vous porte, soyez-en constamment dignes. Ce second sens est le meilleur. 

Jean 15.10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi-même j’ai gardé les commandements de mon Père et comme je demeure dans son amour. – Mais comment demeurer dans son amour ? Par la pratique courageuse de ses commandements. – Si vous gardez mes commandements. Sur cette pensée, voyez 14, 15, 21, 23 et les commentaires. – Vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai moi‑même gardé … En fait d’obéissance, Jésus est bien en droit de se proposer comme un modèle exquis. Jetant un regard en arrière sur sa vie mortelle de trente‑trois ans, il voit qu’elle se résume dans les mots : j’ai gardé les commandements de mon Père. Commandements si sévères pourtant ; mais le Fils de l’homme s’est soumis à tout. Le verbe au passé montre que l’obéissance de Jésus touche à sa fin : dans quelques heures il aura couronné entièrement son rôle à ce point de vue.

Jean 15.11 Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite.– Conclusion de l’allégorie de la vigne. – Je vous ai dit ces choses, cf. 14, 25 ; 33. « Ces choses » retombe sur les versets 1-10. – Afin que ma joie soit en vous. C’est la première fois que Jésus parle de sa joie, et, pour la mentionner, il choisit l’heure où ses souffrances les plus intenses vont commencer. – Et que votre joie soit parfaite : c’est-à-dire, arrive à son comble, cf. 3, 29 et le commentaire. Évidemment le bonheur des apôtres sera complet, quand la « propre joie » de leur Maître aura passé au fond de leurs cœurs.

Jean 15.12 Ceci est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés.Ceci est mon commandement : le commandement qui est mien. C’est, ainsi que Jésus l’a déjà dit un peu plus haut, 13, 34, son précepte spécial, essentiel, distinctif ; celui qui comprend tous les autres, à l’exécution desquels il tenait tant, cf. verset 10. – Que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. Voyez le verset 9. Dans un instant le Sauveur va commenter ce « comme je vous ai aimés » (versets 13-15). 

Jean 15.13 Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.Il n’y a pas de plus grand amour… Quelle est, parmi les hommes, la preuve la plus parfaite de la charité fraternelle, et celle qui réalise le suprême idéal, de sorte que « personne » ne puisse aller au‑delà ? – Que de donner sa vie pour ses amis. En effet, nous n’avons rien de plus précieux que notre vie, et nous ne pouvons pas faire de plus grand sacrifice que de la donner pour ses amis, cf. Romains 5, 6-8. Ce sacrifice, N.-S. Jésus‑Christ allait l’accomplir le lendemain. 

Jean 15.14 Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.Vous (pronom très accentué) êtes mes amis. Jésus applique d’une manière particulière aux apôtres le principe général énoncé au verset 13 ; comme s’il disait : Quand je parle d’amis, c’est vous surtout que j’ai directement en vue. – Si vous faites ce que je vous commande. Mais il signale de nouveau la condition absolument indispensable, l’obéissance courageuse à tous ses ordres.

Jean 15.15 Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. – Le divin Maître insiste sur ce nom d’amis, dont il relève la dignité, la beauté. D’une part, il montrera ainsi combien ses disciples lui sont redevables, à lui qui les a choisis par pure bonté ; d’autre part, ce sera un argument très fort pour sa thèse (verset 12) : ceux qu’il a tant aimés, confondus dans une même affection, ne devront‑ils pas s’entr’aimer mutuellement à leur tour ? Ce qu’il a fait pour eux, il faut qu’ils le reproduisent les uns pour les autres. – Je ne vous (vous, mes disciples de prédilection) appelle plus serviteurs. A différentes reprises, Jésus avait donné aux apôtres ce nom (cf. 12, 26 ; 13, 13), qui exprimait fort bien la nature de leurs relations à son égard, et qu’ils continuèrent longtemps de prendre eux‑mêmes comme un titre de gloire (cf. Romains 1, 10 ; 2 Pierre 1, 1 ; Apocalypse 1, 1, etc.) : mais il daigne affirmer qu’il ne leur convient plus aussi bien désormais. – Et il s’explique : Le serviteur ne sait pas ce que fait son maître (inversion grecque, « son maître », le maître dont il dépend). En effet, un serviteur n’est pas admis à l’intimité. Il ne voit que l’extérieur de la conduite de son maître ; mais il en ignore les motifs secrets, les desseins. Il est lui‑même un simple instrument, que l’on paie et dont on use pour son argent. – Mais je vous ai appelés… Antithèse très forte : il n’en est pas ainsi de vous, qui êtes admis aux secrets les plus intimes de votre maître. – Amis. Remarquez le parfait : le titre d’amis est à tout jamais confirmé aux disciples. Jésus le leur avait adressé déjà avant cette circonstance (cf. Luc. 12, 4), mais pas avec la solennité et la vigueur du moment actuel. – Parce que introduit de nouveau le motif. – Tout ce que… Le serviteur ne sait pas ce « tout » sans exception, car l’on dit tout à un ami intime. Sans doute, un peu plus loin (16, 12), Notre‑Seigneur dira qu’il aurait encore beaucoup à ajouter pour que l’instruction des apôtres fût parfaite ; mais sa réflexion portera sur le développement de ses révélations antérieures, et non sur des révélations nouvelles. Voyez 14, 26 et le commentaire. Ils connaissent l’essentiel, tout ce qu’ils étaient alors en état de porter. – … J’ai entendu de mon Père, cf. 6, 26, 28 et l’explication. – Je vous l’ai fait connaître. En un mot, Jésus a témoigné à ses disciples la plus entière confiance ; il les a réellement traités en amis. – Notez le rythme solennel qui règne dans ce verset : le parallélisme est aussi parfait que possible. 

Jean 15.16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, pour que vous alliez et que vous portiez du fruit, que votre fruit demeure et que le Père vous accorde ce que vous lui demanderez en mon nom. – Dans cette noble et sainte amitié, Jésus a naturellement eu le plus beau rôle : c’est de lui qu’est venue l’initiative. – Ce n’est pas vous qui m’avez choisi. Le premier pronom est très accentué. D’ordinaire, les disciples font choix par eux‑mêmes du maître dont ils désirent suivre les leçons, et tel était le cas relativement aux Rabbins juifs. – Mais c’est moi qui vous ai choisis, Comp. 7, 71 ; 13, 18 ; Luc. 6, 13, et surtout Marc. 3, 13 : « il appela ceux qu’il voulait ». Grâce ineffable, s’écrie S. Augustin. Cette vocation à l’apostolat avait eu lieu par pure bonté, sans mérite antérieur de la part des élus : circonstance qui rehausse la divine amitié du sauveur. Et dans quelle intention Jésus les a‑t‑il choisis entre mille ? Il le leur dit pour leur bien et pour le nôtre. C’est, en effet, le but du sacerdoce qui est ici marquée. – Et qui vous ai établis (répétition emphatique du pronom). Le verbe grec est très expressif : Je vous ai institués, cf. 2 Timothée 1, 11, et Hébreux 1, 2, où il est employé dans le même sens. Il n’a pas ici la signification de « planter », que lui donnent à tort quelques exégètes. – pour que vous alliez, littéralement : pour qu’ils s’en aillent au loin sur le théâtre de leur apostolat. – Et que vous portiez du fruit … Ces mots nous ramènent à l’allégorie de la vigne. Ils se rapportent aux conversions nombreuses que les disciples devaient opérer bientôt dans le monde entier. Les âmes gagnées au verbe, voilà par excellence le fruit que Dieu demande à ses apôtres ; mais cela demande évidemment des fruits personnels de vertu et de perfection. – Et que votre fruit demeure. Les fruits de la terre ne durent qu’une courte saison ; l’Église fondée, le salut éternel procuré par la prédication apostolique, ce sont des fruits qui ne sauraient périr. – et que le Père vous accorde ce que vous lui demanderez… Jésus a donc institué ses apôtres en vue d’une double fin : pour qu’ils portent des fruits durables et pour qu’ils jouissent de « la toute‑puissance suppliante ». Ces deux choses vont ensemble : de quoi seraient capables les ministres de l’Évangile sans les grâces de Dieu, grâces qu’ils obtiennent par leurs ferventes prières ? D’où il suit que sans une intercession constante, le zèle le plus actif ne saurait être béni. Sur cette promesse, qui revient à plusieurs reprises dans le discours d’adieu, voyez 14, 13, 14 et l’explication.

Jean 15.17 Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. – Après les beaux développements (versets 13-16) donnés au précepte de l’amour fraternel (verset 12), Jésus réitère avec vigueur ce précepte : Ce que je vous commande… Dans les dix‑sept premiers versets de ce chapitre, il ne se rencontre pas une seule particule de liaison, ce qui confère au texte une solennité particulière. C’est ici la dernière volonté de Jésus parlant aux siens… Un tel style ne saurait appartenir à un auteur grec ; cette parole est sortie d’une pensée hébraïque. C’est donc là une de ces preuves intrinsèques d’authenticité qui sont répandues à travers toute la narration de S. Jean.

Jean 15.18 Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier. Si le monde vous hait. Hypothèse qui ne devait que trop se réaliser ; ou plutôt, ainsi qu’en d’autres endroits, « si » suppose un événement des plus certains, cf. 7, 14, etc. Le temps présent exprime un fait constamment actuel et renouvelé. Par « monde » il faut entendre, selon ce qui a lieu le plus souvent dans le quatrième évangile, les hommes pécheurs et incrédules, soit juifs, soit païens, par opposition aux amis du Sauveur. – Sachez... Les disciples ne devront pas alors s’étonner, se décourager ; qu’ils se souviennent, qu’ils sachent bien. – Il m’a haï : au parfait, exprime une chose accomplie. – Le premier. Tous ces mots sont encore accentués. Non seulement avant eux (comme dit le grec), mais beaucoup plus qu’eux. Sur la pensée, voyez 1 Tite 4, 12 et s. 

Jean 15.19 Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait en propre. Mais parce que vous n’êtes pas du monde et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. – Raison pour laquelle les apôtres doivent s’attendre, aux aussi, à être l’objet de la haine du monde, cf. 1 Jean 3, 13 ; 4, 5. – Si vous étiez du monde : sortis de lui, ayant par conséquent son esprit et ses tendances. – Le monde aimerait ce qui serait à lui  cf. 7, 7. En vous, le monde se retrouverait et s’aimerait, car tout est égoïsme dans ses affections. Remarquez ici l’emploi du verbe grec ἐφίλει : nous n’avons plus le noble et relevé ἀγάπᾶν des versets 12-17. – Mais parce que vous n’êtes pas du monde : Jésus adressait un grand éloge à ses apôtres quand il leur tenait ce langage. – Et que je vous ai choisis du milieu du monde. Autrefois pourtant, ils avaient aussi fait partie du monde ; mais le divin Maître les en avait visiblement arrachés en les appelant à lui, cf. verset 16. – À cause de cela (pour ce motif spécial) le monde vous hait. La quintuple répétition du mot « monde » est d’un grand effet dans ce verset ; elle met très bien en saillie l’antagonisme du monde et de l’Église de Jésus, cf. 3, 17, 31 ; 12, 36 ; 17, 14. 

Jean 15.20 Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite, Le serviteur n’est pas plus grand que le maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront, vous aussi, s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. – Il est nécessaire que les disciples s’attendent à la persécution afin de la pouvoir mieux supporter : c’est pourquoi Notre‑Seigneur leur présente sous toutes ses faces ce sombre avenir. – Souvenez-vous (verbe accentué comme au verset 18 « sachez ») de la parole que je …La parole en question avait été tout récemment prononcée, 13, 16 ; mais elle remontait aussi à une date antérieure, car nous l’avons déjà trouvée dans S. Matthieu, 10, 24. – Le serviteur n’est pas plus grand que le maître. Partant de ce principe incontestable, présenté même sous la forme d’une litote, Jésus fait deux applications, l’une menaçante, l’autre rassurante pour le groupe des douze apôtres. La forme hypothétique ajoute à la force des prédictions. Première application : S’ils m’ont persécuté… (moi, le Maître). Et les disciples savaient par expérience si leur Maître avait été persécuté par le monde. Ils devaient le savoir mieux encore le lendemain. – Ils vous persécuteront.  Vous aussi, les serviteurs. « Tu refuses de faire partie du corps, si tu ne veux pas t’exposer, comme ton modèle, à la haine du monde »  S. Augustin. – Deuxième application : S’ils ont gardé ma parole… Cette ligne n’a pas le sens ironique que divers exégètes lui ont attribuée à la suite de Grotius (d’après eux, le verbe signifierait « épier avec malignité »). En réalité, beaucoup d’âmes croyantes avaient accepté l’enseignement de Jésus et s’y étaient conformées : c’était là un heureux indice pour les apôtres appelés à continuer la même prédication : Ils garderont aussi la vôtre. « Leur » parole est distinguée ici de celle de Notre‑Seigneur, « qui serait transmis par divers ministres », Maldonat. En résumé, les disciples partageront le sort de leur Maître en bien et en mal ; ils auront des succès et des échecs analogues aux siens.

Jean 15.21 Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé.Mais… Cette particule introduit une grande consolation : non seulement les apôtres auront à souffrir comme Jésus, mais c’est pour lui qu’ils souffriront. – Ils vous : toutes les persécutions qui les attendent. Voyez-en le détail un peu plus bas (16, 2) et surtout dans S. Matthieu, 10, 16 et ss. – Vous feront. Le langage a cessé d’être conjectural : ce sont des choses certaines que Jésus prophétise à ses amis. – À cause de mon nom. Son nom représente ici sa personne même ; au reste, le monde les a toujours eux l’un et l’autre en horreur, cf. Actes 4, 17-18 ; 9, 5, etc. L’histoire du premier siècle montre que les apôtres se souvinrent de cette précieuse leçon ; partout, nous les voyons souffrir avec joie pour le nom sacré de leur Maître, cf. Actes 5, 41 ; 21, 13 ; 2 Corinthiens 12, 19 ; Galates 6, 17 ; 1 Pierre 4, 12 et ss. – Parce qu’ils… Le Sauveur signale un des motifs spéciaux de la haine que lui porte le monde : c’est une grande ignorance de Dieu et des choses de Dieu : ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. Voyez 7, 28, où Jésus adressait directement aux Juifs ce même reproche. Si le monde avait eu de Dieu une connaissance pratique, s’il l’avait aimé, servi, il aurait facilement reconnu, servi, aimé N.-S. Jésus‑Christ, qui donnait des preuves si manifestes de sa mission céleste. Rempli d’idées fausses sur Dieu, le monde avait été aveugle relativement au vrai rôle de Jésus. 

Jean 15.22 Si je n’étais pas venu et que je ne leur eusse pas parlé, ils seraient sans péché, mais maintenant leur péché est sans excuse. – Cette ignorance du monde ne saurait l’excuser, car elle est volontaire et grandement coupable. Dans ces versets (versets 22-25) qui contiennent quelques‑unes des plus terribles paroles qu’il ait prononcées, le Sauveur met en relief toute l’étendue du crime des mondains incrédules : ils sont demeurés insensibles à ses divins enseignements, détestant son père aussi bien que lui (versets 22-23) ; ils n’ont pas même accepté la démonstration, plus saisissante pour des âmes grossières, de ses œuvres incomparables (verset 24) ; en eux, du reste, s’accomplit une terrible prophétie des saints Livres (verset 25). – 1° Insensibilité du monde à la prédication de Jésus‑Christ. – Si je n’étais pas venu : sur la terre, au milieu des hommes, par l’Incarnation. – Et que je ne leur eusse pas parlé : ces mots sont également dominés par la négation « non ». Nous savons tout ce que le simple verbe grec traduit ici par parlé exprime de beautés et de perfections, cf. 7, 16. Comment le monde n’avait‑il pas compris ? – Ils seraient sans péché. C’est évident ; car si cette double hypothèse se fût réalisée, l’ignorance aurait été involontaire. La locution pas de péché est propre à S. Jean, cf. verset 24 ; 9, 41 ; 19, 11 ; 1 Jean 1, 8. – Mais maintenant, cette formule introduit une antithèse frappante. De même au verset 24. Maintenant que ma parole leur a si clairement manifesté ce que je suis. – leur péché est sans excuse. Leur péché est un péché contre l’Esprit saint, qui ne saurait mériter de pardon. Le substantif grec πρόφασιν (excuse, prétexte) n’est employé qu’en cet endroit du Nouveau Testament. 

Jean 15.23 Celui qui me hait, hait aussi mon Père. – Ce verset est étroitement lié au précédent. Traiter Jésus‑Christ d’une manière si indigne que le monde l’a fait (Celui qui me hait) ; cela résulte, d’une part, de la filiation divine de Jésus ; de l’autre, de son caractère d’ambassadeur céleste, cf. 5, 23 ; 13, 20 ; Matth. 10, 40. 

Jean 15.24 Si je n’avais pas fait au milieu d’eux des œuvres que nul autre n’a faites, ils seraient sans péché, mais maintenant ils ont vu et ils me haïssent, moi et mon Père. – 2° Les œuvres merveilleuses accomplies par Notre‑Seigneur ne condamnent pas moins l’incrédulité du monde. – Si je n’avait pas fait au milieu d’eux des œuvres : parmi eux, sous leurs propres yeux. Comme en d’autres endroits (cf. 5, 20, 36 ; 10, 25 ; etc. ), œuvres représente tout ensemble les miracles et la conduite générale de Jésus, quoique surtout les miracles. – Que nul autre n’a faites. Cette incidente est pleine de majesté : Jésus insiste sur la grandeur unique de ses œuvres, qui formaient le plus éclatant, le plus divin des témoignages. Et, en réalité, quel prophète avait jamais agi comme Notre‑Seigneur ? cf. 5, 36 ; 9, 3-4 ; 10, 37 ; Matth. 9, 8 ; Marc. 2, 12 ; Luc. 4, 36 ; 5, 26 ; 7, 16, etc. ; et surtout Matth. 9, 33, où nous lisons ce témoignage du peuple juif : « Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël  ». – Mais maintenant ils ont vu, et ils me haïssent… La position de ces deux verbes rehausse l’énergie de la pensée. Voir tant d’œuvres divines devait conduire infailliblement, ce semble, à la foi, à l’amour : mais non. « Et ils ont vu et ils me haïssent » – Et moi et mon Père : tel est, comme plus haut, le double objet de cette haine impardonnable, cf. 6, 36 ; 14, 10. Remarquez le parallélisme qui règne entre ce verset et les deux qui précèdent.

Jean 15.25 Mais cela est arrivé afin que s’accomplît la parole qui est écrite dans leur Loi : ils m’ont haï sans raison. – Afin que la parole… Suppléez : « Tout ceci est arrivé », comme eût dit S. Matthieu. Ou bien : « Ils me haïssent… ». – La parole qui est écrite dans leur loi. Sur ce pronom leur, voyez 5, 45 ; 8, 17 ; 10, 34, et les commentaires. La loi dont ils se glorifiaient, mais qui aurait dû mieux les instruire. Le passage cité est tiré du psautier, Ps. 34, 19 et 68, 5 ; Jésus emploie donc le mot « loi » dans un sens large, comme en d’autres passages analogues, pour représenter toute la Bible juive dont la Torah formait le début, cf. 10, 34 ; 12, 34 ; Romains 3, 19. – Ils m’ont haï sans raison. David disait tout d’abord cela de lui‑même. Toutefois, d’après les intentions de l’Esprit saint, il parlait en même temps comme figure du Messie. « Sans raison » est le mot principal de la citation. Qu’avait donc fait N.-S. Jésus‑Christ pour que le monde le traitât de la sorte ? Donc, de nouveau, la conduite du monde est complètement inexcusable.

Jean 15.26 Lorsque le Consolateur que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi. – Consolation pour les amis du Sauveur : l’œuvre du Maître ne sera pas anéantie par ses adversaires. En effet, pour se défendre, Jésus aura ici‑bas deux sortes de témoins, dont la voix ne saurait rester muette : un témoin tout divin, le Saint Esprit lui‑même (verset 26), des témoins humains, mais dévoués, les apôtres (verset 27). – Lorsque (contraste avec ce qui a été dit de la haine du monde) le Consolateur… sera venu. Antérieurement, 14, 16-17 et 26, Jésus n’avait guère fait que mentionner en gros l’œuvre de ce Paraclet qu’il promettait à son Église : voici qu’il commence à en décrire plus au long l’œuvre, la nature, la mission, les rapports avec les deux autres personnes de la Sainte Trinité. – Que je ( pronom accentué) vous enverrai d’auprès du Père. Dans les passages que nous venons de citer, 14, 16 et 26, c’est le Père lui‑même qui envoyait le Paraclet, cf. Matth. 10, 20 ; Romains 8, 11. Ici, cette mission divine a Jésus‑Christ pour auteur : de là le nom d’Esprit du Fils, que S. Paul donne à l’Esprit Saint, Galates 4, 6. D’où il suit que le Paraclet est envoyé tout ensemble par le Père et par le Fils. – L’Esprit de vérité. (voyez encore 14, 16, 26 et les commentaires, cf. 16, 23) Cette apposition relève la force du témoignage du Saint Esprit : ses attestations seront infaillibles ; qualité si importante, mais si rare. – Qui procède du Père. Notez le présent de perpétuité, qui contraste avec le futur « je vous enverrai ». Le verbe grec ἐκπορεύεται (« vient, procède ») n’apparaît que deux fois (ici et 5, 25) dans l’évangile selon S. Jean : il a donné naissance à l’épithète ἐκπορεύτον (« celui qui procède ») de quelques Pères grecs, pour désigner la troisième des personnes divines, de même que du latin « procedit » est venu le terme théologique « procession ». Il ne nous appartient pas d’entrer à fond dans le détail de la discussion, tristement célèbre, qui a pris son origine dans ces quelques mots de Notre‑Seigneur. C’est encore sur eux que s’appuient les nos bien-aimés frères Orthodoxes pour affirmer que le Saint Esprit procède seulement du Père. Erreur que réfutent de la façon la plus nette les paroles mêmes de Jésus dans son discours d’adieu. En effet, comme nous venons de le voir, le Paraclet reçoit sa mission simultanément du Père et du Fils ; quand le Père l’envoie, c’est au nom du Fils non moins qu’en son nom personnel, cf. 14, 26. Plus loin, 16, 14 et 15. Il sera dit que l’Esprit Saint puisera dans le trésor commun du Père et du Fils les vérités qu’il doit apporter aux hommes. Ces deux raisons suffisent pour démontrer que la troisième personne procède des deux autres, et pas du Père seul. Si Notre‑Seigneur mentionne seulement le Père dans ce passage, c’est, dit fort bien Maldonat, pour une raison tout extérieure et provenant du contexte : « il se rendrait témoignage à lui‑même s’il disait que l’Esprit procède de lui, et son témoignage paraîtrait suspect. ». Le Paraclet eût semblé être juge dans sa propre cause. Voyez les commentaires de Tolet, de Cornelius a Lapide ; Mgr. Ginoulhiac, Histoire du dogme catholique, t. 2, livre 11, chap. 16 ; Franzelin, Tractatus de Deo trino, p. 460 et ss. – Il : le sujet est répété avec emphase, à la manière du quatrième évangile, cf. 1, 18 et la note. Cet Esprit divin, qui réunit toutes les qualités requises pour son rôle de témoin. – Rendra témoignage de moi. Un témoignage complet et parfait, de manière à faire connaître et aimer Jésus‑Christ malgré la haine du monde. 

Jean 15.27 Et vous aussi, vous me rendrez témoignage parce que vous êtes avec moi dès le commencement. »Et vous… Vous aussi, vous de votre côté, vous serez mes témoins courageux et fidèles. Au témoignage intime du Paraclet s’unit le témoignage extérieur des apôtres, cf. Actes 5, 32. Les disciples avaient témoigné en faveur de leur Maître, durant leurs prédications préliminaires et d’essai, cf. Matth. 10, 5 et ss. – Parce que (motif pour lequel ils étaient, eux aussi, d’excellents témoins) vous êtes avec moi dès le commencement. Expression importante : depuis le début du ministère public de N.-S. Jésus‑Christ (cf. Marc. 1, 1) ; ce qui leur avait permis de le mieux connaître que personne autre. Voyez, Actes 1, 8, 21 et s., combien les apôtres eux‑mêmes jugeaient cette condition essentielle.

Bible de Rome
Bible de Rome
La Bible de Rome réunit la traduction révisée 2023 de l’abbé A. Crampon, les introductions et commentaires détaillés de l’abbé Louis-Claude Fillion sur les Évangiles, les commentaires des Psaumes par l’abbé Joseph-Franz von Allioli, ainsi que les notes explicatives de l’abbé Fulcran Vigouroux sur les autres livres bibliques, tous actualisés par Alexis Maillard.

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