L’Évangile selon saint Jean commenté verset par verset

Share

CHAPITRE 19

Jean 19.1 Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller. – Jean 19, 1-3 = Matth. 27, 24-30 ; Marc. 15, 15-19 ; Luc, 23, 24-25. – Alors. La transition logique habituelle. Pilate ayant échoué dans sa seconde tentative (18, 39-40) comme dans la première (Luc. 23, 6-12), il a recours cette fois à un moyen violent, dans l’espoir de susciter la pitié de la foule. – Pilate prit Jésus et le fit flageller. (par l’intermédiaire de ses soldats, comme pour « prit »). Voyez dans S. Luc, 23, 22, le singulier raisonnement que fit le gouverneur pour décréter ce supplice contre un accusé qu’il trouvait innocent. Il ressort de là et de l’ensemble du récit de S. Jean, que, dans la pensée du Pilate, la flagellation avait pour but de calmer le fanatisme des Juifs et d’arracher Jésus à la mort. Comme si l’on calmait les bêtes fauves en leur montrant du sang. Sur la cruauté de ce châtiment et sur le manière dont on l’infligeait, Voyez la note sous Matth., 27, 26.

Jean 19.2 Et les soldats ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête et le revêtirent d’un manteau de pourpre,Et les soldats… Une soldatesque brutale ajoute encore à la barbarie du supplice légal, en inventant de grossières et cruelles insultes. Pilate laisse faire, toujours dans l’espoir d’assouvir ainsi la haine des Juifs et de sauver Jésus. C’était d’ailleurs une fréquente et atroce coutume de ces temps « Pour qu’à ceux qui périssent soient ajoutées des moqueries insultantes », Tacite, Ann. 15, 44. – Ayant tressé une couronne. Ils voulaient parodier les scènes d’une intronisation royale : c’est du « roi des Juifs » qu’ils pensent se moquer. – D’épines. Probablement le nabk ou nebek, aux rameaux si flexibles et aux épines si longues, si acérées. voyez la note sous Matthieu, 27, 29. – Et le revêtirent d’un manteau de pourpre. Le texte grec est encore plus pittoresque : ils jetèrent autour de lui… S. Matthieu est seul à signaler la nature exacte de ce vêtement, qui consistait en une chlamyde rouge de soldat, et non, comme les prédicateurs le répètent si souvent, en un « lambeau de pourpre ». 

Jean 19.3 puis, s’approchant de lui, ils disaient : « Salut, roi des Juifs » et ils le giflaient. – Après ces préliminaires, vient la cérémonie proprement dite, non moins horrible. S. Matthieu et S. Marc la racontent d’une manière plus complète. – s’approchant de lui est néanmoins un trait propre à S. Jean, et tout à fait graphique ; on croirait voir ces mercenaires barbares s’avancer auprès de Jésus avec une gravité affectée. – Ils disaient : Salut… Ils fléchissaient en même temps le genou d’une manière ironique, Matth. 19, 3. – Et ils le giflaient. Expression propre à S. Jean, cf. 18, 22 et le commentaire. Incomparable patience de Jésus.

Jean 19.4 Pilate sortit encore une fois et dit aux Juifs : « Voici que je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime. »Pilate sortit encore une fois. Pour la troisième fois, cf. 18, 29, 38. – Voici que je vous l’amène dehors. Pilate présente ainsi lui‑même N.-S. Jésus‑Christ aux Juifs, attestant que, par cet acte de condescendance, il voulait les convaincre (afin que vous sachiez) qu’il était entièrement persuadé de l’innocence de l’accusé. Voyez plus haut, 18, 38, une phrase à peu près identique ; mais le fier Ἐγὼ (moi, je) du v. 38 est ici supprimé, et l’arrangement des mots rend la pensée un peu plus molle : on voit que le procurateur perd de son sang‑froid.

Jean 19.5 Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau d’écarlate et Pilate leur dit : « Voici l’homme. »Jésus sortit donc… Tout est douloureusement tragique dans ce passage, les expressions non moins que les faits. C’est une vivante peinture. – Portant la couronne d’épines et le manteau d’écarlate. La répétition de ces détails déjà connus est visiblement emphatique. Jésus couvert de blessures, de sang, de crachats (Matth. 27, 30 ; Marc. 15, 19), transformé par une troupe ignoble en caricature de roi, « non la gloire de l’empire mais le plus haut degré de l’opprobre » (S. Augustin, h. l. ). Les âmes affligées ont souvent trouvé la paix et la résignation dans ce divin tableau, les pécheurs y ont puisé le repentir, les peintres leurs inspirations les plus nobles (entre autres le Titien, le Guerchin, Mignard, Rembrandt). – Voici l’homme. Paroles de pitié, par lesquelles Pilate faisait appel aux sentiments d’humanité qui vibrent dans toute poitrine humaine. Même les plus cruels ennemis de Jésus devaient être, ce semble, pleinement satisfaits. « Si c’est au roi que vous portez envie, maintenant épargnez-le ; vous le voyez jeté à bas, il a été flagellé, couronné d’épines, revêtu d’un habit de théâtre ; il a été moqué, accablé d’outrages amers et souffleté : son ignominie est complète, que votre colère s’apaise » S. Augustin d’Hippone Traité sur S.Jean 116, 2. Dans la Jérusalem moderne, on montre aux pèlerins, tout auprès du couvent des Dames de Sion, l’arc de « l’Ecce homo », du haut duquel Pilate aurait ainsi montré N.-S. Jésus‑Christ aux Juifs. Son authenticité n’est pas certaine, bien que ce soit, sans aucun doute, un monument romain. 

Jean 19.6 Lorsque les Princes des prêtres et les gardes le virent, ils s’écrièrent : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le, car, pour moi, je ne trouve aucun crime en lui. » – Pilate se trompait étrangement. « Mais loin de s’apaiser, leur rage s’enflamme et prend de nouvelles proportions », continue S. Augustin. Ce n’est pas par de lâches concessions qu’on apaise les passions d’une foule irritée. – Les princes des prêtres et les gardes. Les hiérarques et leurs serviteurs prennent une initiative sanguinaire, pour être plus sûrs d’entraîner les masses qui les entouraient. – Ils s’écrièrent cf. 18, 40. – Crucifie-le ! Crucifie-le ! Répétition qui trahit toute l’énergie de leurs sentiments haineux. Voilà donc la réponse des Juifs aux demi‑mesures de Pilate : la vue de l’Homme de douleurs les surexcite au lieu de les adoucir. Il faut, pour les satisfaire, qu’on achève promptement l’œuvre commencée. – Pilate leur dit. Notez dans ces versets (5-7) la grande rapidité du dialogue. – Prenez-le vous‑mêmes. Paroles ironiques, que nous avons déjà vues précédemment sur les lèvres du gouverneur (18, 31). La suite contient un sarcasme encore plus amer (et crucifiez-le) ; car les Juifs avaient perdu le droit du glaive, et de plus, le crucifiement était pour eux un supplice illicite. – Car pour moi, je ne trouve aucun crime en lui… Voyez 18, 38, et 19, 4. Pilate motive ainsi le refus qu’il dissimulait malignement sous une concession apparente.

Jean 19.7 Les Juifs lui répondirent : « Nous avons une loi et, d’après notre loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. »Les Juifs lui répondirent… Ils avaient parfaitement compris que le gouverneur ne leur accordait qu’un droit illusoire, et pourtant il leur fallait sa sanction positive pour arriver à leurs fins : ils vont lancer une accusation nouvelle contre Jésus, dans l’espoir d’obtenir un décret de mort. L’hésitation de Pilate les rend eux‑mêmes plus hardis. – Nous avons une loi. « Nous » est emphatique. Les hiérarques font allusion à Lévitique 24, 16 et Deutéronome 18, 20 ; ils insinuent en même temps que Rome inspirait d’ordinaire à ses représentants dans les provinces un grand respect pour les lois des peuples conquis. – Et selon la loi il doit mourir. Derechef, quoique d’une autre manière (cf. 18, 30), ils veulent faire de Pilate le simple exécuteur de leur propre sentence. Ils déterminent par les mots suivants, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu, en quoi l’accusé a grièvement lésé la loi judaïque. Jésus s’étant proclamé Fils de Dieu, il est un blasphémateur, un sacrilège, crime puni de mort chez les Juifs. Comme ces hiérarques sont cruellement habiles, virant de bord selon les circonstances, passant d’une accusation religieuse (Matth. 26, 65 et ss.) à une accusation politique (Luc. 23, 2), pour revenir ensuite à un délit religieux (dans ce passage), et finalement à une nouvelle incrimination politique (verset 12). L’expression « il s’est fait » est très expressive. « Fils de Dieu » doit se prendre dans le sens strictement métaphysique, et pas comme synonyme de Messie ; car ils (les Juifs) avaient auparavant accusé en vain Jésus de se dire Christ roi et il est évident qu’ici ils poussent leur pointe plus avant. 

Jean 19.8 Ayant entendu ces paroles, Pilate fut encore plus effrayé.Ayant entendu ces paroles: cette nouvelle scène est en effet une conséquence de la nouvelle accusation portée contre Jésus. – Pilate fut encore plus effrayé. Affecté déjà très vivement par la céleste attitude de N.-S. Jésus‑Christ et par le songe de sa propre femme (cf. Matth. 27, 19), Pilate le fut beaucoup plus encore lorsqu’il eut entendu cette parole des Juifs, qu’il interpréta, bien entendu, d’après ses idées païennes. Si ce majestueux accusé était vraiment un être surhumain, le fils de quelque divinité, quelles terribles vengeances des dieux ne risquait‑on pas de s’attirer en prenant part à sa condamnation ? Comme le dit si bien le proverbe : Incrédule, crédule. Mais il y a loin de cette crainte superstitieuse du procurateur au sentiment que lui prête Tertullien quand il écrit : « Déjà chrétien par la connaissance intime qu’il avait de lui‑même ». Apol. 21. 

Jean 19.9 Et rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : « D’où es-tu ? » Mais Jésus ne lui fit aucune réponse.Et rentrant dans le prétoire, cf. 18, 33. Dominé par cette impression, Pilate veut interroger de nouveau l’accusé. – D’où es‑tu ? La question est laissée à dessein dans un certain vague. Entendu à la façon ordinaire, « d’où » désignait la patrie terrestre de Jésus ; mais le gouverneur avait l’espoir de découvrir, dans les renseignements que le divin prisonnier lui donnerait sur son origine, quelques données sur sa véritable nature. – Mais Jésus ne lui fit aucune réponse. A quoi bon répondre en pareil cas ? cf. Matth. 7, 6. Pilate aurait‑il donc compris ? La réponse antérieure, 18, 37, était d’ailleurs suffisante. Ce mélange admirable du silence de N.-S. Jésus‑Christ et de ses réponses marquées au coin de la sagesse céleste n’est pas un des côtés les moins beaux de sa Passion. Voyez sa conduite analogue devant le Sanhédrin, Matth. 26, 62-64, et chez Hérode, Luc. 23, 6-12. « Quand ne répondait pas, il se taisait comme une brebis (Isaïe 53, 7) ; quand il répondait, il enseignait comme un berger », S. Augustin d’Hippone, Traité sur S. Jean. 116, 5. 

Jean 19.10 Pilate lui dit : « C’est à moi que tu ne parles pas ? Ignores-tu que j’ai le pouvoir de te délivrer et le pouvoir de te crucifier ? » – Pilate est froissé de ne recevoir aucune réponse. Dans cette réplique, formulée sur le ton du maître irresponsable, il fait valoir brutalement son autorité suprême pour intimider l’accusé. – C’est à moi que tu ne parles pas ? A moi, le premier personnage de la province ? – Ignores-tu que… Le gouverneur attire l’attention de Jésus sur les suites funestes d’une telle conduite. – J’ai le pouvoir, s’écrie‑t‑il fièrement à deux reprises, et il pose une double alternative, de te délivrer et le pouvoir de te crucifier ? D’une part, la liberté, de l’autre, le supplice infamant et cruel de la croix ; il finit par le châtiment pour produire plus d’effet.

Jean 19.11 Jésus répondit : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait pas été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché. »Jésus répondit… C’est la dernière fois que le Sauveur adressera la parole au gouverneur. Comme il se met au‑dessus de ce juge superbe. Pilate ne parle que de son pouvoir : Jésus lui rappelle sa dépendance et sa responsabilité. Les rôles changent, et c’est le président du tribunal qui devient lui‑même l’accusé. – Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir. L’adjectif aucun contribue à renforcer l’idée. L’emploi du neutre s’il ne t’avait pas été donné produit un résultat identique. – D’en haut. C’est-à-dire : « par Dieu », cf. 3, 31. Les païens eux‑mêmes admettaient cette suprématie de Dieu dans les affaires humaines, bien qu’ils la nient si souvent dans la pratique. En réalité, le gouvernement du monde est une théocratie, car Dieu ne cessera jamais d’être le « roi des rois », la source de tout pouvoir humain, cf. 3, 27 ; Romains 13, 1-7. Les hommes ont beau faire, il n’abdiquera jamais, et même un juge despotique comme Pilate ne pouvait user de son autorité en dehors des plans providentiels. – C’est pourquoi : parce que le procurateur n’a pas une puissance absolue, indépendante, mais qu’il n’est, en cet instant même et relativement à Jésus, qu’un instrument entre les mains divines. Après avoir si publiquement affirmé, dans la première partie de sa réponse, la souveraine autorité de Dieu, Notre‑Seigneur insiste sur la responsabilité des juges de la terre. – Celui qui m’a livré à toi… Notre‑Seigneur faisait allusion à Caïphe, et non à Judas, en prononçant ces mots, car ce n’est pas Judas qui avait livré Jésus au gouverneur romain, cf. 18, 35. – a un plus grand péché. Voyez, sur le crime d’une majorité des membres du Sanhédrin, 15, 22 et 24. Après tant de miracles qui prouvaient la divinité de N.-S. Jésus‑Christ, après tant de lumières qu’ils avaient reçues de toutes manières, ne pas croire était déjà un énorme péché ; mais, en outre, ils avaient depuis longtemps tramé la mort de Jésus, et alors même ils mettaient tout en œuvre pour le faire condamner à un cruel supplice. Quant à Pilate, il était coupable aussi quoique moins grièvement : abusant de ses pouvoirs reçus d’en haut, il allait tolérer qu’on répandit le sang d’un innocent. 

Jean 19.12 Dès ce moment, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient disant : « Si tu le délivres, tu n’es pas ami de César, quiconque se fait roi, se déclare contre César. »Dès ce moment. D’autres donnent à ce mot la signification de « pour ce motif » (le syriaque, S. Augustin, Patrizi, Keil, Westcott, etc.), cf. 6, 66. Auparavant déjà Pilate avait fait plusieurs tentatives pour sauver Jésus, mais indirectement, mollement. On parle ici d’efforts suprêmes, plus directs, réitérés, comme l’exprime l’imparfait cherchait. La réponse du Sauveur (verset 11) l’a rendu plus anxieux que jamais, et il désirait vivement ne pas participer à sa condamnation. – Pilate cherchait à le délivrer. Que ne le faisait‑il de lui‑même, puisqu’il avait en cela de pleins pouvoirs ? – Mais les Juifs criaient… Mais (par contraste) les Juifs criaient. Eux aussi, ils redoublent d’efforts, de crainte que leur victime ne leur échappe. – Si tu le délivres… Leur haine intelligente va transformer, selon les besoins du moment, le délit religieux dont ils accusaient Notre‑Seigneur, en un crime politique. – Tu n’es pas l’ami de César. Connaissant l’ambition du procurateur, les Juifs le menacent ouvertement de la disgrâce de l’empereur, auprès duquel ils étaient tout disposés à le diffamer. Combien d’hommes plus courageux que Pilate sont tout à coup devenus lâches pour un semblable motif ? D’après Wetstein, h. l., « On disait que les légats, les procurateurs, les préfets et les conseillers étaient des amis de César » ; mais ce n’est pas à ce titre officiel que les hiérarques faisaient allusion. Relâcher le prisonnier, telle était leur pensée, serait de la part du gouverneur aller contre les intérêts de César et s’exposer à perdre prochainement les faveurs impériales, c’est-à-dire à perdre sa place. – Car quiconque… Ils vont développer leur assertion et en démontrer la vérité. – Se fait roi, comme c’était le cas pour Jésus, suivant eux. – Se déclare contre César. Se proclamer roi dans un royaume établi, organisé, c’est évidemment « contredire », et de la façon la plus grave, le souverain régnant ; c’est commettre le crime de lèse‑majesté. La « lex majestatis », ainsi qu’on la nommait à Rome, était alors maniée d’une manière extrêmement dure par Tibère, au dire de Suétone (Tiber., c. 58). « Le crime de lèse‑majesté était le complément de toutes les accusations », ajoute Tacite en parlant du même empereur (Ann. 3, 38). Aussi une simple accusation équivalait‑elle à un arrêt de mort. Les hiérarques savaient ce qu’ils disaient. 

Jean 19.13 Pilate, ayant entendu ces paroles, fit conduire Jésus dehors et il s’assit sur son tribunal, au lieu appelé Lithostrotos et en hébreu Gabbatha.Pilate, ayant entendu… Les détails deviennent de plus en plus nombreux, comme 18, 1-4 ; on sent que l’heure décisive est arrivée. Le gouverneur, intimidé par les dernières menaces des Juifs, semble avoir pris maintenant son parti. Cette fois, il ne leur adresse aucune réponse ; il se borne à quelques préparatifs solennels, avant de passer à la sentence. – Ces paroles : toutes les paroles antérieures des hiérarques avaient fortement agi sur Pilate. – fit conduire Jésus dehors. La loi romaine voulait que les arrêts de mort fussent proclamés de jour et d’un point surélevé. c. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 14, 8. Le procurateur obéit à toutes ces formalités légales. – Et s’assit. Le verbe serait employé dans le sens actif d’après quelques exégètes (« il le fit asseoir »), conformément aux passages 1 Corinthiens 6, 4 ; Éphésiens 1, 20. Toutefois, contre cette interprétation nous pouvons alléguer que S. Jean prend toujours ce verbe dans le sens intransitif (cf. 8, 2 ; 12, 4 ; Apocalypse 3, 21 ; 20, 4). Voyez aussi Actes 12, 21 ; 25, 6, 17. – Sur son tribunal. Le manque d’article paraît indiquer qu’il s’agit non d’un tribunal fixe, mais d’une tribune improvisée, qui consistait en un escabeau et un fauteuil d’apparat. – Au lieu appelé Lithrostrotos. C’est le mot grec qui dérive de « lapis », « sterno », et qui signifie « mosaïques dont tous les fragments sont taillés en forme de cube ». Les mosaïques étaient alors fréquentes dans les riches maisons grecques et romaines, et Josèphe raconte, ce qui est plus intéressant pour nous, qu’à Jérusalem la colline du temple était pavée en mosaïque du côté de la citadelle Antonia, cf. Antiquités Judaïques, 5, 5, 2. – En hébreu (cf. 5, 2 ; 19, 17), Gabbatha. En lettres hébraïques, גבתא, avec la signification de « lieu élevé, estrade ». Le nom hébreu n’était donc pas l’équivalent du nom grec, mais il désignait le même local.

Jean 19.14 C’était la Préparation de la Pâque et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. » – La première moitié de ce verset contient deux indications chronologiques, destinées à conserver le souvenir d’un jour et d’une heure si importants pour le salut du monde ; mais ces indications ont donné lieu à des difficultés exégétiques. – C’était le jour de la préparation de la Pâque. Il faudrait entendre, suivant un grand nombre de commentateurs, la vigile de la Pâque, le jour où l’on faisait les derniers préparatifs en vue de célébrer la fête, par conséquent le 14 nisan. Et il suivrait de là que N.-S. Jésus‑Christ, d’après S. Jean, aurait été crucifié dans cette même journée du 14, et non le 15 comme nous l’avons admis. Mais c’est là une fausse déduction. Ainsi qu’on l’a souvent répété à la suite de Bochart, Hieroz., p. 567, « Les auteurs sacrés n’ont pas connu d’autre Parascève ou préparation que celle du sabbat ». En d’autres termes, le Nouveau Testament n’emploie ce nom de Parascève que pour désigner le vendredi, jour auquel les Juifs « préparaient » tout ce qui leur était nécessaire pour le sabbat, les aliments surtout. Cf verset 31 ; Marc. 15, 42, passage si explicite ; Luc. 23, 54. Cette dénomination n’aurait nullement convenu aux fêtes, attendu qu’elles ne rendaient pas tous les travaux illicites, et en particulier la préparation des repas. – Environ la sixième heure. S. Jean n’a pris soin de noter les heures qu’en cinq endroits de son évangile : 1, 39 ; 4, 6, 52 ; 11, 9 ; et ici même. Nous avons déjà dit que, « a priori » et selon toute vraisemblance, il a dû supputer les heures de la même manière que les autres évangélistes, entre six heures du matin et six heures du soir. Voyez la note sous Matth., 20, 3. Mais alors, « il se présente une grande difficulté », S. Augustin d’Hippone, Traité sur S. Jean, 116, 8. En effet, « à cause du témoignage de l’Évangile de Marc (15, 25) qui dit : « Il était la troisième heure et ils le crucifièrent » (ibid.). Et S. Jean ne se contredit‑il pas lui‑même ? Il nous a montré les Juifs amenant de très grand matin N.-S. Jésus‑Christ au prétoire (cf. XVIII, 25) ; or où trouver assez de faits dans sa narration pour remplir environ six heures ? Il y a plusieurs systèmes de conciliation. – 1° Le chiffre trois, dans S. Marc, serait une erreur de copiste ; Γ, le signe de 3, aurait été substitué à ς ou à F, les signes de 6. Telle était l’opinion d’Eusèbe de Césarée au 4ème siècle (cf. S. Jérôme, Brev. in Ps. 77). Rien n’est moins vraisemblable que cette opinion, qui a contre elle presque l’unanimité des manuscrits et des versions. – 2° D’après d’autres critiques (les PP. Patrizi, Corluy, etc.), c’est dans le texte de S. Jean qu’une erreur se serait glissée, sixième au lieu de troisième. Ils s’appuient sur les manuscrits D, L, X, Δ, etc., sur Nonnus et le Chronicon paschale ; mais également avec peu de probabilité, pour le motif déjà exprimé. – 3° Ainsi que s’exprime M. Godet, h. l. à cette époque, « on divisait en gros le jour, comme la nuit, en quatre portions de trois heures chacune. C’est ce qui explique pourquoi il n’est presque jamais fait mention, dans tout le Nouveau Testament, que des troisième, sixième et neuvième heure, et pourquoi aussi.. les expressions « A peu près, Environ », y sont si fréquentes (Matth. 27, 46 ; Luc, 23, 44 ; Jean 4, 6 ; 19, 14 ; Actes 10, 3, 9)… Il est certainement permis de prendre ici, soit chez S. Marc, soit chez S. Jean, des moyennes…. Comme la troisième heure de S. Marc peut s’étendre de 6 à 10 heures, la sixième de S. Jean comprend certainement de onze à midi ». Cela, et un autre développement qu’il serait trop long de citer, nous paraît plus subtil que réel. C’est prendre beaucoup trop de marge pour résoudre la difficulté. – 4° Le système le plus facile et le plus simple consiste à dire que S. Jean comptait les heures de minuit à minuit, comme nous le faisons nous‑mêmes. De la sorte, l’expression Environ la sixième heure désignerait environ 5 heures du matin. Wieseler, dans ses Beitraege, p. 252, allègue quelques faits pour démontrer qu’au temps de Strabon et de Pline ce mode de supputation s’était déjà répandu dans l’Asie‑Mineure, et son raisonnement à convaincu un certain nombre d’exégètes distingués, entre autres MM. Wosdsworth, Macclellan, Keil, Westcott, etc. Néanmoins, la démonstration nous paraît insuffisante pour ce qui concerne le quatrième évangile. Et puis, à six heures on ne faisait guère qu’introduire Jésus au prétoire, et où trouver, entre l’aube du jour et cette heure matinale, assez de temps pour placer tous les événements racontés par les évangélistes réunis. – 5° Reste donc le cinquième et dernier système, le plus difficile de tous, mais aussi le plus probable, que nous avons placé au début de cette petite dissertation. Nous pensons donc aujourd’hui, avec le plupart des commentateurs (quoique nous ayons adopté autrefois un autre sentiment ; Voyez la note sous Matthieu, 27, 45), que la numération de S. Jean est la même pour les heures du jour que celle des synoptiques, parce que nous ne voyons aucun motif suffisant de supposer le contraire. Pour établir l’harmonie avec S. Marc, nous nous réglons sur la particule environ, qui nous laisse quelque latitude ; d’ailleurs, comme on l’a remarqué, S. Marc n’étant pas toujours parfaitement exact pour les indications de temps, c’est en faveur de S. Jean qu’il faut trancher ici le différend (Schanz). – Voici votre roi, cf. verset 5. Là, Pilate était mû par un sentiment de pitié à l’égard de N.-S. Jésus‑Christ ; actuellement, il ne pense qu’à se moquer et à se venger des Juifs. 

Jean 19.15 Mais ils se mirent à crier : « Qu’il meure ! Qu’il meure ! Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Crucifierai-je votre roi ? » les Princes des prêtres répondirent : « Nous n’avons pas d’autre roi que César. »Mais (en réponse à l’ironie de Pilate) ils criaient : Qu’il meure ! Qu’il meure ! Crucifie‑le ! Cf. Luc. 23, 18. Ces cris barbares expriment leur rage haineuse, leur impatience d’en finir avec Jésus. – Pilate leur dit : Crucifierai‑je votre roi ?Les princes des prêtres répondirent… Cet abîme de dégradation était réservé aux hiérarques. Les organes officiels de la théocratie proclament eux‑mêmes qu’ils ont déserté la foi par laquelle la nation avait vécu. Plutôt que de reconnaître le caractère messianique de Jésus, ils affirment publiquement qu’un empereur païen est leur roi. Telle est en effet la signification de leur cri : Nous n’avons pas d’autre roi que César. Ils renient tous leurs droits et privilèges théocratiques, leur Messie, leur religion, pour se déclarer de simples sujets de Tibère. « En repoussant la royauté de Jésus, ils s’asservissent à la puissance païenne. Ils rejettent le joug du Ciel, pour se charger d’un joug de chair et de sang.» (D. Mollat, s.j.). Dieu permit qu’ils subirent les conséquences de leur refus de la Vérité. Ils ont élu César pour leur roi ; c’est par César qu’ils ont été détruits, et cela pendant la fête de Pâque elle‑même.

Jean 19.16 Alors il le leur livra pour être crucifié. Alors… A la bassesse des Juifs correspondit celle de Pilate. De part et d’autre il y eut un meurtre judiciaire. – Il le leur livra. S. Matthieu, S. Marc et S. Luc ont aussi une phrase à peu près identique. C’est aux Juifs que Pilate livra Jésus, la majorité des élites juives [et non tout le peuple juif] furent les vrais bourreaux de Notre Seigneur (« Ils extorquèrent des suffrages par la violence », dit énergiquement Tertullien, Apol. 21) : les soldats romains n’ont été que les exécuteurs matériels de la sentence. Mais Pilate aussi commit alors un suicide politique ; car il perdit plus tard sa place, à laquelle il avait sacrifié, malgré les réclamations de sa conscience, le sang d’un innocent. Voyez la note sous Matth., 27, 24.

Jean 19.17 Et ils prirent Jésus et l’emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva hors de la ville au lieu nommé Calvaire, en Hébreu Golgotha, – Jean 19, 17-18 = Mth. 27, 31-35a Mc. 15, 20-24a Lc. 22, 26-34. – Et ils prirent Jésus. Cette phrase est corrélative de « il le leur livra » (verset 16a) ; le sujet du verbe est « princes des prêtres », du verset 15, quoiqu’en réalité les soldats romains soient désormais les acteurs immédiats, comme nous venons de le dire. – Et l’emmenèrent. Immédiatement, car, dans l’antiquité, l’exécution suivait de très près la sentence. – Jésus, portant sa croix. « Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice », Hébreux 12, 2. C’est un nouvel Isaac portant le bois de son sacrifice (Genèse 22, 6) ; et, coïncidence frappante, Jésus se chargea de la croix à l’endroit même où le fils unique d’Abraham déposa le bois de l’holocauste, au mont Moriah. Voyez, sur cette opinion antique, S. Méliton de Sardes. Sur la forme de la croix et la coutume barbare de faire porter au condamné l’instrument de son supplice, voyez commentaire Mth, 27, 32 et 35. – Arriva. Au verset 16, « emmenèrent » se rapportait à la sortie du prétoire ; « arriva » désigne le moment où le cortège funèbre traversa la porte de la ville, car Jésus « a souffert sa Passion à l’extérieur des portes de la ville » (Hébreux 13, 12), conformément aux coutumes juives et romaines. S. Jean omet les incidents relatifs à Simon de Cyrène et aux femmes de Jérusalem. Nous avons brièvement décrit le chemin de croix traditionnel dans la note sous Marc, 15, 21. – Au lieu nommé Calvaire (cf. Luc. 23, 33). Ce n’était alors qu’une élévation de terrain, qui devait son nom à la ressemblance générale qu’on lui avait trouvée avec le crâne humain. cf. commentaire S. Matth. 27, 33-34. – En hébreu Golgotha, cf. Matth. 27, 22 et le commentaire. Nous avons dit un mot, au même endroit, de la discussion qui s’est élevée touchant l’emplacement du Golgotha.

Jean 19.18 C’est là qu’ils le crucifièrent et deux autres avec lui, un de chaque côté et Jésus au milieu.C’est là qu’ils le crucifièrent. Horrible et ignominieux supplice, dont nous avons exposé ailleurs les détails (Evang. selon S. Matthieu). On avait affreusement combiné toutes choses pour retarder la mort le plus possible, quoique en accumulant les souffrances. Nous ajouterons ce texte complet de Nonnus à ce que nous avons dit du nombre des clous : « Il a péri suspendu dans les airs par des clous de fer, et étendu par le quadruple lien de la mort survenue sur le bois ». – Et deux autres avec lui : deux malfaiteurs ordinaires, d’après les narrations synoptiques. « La même peine pour tous, mais pour des causes différentes », S. Augustin. – Un de chaque côté, à droite et à gauche de Jésus. L’expression grecque n’est employée qu’ici et Actes 22, 2. – Et Jésus au milieu. Contraste dramatique. La place d’honneur devenait, en semblable circonstance, une place de plus profonde humiliation. Isaïe avait prédit ce détail, 53, 12, cf. Luc. 22, 37. 

Jean 19.19 Pilate fit aussi une inscription et la fit mettre au haut de la croix. Elle portait ces mots : « Jésus de Nazareth, le roi des Juifs. » – Jean 19, 19-22 = Matth. 27, 37 ; Marc, 15, 26 ; Luc. 23, 38. – Pilate fit aussi une inscription. Il appartenait au gouverneur, en sa qualité de juge suprême, de composer lui‑même l’inscription qu’on attachait au sommet de la croix (cf. commentaire S. Matth. 27, 37) : Pilate profita de son droit pour se venger des hiérarques en les humiliant. Le procurateur écrivit l’inscription aussitôt après la condamnation, en même temps qu’on faisait les autres préparatifs du crucifiement. – Une inscription (sans article) : le nom technique chez les Romains. S. Jean est seul à l’employer. – et la fit mettre au haut de la croix : « au‑dessus de la tête de Jésus », Matth. 27, 37. – Elle portait ces mots : par un instinct divin singulier, il fallait que la royauté de N. S. Jésus‑Christ fût publiquement proclamée. Il meurt comme un criminel ; mais il est roi, et roi glorieux, et roi conquérant, même sur l’instrument de son supplice. – L’inscription, telle qu’elle est conservée par S. Jean, se compose de trois choses, savoir : le nom du divin supplicié, Jésus, sa patrie, de Nazareth  ; le délit qui l’avait fait condamner, roi des Juifs. Voyez la note sous Luc, 23, 38, une comparaison entre les variantes de l’inscription d’après les quatre évangiles. 

Jean 19.20 Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, car le lieu où Jésus avait été crucifié était près de la ville et l’inscription était en hébreu, en grec et en latin.Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau. Ils le lurent à leur profonde confusion ; beaucoup de païens durent le lire aussi, et en profiter pour tourner en dérision les espérances des Juifs. – Était près de la ville… cf. Matth. 27, 33. Les peintres font d’ordinaire un contresens en plaçant Jérusalem dans le lointain. – l’inscription était en hébreu, en grec et en latin. La mention des trois langues est propre à S. Luc et à S. Jean. Les inscriptions en plusieurs idiomes n’étaient pas rares alors dans les provinces romaines ; elles étaient même une nécessité si l’on voulait que tout le monde puisse les lire, cf. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 14, 10, 2. S. Augustin écrit sur ce passage : « Ces trois langues dominaient ici toutes les autres : l’hébreu, à cause de son utilisation par les Juifs pour glorifier la loi Dieu ; le grec à cause des savants des païens ; le latin, à cause de la domination des Romains sur presque tous les peuples », Traité sur S. Jean, 117, 4, cf. Luc. 23, 38 et le commentaire.

Jean 19.21 Or, les princes des prêtres des Juifs dirent à Pilate : « Ne mets pas : Le roi des Juifs, mais que lui-même a dit : Je suis le roi des Juifs. »Les princes des prêtres des Juifs : expression remarquable, qu’on ne rencontre nulle part ailleurs. Les princes des prêtres ne durent pas se présenter en corps à Pilate ; ils lui envoyèrent une délégation. – Dirent à Pilate… L’imparfait dénote des réclamations énergiques et réitérées. – Ne mets pas le roi des Juifs … Humiliés de voir qu’un supplicié fût appelé, en face de tout le monde et d’une manière pour ainsi dire officielle, le roi de leur nation, ils proposent une modification dans le texte de l’inscription, mais que lui-même a dit : Je suis le roi des Juifs. Les hiérarques continuent jusqu’au bout leurs calomnies contre Jésus, essayant de le ranger parmi les faux Messies qui étaient alors si nombreux.

Jean 19.22 Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. »Pilate répondit. Lâche auparavant, Pilate refuse dans les termes les plus catégoriques d’obtempérer à cette demande. Il a cédé sur tout le reste, il se montre inflexible sur un petit détail, la Providence le permettant pour affirmer que Jésus « Le Seigneur a établi son règne par le bois ». Du reste, le procurateur savait qu’il n’avait en cela rien à craindre pour ses intérêts privés. – Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. Dans le grec, deux parfaits coup sur coup, le temps du fait accompli et sur lequel il n’y a plus à revenir.

Jean 19.23 Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements et ils en firent quatre parts, une pour chacun d’eux. Ils prirent aussi sa tunique, c’était une tunique sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas. – Jean 19, 23-24 = Matth. 27, 35-36 ; Marc. 15, 24 ; Luc. 23, 34. – Les soldats, après avoir crucifié Jésus… Après l’épisode rétrospectif des versets 19-22, l’évangéliste reprend l’histoire des derniers moments de N. S. Jésus‑Christ. Les détails qu’il a conservés sur le partage des vêtements sont neufs en grande partie, surtout ce qui concerne la sainte tunique. Les soldats désigne l’escouade de quatre soldats qui avaient rempli à l’égard de Jésus l’office de bourreaux (après avoir crucifié Jésus), cf. Actes 12, 4. – Prirent ses vêtements. En effet, « les condamnés sont crucifiés nus », disait la loi. Sur cette coutume et sur l’attribution des vêtements des crucifiés aux bourreaux, Voyez la note sous Matth., 27, 35. – Et en firent quatre parts. Vraisemblablement : le manteau, le voile qui servait à couvrir la tête, la ceinture, les sandales. La tunique sera mise à part, ainsi qu’on va le dire. – Une part pour chaque soldat. Le lot de chacun fut fixé par le sort, d’après les synoptiques. – C’était une tunique sans couture. Cette tunique sans couture, tissée d’une seule pièce comme celles des prêtres (d’après l’historien Josèphe), avec une ouverture en haut pour passer la tête, était sans doute l’œuvre de Marie, ou le présent d’une des saintes femmes qui pourvoyaient aux besoins de Jésus. On croit la conserver à Trèves. Voyez Rohault de Fleury, Les Instruments de la Passion, p. 250.

Jean 19.24 Ils se dirent donc entre eux : « Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera », afin que s’accomplît cette parole de l’Écriture : « Ils se sont partagé mes vêtements et ils ont tiré ma robe au sort. » C’est ce que firent les soldats. Ils se dirent  donc entre eux ( à cause de la particularité qui vient d’être mentionnée) : Ne la déchirons pas, mais tirons au sort… La partager, c’eût été la détruire, et aucun des quatre ne voulait renoncer à ses droits sur elle. – afin que s’accomplît… Dans ce petit détail, l’évangéliste nous fait voir, selon sa coutume, l’accomplissement éclatant d’une ancienne prophétie de l’Esprit Saint. – Cette parole de l’Écriture. C’est le Psaume 21, verset 19, cité littéralement d’après la traduction des Septante. La citation se compose de deux membres de phrase, qui répètent la même idée avec une simple variante d’expressions, en vertu du parallélisme hébreu. – Premier membre de phrase : Ils se sont partagé mes vêtements. dans le texte grec, il s’agit des vêtements supérieurs, cf. verset 23. – Deuxième membre de phrase : et ils ont tiré ma tunique au sort. En hébreu, au singulier, le vêtement plus intérieur et proprement dit, la tunique. Ce second membre exprime une gradation évidente, soit dans le texte même de la prophétie, soit dans son accomplissement. – C’est ce que firent les soldats. Répétition solennelle, pour insister sur la pensée. Tandis que Jésus est suspendu à quatre blessures, comme dit Bossuet, et longtemps avant qu’il soit mort, les bourreaux s’approprient ses vêtements. – C’est à cet endroit qu’il faut placer les insultes grossières des Sanhédristes, et le touchant épisode du bon larron.

Jean 19.25 Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas et Marie-Madeleine.Près de la croix de Jésus. D’après S. Marc, 15, 40, les saintes femmes « observaient de loin », tandis que S. Jean nous les montre debout au pied même de la croix. Est‑ce une antilogie réelle, ainsi que le prétendent les rationalistes ? Nous répondrons en citant l’adage : « Distingue les temps, et l’Écriture concordera ». Les deux narrateurs ne décrivent donc pas ce qui avait lieu en un seul et même instant : d’abord restés à quelque distance, les amis du Sauveur s’étaient rapprochés de sa croix. – Se tenaient. Grand contraste : le groupe des amis est ainsi opposé à celui des bourreaux (versets 23 et ss.). – Sa mère. Marie était là courageusement, souffrant toutes les angoisses prédites par le vieillard Siméon (Luc. 2, 35), dans l’attitude et les sentiments si admirablement exposés par l’auteur de la prière du « Stabat Mater ». – Et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas. Une discussion a été soulevée à propos de cette ligne. Faut‑il regarder Marie, femme de Cléophas, et la sœur de la Sainte Vierge comme deux personnes distinctes, ou doit‑on les identifier ? Quelques antiques versions (la Peschito, l’éthiopien, le persan) tranchent la question en insérant la conjonction « et » avant « Marie » ; mais elles sont contredites par tous les autres documents. La tradition les contredit aussi pour ce qui regarde le fait lui‑même, car elle admet très communément l’identité. Les partisans, aujourd’hui assez nombreux, de l’opinion contraire, objectent qu’alors il y aurait eu deux sœurs appelées Marie dans une même famille. On leur répond que cela s’est vu plus d’une fois, et qu’il est aisé d’établir quelque différence à l’aide d’un surnom ou d’une abréviation ; ou encore, mais avec moins de solidité, que la Sainte Vierge et Marie de Cléophas pouvaient bien n’être que de simples belles‑sœurs, ou des cousines germaines du côté paternel. La seconde Marie était la femme, et non la mère (Ewald) ou la sœur (Patrizi), ou la fille (Calmet) de Cléophas. Sur Cléophas lui‑même, ou Alphée (en hébreu Chalpaï), voyez l’explication de Matth. 10, 3. Eusèbe, Histoire Ecclésiastique 3, 11, fait de lui un frère de S. Joseph. La parenté de Marie de Cléophas avec la Sainte Vierge explique celle de son fils S. Jacques le Mineur avec N. S. Jésus‑Christ, cf. Galates 1, 19. – Et Marie‑Madeleine. La pieuse pénitente ne pouvait manquer à cette scène d’amour et de généreuse compassion. Les synoptiques parlent encore de Salomé, mère de S. Jacques le Majeur et de S. Jean, et de plusieurs autres saintes femmes, cf. Matth. 27, 56 ; Marc. 15, 40. 

Jean 19.26 Jésus, ayant vu sa mère et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voilà votre fils. »Ayant vu sa mère. Quel coup douloureux ce fut pour le cœur filial de Jésus. Mais de sa douleur même il fera naître une consolation pour sa mère. – Et auprès d’elle le disciple… Jean aussi se tenait fidèle, au poste d’honneur où l’avaient irrésistiblement conduit les saintes tendresses dont il était l’objet, et qu’il ressentait si vivement lui‑même. La formule « qu’il aimait » ne pouvait manquer ici, car elle explique, à elle seule, pourquoi Jésus confia sa mère à S. Jean de préférence à tout autre disciple, cf. 13, 22 et le commentaire. – Jésus dit à sa mère. C’est en quelque sorte son testament que N. S. Jésus‑Christ va faire. « Mais que peut‑il donner, nu, dépouillé comme il est, pauvre esclave qui n’a plus rien en son pouvoir dont il puisse disposer… ? De quelque côté qu’il tourne les yeux, Jésus ne voit plus rien qui lui appartienne. Je me trompe ; il voit Marie et S. Jean qui sont là pour lui dire : Nous sommes à vous. Voilà tout le bien qui lui reste ; il les donne l’un à l’autre. » Bossuet, Panégyrique de S. Jean, 2e partie. – Femme. Sur cette appellation, voyez 2, 4 et la note. C’est en faisant un énorme et inepte contresens que divers commentateurs incrédules ou hétérodoxes l’ont regardée comme un terme de froideur : Jésus, ajoutent‑ils, montrait ainsi à sa mère qu’il renonçait totalement à elle, pour se remettre entre les mains de son Père céleste. Mais d’autres ont su mieux comprendre, malgré leurs préjugés. « Au point de vue psychologique, écrit M. Reuss, h. l., rien n’est touchant comme ces paroles suprêmes, adressées à une mère éplorée et à un disciple chéri. ». Et J. P. Lange trouve à bon droit que le nom de « femme » convenait alors admirablement à celle qui fut la « femme idéale ». – Voilà (avec un double regard de ses yeux mourants, l’un sur Marie, l’autre sur S. Jean) votre fils. On renonce à commenter de si grandes choses. « Comme Jésus honore son disciple, en faisant de lui son propre frère. Tant il est bon de se tenir auprès de la croix, et de demeurer avec Jésus quand il souffre ». Théophylacte, h. l. Il est tout à fait évident, ainsi que des protestants même (Olshausen, Hengstenberg, etc.) le déduisent de cette scène, que Marie n’avait pas d’autres enfants ; autrement c’est à l’un d’eux que Jésus aurait confié sa mère. Mais combien de fils ne reçut‑elle pas avec S. Jean. « Dans la personne de saint Jean la Vierge Marie a reçu tous les élus, comme le testament de Jésus Christ mourant sur la croix ». Noël Alexandre, h. l. Et encore : « Il me semble qu’un grand mystère est exprimé dans cela : car il nous a tous recommandés au soin, à la protection et à l’intercession de la bienheureuse Vierge », Tolet. Nous aussi, nous sommes donc devenus au Calvaire les enfants de Marie et les frères de Jésus. L’exactitude exégétique demande néanmoins que nous ne regardions cette pensée que comme une touchante adaptation, qui n’est pas contenue dans le sens littéral et qui est relativement récente : pour autant que nous le sachions, on ne trouve chez aucun Père de l’Église avant Rupert (12ème siècle) cette proposition voulant que la Bienheureuse Vierge Marie ait alors enfanté à la vie tout le genre humain ; et que s’applique à tout disciple de Jésus ce qui a été dit à Jean. En conséquence, bien que cette proposition ne puisse provenir de l’évangile que par extension, elle est quand même digne d’un grand respect et d’une grande vénération.

Jean 19.27 Ensuite il dit au disciple : « Voilà votre mère. » Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui.Ensuite il dit au disciple : Voilà votre Mère. Parole qui correspond entièrement à la précédente, avec cette seule différence qu’il n’y a pas de titre préalable, corrélatif à « Femme ». Jésus avait donné à S. Pierre son Église, il donne sa mère à S. Jean. « Il a confié une mère vierge à un vierge », S. Jérôme, De vir. Illustr. Empruntons encore le secours de Bossuet, l. c. : « O Jean, je vous donne Marie, et je vous donne en même temps à Marie… Marie est à S. Jean, et S. Jean est à Marie… Tout ce que son amour avait de tendre et de respectueux pour sa mère vivra dans le cœur de Jean. Lui qui tourne les cœurs ainsi qu’il lui plaît, et dont la parole est toute‑puissante et opère en eux tout ce qu’il leur dit, il fait Marie mère de Jean et Jean fils de Marie. » Du reste, Marie devait déjà nourrir jusqu’à un certain point des sentiments maternels pour le disciple privilégié de son fils. Salomé, qui était, elle aussi, auprès de la croix (note du verset 24), dut éprouver de son côté une vive émotion en entendant les paroles de Jésus. – L’évangéliste ajoute un autre détail, pour montrer la réalisation du dernier désir de son Maître : Et, depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Marie et Jean avaient été mis sous la protection l’un de l’autre ; mais, ainsi qu’il convenait, c’est le fils adoptif qui joue d’abord le principal rôle, en recevant la saint Vierge dans la maison qu’il occupait alors à Jérusalem. Il ne faut pas trop presser le sens des mots « à partir de cette heure », et en conclure que Marie et Jean quittèrent immédiatement la croix et le Calvaire. Il serait peu naturel qu’ils se fussent retirés avant le dernier soupir du Sauveur. – Quel doux et vivant souvenir pour l’apôtre bien‑aimé durant sa longue carrière. Sur la vie de la sainte Vierge à partir de la Passion, voyez Actes 1, 14. La tradition n’est pas unanime sur plusieurs points importants. D’après S. Épiphane, Haer 78, 11 (cf. Niceph. Histoire Ecclésiastique 2, 3), Marie aurait vécu onze années encore à Jérusalem avec S. Jean, et c’est là qu’elle se serait doucement endormie dans le Seigneur (on vénère son tombeau dans la vallée du Cédron, non loin de Gethsémani. Au contraire, la Lettre synodale du concile d’Éphèse assure qu’elle mourut, âgée de 72 ans, dans cette ville où elle aurait accompagné S. Jean (cf. Labbe, Conc. t. 3, p. 573).

Jean 19.28 Après cela, Jésus sachant que tout était maintenant accompli, afin que l’Écriture s’accomplît, dit : « J’ai soif. » – Jean 19, 28-30 = Matth. 27, 45-50 ; Marc. 15, 33-37 ; Luc. 23, 44-46. – Après cela : Dans le grec, cela est au singulier ; par conséquent, aussitôt après avoir légué sa mère à S. Jean. – Jésus, sachant : par sa science divine, cf. 13, 1. – Que tout était maintenant accompli. Tout désigne toute l’œuvre messianique de Jésus. – Afin que l’Écriture s’accomplît. L’accomplissement concerne ici l’intégrale et complète réalisation des prophéties de l’Ancien Testament (l’Écriture) relatives au Messie. – Dit. C’est à ce verbe et non à « tout était accompli » que nous rattachons la phrase incidente « afin que l’Écriture s’accomplît ». En prononçant la parole J’ai soif, Jésus n’exhalait pas seulement une plainte arrachée par ses cruelles souffrances, mais il se proposait directement d’accomplir les anciennes prédictions qui spécifiaient la soif comme une partie intégrante de l’agonie du Christ, cf. Ps. 21, 16 ; 68, 22. C’est là en effet une des angoisses les plus intolérables des crucifiés : les rapports des médecins en font foi. – Tout est propre à S. Jean dans ce verset. Voir : La Passion de Jésus-Christ selon le Chirurgien, du Docteur Pierre Barbet, Paris, 2003, éditions MédiaPaul.

Jean 19.29 Il y avait là un vase plein de vinaigre, les soldats en remplirent une éponge et l’ayant fixée au bout d’une tige d’hysope, ils l’approchèrent de sa bouche.Il y avait là un vase…Autre trait spécial. La description est pittoresque, cf. 2, 6. Le vase était là, tout près de la croix. – Plein de vinaigre. Par « vinaigre » il faut entendre la « posca », breuvage acidulé des soldats romains, cf. Luc. 23, 36. Il y en avait une provision pour les bourreaux et les sentinelles. – Les soldats en remplirent une éponge et l’ayant fixée… Notre évangéliste expose en termes graphiques, comme S. Matthieu et comme S. Marc, la manière dont on s’y prit pour humecter les lèvres brûlantes de Jésus. Il emploie le pluriel, tandis que les deux autres narrateurs attribuent plus exactement ce trait de compassion à un seul des assistants. – au bout d’une tige d’hysope. La mention de l’hysope est une particularité de S. Jean (S. Matthieu et S. Marc parlent vaguement d’un roseau). Cette plante, d’après l’opinion la plus probable, appartient à la famille des Labiées, au genre « Origanum ». La tige est à peine longue de 30 à 50 centimètres ; ce qui suffisait d’ailleurs pour le but proposé, les croix étant d’ordinaire peu élevées. – ils  l’approchèrent de sa bouche. S. Matthieu et S. Marc ajoutent le trait d’ironie cruelle qui eut pour occasion la parole de Notre‑Seigneur : « Eli, Eli… ».

Jean 19.30 Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : « Tout est accompli » et baissant la tête, il rendit l’esprit.Quand Jésus eut pris le vinaigre. Détail spécial. Jésus avait refusé le breuvage narcotique qu’on lui avait offert avant de l’attacher à la croix (cf. Matth. 28, 34 et le commentaire) ; il accepte au contraire ce dernier rafraîchissement. – Il dit : Tout est accompli, cf. Ps. 30, 6. Accompli comme plus haut. Cette parole était dans le cœur de Jésus (v. 28). Maintenant il l’exprime par la bouche. Dans sa brièveté cette formule embrasse toute l’œuvre de N.-S. Jésus‑Christ, prédite par les prophéties et les figures de l’Ancien Testament, puis réalisée si adéquatement par lui. C’est tout ensemble un cri d’obéissance et de triomphe. – Et baissant la tête. Autre particularité si dramatique. Jusque‑là Jésus avait parfois tenu la tête un peu plus élevé sur la croix. – Il rendit l’esprit. Il le livra, le remit à son père, en pleine liberté, cf. Luc. 23, 46 ; Galates 2, 10 ; Éphésiens 5, 2, 25 ; 1 Pierre 2, 23, etc. « Il a déposé son âme quand il l’a voulu lui‑même », Origène. « Qui est‑ce qui s’endort à son gré, comme Jésus est mort au moment qu’il a choisi ? Qui est‑ce qui se dépouille d’un vêtement quand il le veut, comme Jésus s’est dépouillé de son corps à l’heure voulue par lui ? Qui est‑ce qui s’en va selon son désir, comme Jésus est sorti de ce monde lorsqu’il y a consenti ? », S. Augustin, Traités sur S. Jean, 119, 6. Aussi combien est grande l’erreur des exégètes qui, s’appuyant sur les assertions de quelques médecins anglais et allemands, prétendent que N.-S. Jésus‑Christ mourut de la rupture d’un anévrisme. Malgré les raisons ingénieuses par lesquelles on a essayé de défendre ce sentiment, il ne saurait résister à un examen sérieux, sous le double rapport de la pathologie et de la théologie. Des médecins célèbres l’ont réfuté, en prouvant que l’anévrisme suppose ou un âge avancé ou un état maladif, ce qui n’était nullement le cas pour N.-S. Jésus‑Christ. Les théologiens le rejettent aussi, parce qu’il contredit ce qui est communément enseigné sur la perfection du corps sacré de l’Homme‑Dieu. De même que Jésus n’était pas rentré en ce monde à la manière des autres hommes, il en sortit aussi d’une façon différente de la leur, par conséquent, pas par la maladie. 

Jean 19.31 Or, comme c’était la Préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car le jour de ce sabbat était très solennel, les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes aux crucifiés et qu’on les détachât. – Or… les Juifs… La particule Or rattache un nouveau projet des Juifs à tout ce qu’ils avaient fait antérieurement contre Jésus. – Comme c’était la préparation. Il n’y a pas d’article devant le mot grec correspondant à préparation : « parce que c’était une veille de sabbat ». Voyez le verset 14 et le commentaire. Cette circonstance est très favorable à l’opinion que nous avons essayé de défendre. – De peur que les corps ne restassent sur la croix. D’après la coutume romaine, les corps des crucifiés demeuraient assez longtemps sur la croix. C’était souvent la putréfaction qui les en faisait descendre, ou les bêtes fauves et les oiseaux de proie qui les en arrachaient : très rarement on les rendait à la famille. Au contraire, la loi juive s’opposait formellement à ce que le cadavre d’un supplicié passât la nuit au gibet. C’eût été une profanation pour la Terre sainte, cf. Deutéronome 21, 12 et ss. ; Flavius Josèphe Guerre des Juifs 4, 5, 2 ; Philon, In Flacc. – Pendant le sabbat. A cette circonstance générale s’ajoutait celle du sabbat, et d’un sabbat extraordinaire, comme le dit la parenthèse : car ce jour de sabbat était solennel. C’était en effet le samedi situé dans l’octave pascale, et les dirigeants juifs tenaient particulièrement à ce qu’il ne fût pas déshonoré. Ils n’avaient pas craint de commettre les plus grands forfaits, et un détail de casuistique les épouvante. cf. 18, 28. – Les Juifs demandèrent à Pilate. C’est la seconde requête qu’ils lui adressaient depuis peu, cf. 19, 21. – Qu’on rompît les jambes aux crucifiés. Ce supplice, que les Latins nommaient « crurifragium », était quelquefois infligé à part (cf. Suétone, Aug., 67 ; Sénèque, De ira, 3, 32) ; mais on s’en servait aussi pour hâter la mort des condamnés, quand on était pressé d’en finir : on compensait alors ce qui manquait à la durée du crucifiement par un redoublement de souffrances, cf. Lactance, Institions Divines, 4, 26. C’est à coups de massue que l’on brisait les os des jambes ; le patient ne tardait pas à expirer dans une affreuse agonie. Autrement, il pouvait vivre sur la croix vingt‑quatre, trente‑six, quarante‑huit heures, et même jusqu’à trois jours et trois nuits. Cette prolongation du supplice de la croix était proverbiale. « Mourir à petit feu, faire traîner sa vie en longueur, se consumer au milieu de supplices, périr membre après membre, et perdre son âme goutte à goutte ». Sénèque, lettre 101. – Et qu’on les détachât : de leurs croix.

Jean 19.32 Les soldats vinrent donc et ils rompirent les jambes du premier, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui.Les soldats vinrent donc… (Pilate ayant octroyé cette fois une demande qui lui semblait légitime). L’opinion la plus vraisemblable est que ces soldats formaient une nouvelle escouade, envoyée tout exprès pour le « crurifragium. » Il est dit, en effet, qu’ils « vinrent » ; de plus, le verset 33 contient une observation qui ne saurait guère convenir à ceux qui avaient opéré le crucifiement ; enfin ceux‑ci n’étaient sans doute pas munis des instruments spéciaux dont on se servait pour briser les jambes. – Et ils rompirent les jambes du premier, puis de l’autre. Il est très naturel que l’opération ait commencé par les malfaiteurs crucifiés à droite et à gauche de Jésus. Deux ou plusieurs soldats s’approchèrent des croix situées aux points extrêmes, de manière à se rejoindre ensuite vers celle du milieu, à laquelle Notre‑Seigneur était suspendu. Ces détails sont tout à fait pittoresques, et viennent directement d’un témoin oculaire. 

Jean 19.33 Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes. 34 Mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes. C’eût été un acte inutile, puisque le “crurifragium” avait précisément pour but d’accélérer la mort. – Mais un des soldats. On le nomme « Longin » dans le Martyrologe romain (15 mars). Les peintres ont grand tort de le représenter à cheval ; leur erreur provient des dimensions gigantesques que l’on a attribuées sans raison à la croix de N.-S. Jésus‑Christ. Voir, dans Baronius, Annal. ad ann. 34, n. 125, les légendes nombreuses rattachées à S. Longin. D’après Bartholinus, De latere Christi, c. 6, il y aurait eu, dans une église voisine de Lyon, un tombeau qui portait cette inscription : « Ici est gisant celui qui a percé d’une lance le côté du Sauveur » – Avec sa lance. En latin, lancea ; en grec, λόγχῃ . Plusieurs critiques font remonter à ce mot grec l’origine du nom de « Longin », cf. Calmet, Comment., h. l. – Lui transperça le côté. S. Augustin a fait saisissant commentaire de l’expression de la Vulgate lui « ouvrir » le côté (Traité 120 sur S. Jean, 2). « Percer, transpercer » : verbe employé en ce seul endroit du N. T. ). D’ailleurs, nous verrons plus bas, 20, 27, que le fer de la lance produisit une large ouverture dans la poitrine sacrée de Jésus, puisque S. Thomas avait pu y introduire sa main entière. De quel côté le coup fut‑il porté ? Au premier abord, il semblerait plus naturel de supposer que ce fut du côté gauche, puisque le soldat, debout devant la croix, tenait la lance de la main droite. La traduction éthiopienne et les Évangiles apocryphes de l’Enfance de Jésus et de Nicodème affirment au contraire que c’est le côté droit qui fut percé, et cette ancienne croyance a dû s’appuyer sur une base historique. Divers auteurs ont émis les deux opinions, en disant avec Prudence (De passione Chr., hymn. 8) : Passant d’un côté à l’autre, de l’eau et du sang coulèrent. Voyez Calmet et Cornel. a Lapide, h. l. Le but que se proposait le soldat était de rendre la mort complètement certaine, comme l’on fait par ce qu’on appelle le « coup de grâce ». – Et aussitôt… A la manière dont S. Jean note le trait qui suit, on voit qu’il le trouva très extraordinaire ; rien ne prouve cependant qu’il lui imputait un caractère miraculeux (Origène, Théophylacte, Euthymius, Meyer, Alford, Keil, etc.). – Il en sortit du sang et de l’eau. Ces deux liquides, le sang et l’eau, coulèrent simultanément de la plaie béante, mais tout en demeurant distincts pour le regard des témoins. Par « eau » il faut entendre la lymphe, qui contient en effet neuf parties d’eau sur dix ; non toutefois le « serum » séparé du « cruor », car cela eût marqué un commencement de décomposition qui ne pouvait avoir lieu en aucune manière. De ce détail les médecins ont conclu que le péricarde, sac membraneux qui enveloppe le cœur, dut être touché par la lance, de quelque côté d’ailleurs que le coup eût été frappé. – Dans le sang et l’eau qui sortirent du côté de N.-S. Jésus‑Christ, les SS. Pères ont trouvé les plus touchants symboles. Ils y ont vu tantôt l’Église formée « du côté du Christ endormi », de même qu’Eve était née « du côté d’Adam » (Apollinaire de Laodicée, Tertullien, Théophylacte, S. Augustin, etc.), tantôt le double baptême « d’eau et de sang » (Tertullien, S. Cyrille de Jérusalem, S. Cyprien, S. Jérôme, etc. ), tantôt et le plus souvent les deux sacrements du Baptême et de l’Eucharisitie (S. Jean Damascène, S. Augustin, Euthymius, etc.). « Par là s’accomplit un grand et ineffable mystère : car « il en sortit du sang et de l’eau ». Ce n’est pas sans sujet ou par hasard que ces deux sources ont coulé de l’ouverture du sacré côté du Sauveur : c’est d’elles que l’Église a été formée. Ceux qui sont initiés, ceux qui ont reçu le saint baptême, entendent bien ce que je dis : eux qui ont été régénérés par l’eau, et qui sont nourris de ce sang et de cette chair. C’est de cette heureuse et féconde source que coulent nos mystères et nos sacrements, afin que, lorsque vous approcherez de notre redoutable coupe, vous y veniez de même que si vous deviez boire à ce sacré flanc », S. J. Chrysostome, Homélie sur S. Jean 85, 3. C’est en grande partie pour perpétuer le souvenir de ce mystère que l’Église ordonne à ses prêtres de verser quelques gouttes d’eau dans le vin du saint sacrifice. Dans la liturgie romano‑lyonnaise, le célébrant récite en même temps une prière dont voici le début : « Du côté de notre Seigneur Jésus Christ sortirent du sang et de l’eau pour la rédemption du monde ».

Jean 19.35 Et celui qui l’a vu en rend témoignage et son témoignage est vrai et il sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi, vous croyiez.Celui qui l’a vu. Après avoir signalé le fait, S. Jean insiste dans les termes les plus solennels sur sa réalité incontestable. Le narrateur, dit‑il, avait été un témoin oculaire (cf. 1 Jean 1, 1-3), et l’on ne saurait mettre en doute la vérité de son témoignage. C’est bien ainsi, d’une manière indirecte, que notre évangéliste parle de lui‑même dans son récit, cf. 1, 37-40 ; 13, 23-26 ; 21, 7, 20-24. – En rend témoignage et son témoignage est vrai. Ἀληθινή (véridique), un des mots favoris de S. Jean, ne signifie pas seulement « vrai », mais « doué de toutes les qualités requises pour être bon », cf. 1, 9 ; 8, 16. – Et il sait qu’il dit vrai. Le pronom appuie de nouveau sur l’idée. Lui, qui a vu de ses propres yeux, il sait mieux que personne quelles garanties présente son témoignage. – Afin que, vous aussi, vous croyiez. « Vous » se rapporte aux lecteurs ; S. Jean voudrait que leur foi en N. S. Jésus‑Christ fût aussi vive et forte que la sienne, et c’est précisément dans ce but, dit‑il, qu’il leur présente son attestation de témoin oculaire. Son témoignage avait en effet la plus grande valeur ; non pas tant, comme on l’a dit, pour témoigner, contre les Docètes que Jésus était muni d’un corps réel, matériel, ou pour prouver que le Christ était vraiment mort et vraiment ressuscité (cf. Ps. 15, 16), que pour insister sur l’accomplissement des prophéties messianiques relatées aux versets 36 et 37 (« car ces choses sont arrivées », verset 36). – L’évangéliste revient ailleurs, et en termes non moins solennels, sur ce précieux détail de la Passion. 1 Jean 5, 6 C’est ce même Jésus-Christ qui est venu par l’eau et par le sang, non avec l’eau seulement, mais avec l’eau et avec le sang. Et c’est l’Esprit qui rend témoignage, parce que l’Esprit est la vérité. 7 Car il y en a trois qui rendent témoignage [dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit et ces trois sont un. 8 Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre] : l’Esprit, l’eau et le sang et ces trois sont d’accord.

Jean 19.36 Car ces choses sont arrivées afin que l’Écriture fût accomplie : « Aucun de ses os ne sera rompu. »Car ces choses ont été faites… : Les faits contenus dans les versets 33 et 34. S. Jean va relever une merveilleuse et providentielle coïncidence. Comme nous venons de le dire, la particule « car » retombe sur les mots « afin que vous croyiez » du verset précédent. – Afin que l’Écriture fût accomplie : le verbe πληρωθῇ (accomplie), employé au passage analogue 13, 18, et si souvent dans le premier évangile (cf. Matth. 2, 15, 17, 23 ; 4, 14 ; 13, 14), exprime la réalisation d’une prophétie isolée ; plus haut, verset 28, nous lisions τελειωθῇ (voyez la note). – Aucun de ses os ne sera rompu. Quelques exégètes croient ce texte emprunté au Ps. 33, 21 : « Il veille sur chacun de ses os (du juste) : pas un ne sera brisé ». La plupart des anciens et des modernes le retrouvent dans les deux passages Exode 12, 46, et Nombres 9, 12, relatifs à l’agneau pascal, qui était le type du Messie, cf. 1 Corinthiens 5, 7. Voyez aussi Jean 1, 29, 36, où Jésus est appelé l’agneau de Dieu. On prenait, d’après ces injonctions du Pentateuque, les plus grands soins pour ne pas briser les os de la victime pascale ; le Talmud édicte même à ce sujet des pénalités sévères, telles que la bastonnade.  On était censé faire une injure à Dieu quand on mutilait ainsi une victime sacrifiée en son honneur. 

Jean 19.37 Et il est encore écrit ailleurs : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. »Et il est encore écrit ailleurs… Il s’agit de Zacharie, 12, 10, où il est directement question du Messie : les Rabbins eux‑mêmes en conviennent, tr. Juccoth, 52, a, cf. Apocalypse 1, 7. La citation est faite assez librement, et diffère soit de l’hébreu, soit des Septante. – Ils regarderont : regards de regrets et de désirs, signe d’une prochaine conversion. – Celui qu’ils ont transpercé. Ce dernier mot était le principal pour S. Jean. En grec, ils ont profondément percé, expression plus forte qu’au verset 34 (elle n’apparaît que deux fois dans le N. T., ici et Apocalypse 1, 7). Les traducteurs alexandrins ont beaucoup adouci la pensée (celui qu’ils ont bravé). Voyez dans Zacharie 12, 6-14, la suite si énergique de ce beau passage.

Jean 19.38 Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate d’enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc et prit le corps de Jésus. – Jean 19, 38-42. = Matth. 27, 57-61 ; Marc. 15, 42-57 ; Luc. 23, 50-56. – Après cela sert de transition. – Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus. Dans le grec, avec deux articles, pour marquer le personnage déjà si connu par les narrations synoptiques : Joseph, un homme riche, influent, membre du Sanhédrin, cf. 12, 42, où il est positivement affirmé que plusieurs des Sanhédristes croyaient en Jésus. Sur la situation d’Arimathie, cf. commentaire S. Matth. 27, 57. – Qui était disciple de Jésus… Motif pour lequel il fit cette démarche auprès du gouverneur. Les mots mais en secret contiennent une sorte de restriction rétrospective. Jusqu’alors Joseph, plus encore que Nicodème son collègue, avait tenu cachés ses sentiments à l’égard de Jésus. Un certain respect humain l’arrêtait (par crainte des Juifs). Mais voici que la mort du divin Maître a raffermi son courage au lieu de l’ébranler : « ayant osé » dit S. Marc, il vint demander à Pilate l’autorisation de prendre le corps de Jésus pour ensevelir ensuite ce corps sacré. – Et Pilate le permit. Cicéron raconte (In Verr. 5, 45, 51) que parfois cette permission coûtait des sommes énormes, Pilate se montra généreux, « il permit à Joseph de prendre le corps », ainsi que le raconte S. Marc. 15, 45. – Il vint donc. Il se hâta d’aller au Calvaire, et soit en personne, soit en dirigeant cette délicate opération, il prit le corps de Jésus (répétition qui est d’un douloureux effet). La croix était abaissée (Act. Pilati), puis étendue à terre (Quintil. Declam. 6, 9) ; on arrachait alors commodément les clous (c. Tryph. 108 ; « déclouer des croix », Sénèque, Vit. Beata, 19 ; etc.). 

Jean 19.39 Nicodème, qui était venu la première fois trouver Jésus de nuit, vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres.Nicodème, qui était venu la première fois. S. Jean est seul à mentionner la part que prit Nicodème à la sépulture de Notre Seigneur. Membre du Grand Conseil, lui aussi, Nicodème connaissait Joseph et ses dispositions à l’égard de Jésus : ils s’associent pour cette œuvre courageuse. – trouver Jésus de nuit. Voyez 3, 2 et le commentaire. Actuellement il ne craint pas de manifester au grand jour ses sentiments de disciple dévoué. – La première fois rappelle la première entrevue, et les révélations si intimes de Jésus. En ce moment Nicodème devait comprendre sans peine ce que signifiait l’élévation mystérieuse de Fils de l’homme à l’instar du serpent d’airain, cf. 3, 14. – Apportant… un mélange de myrrhe… Détails propres au quatrième évangile. La myrrhe, qui avait été apportée au berceau de Jésus (Matth. 2, 11), embauma également son tombeau. C’est une gomme aromatique fournie par le « Balsamodendron myrrha ». – Et d’aloès. Autre matière grasse et résineuse qui répandait une agréable odeur : on la trouve dans le bois de l’ « Aquilaria Agallochum », plante originaire des Indes. On pulvérisait ces parfums, et on en saupoudrait les linceuls et les bandelettes qui entouraient le mort, cf. verset 40. On en brûlait aussi une certaine quantité sur des réchauds ou cassolettes. – Environ cent livres. La « livre » équivalant à 453 grammes (cf. 12, 3), cela faisait une quantité énorme, vraiment princière, plus de 45 kilos (2 Chroniques 16, 14) ; mais, par cette profusion même, on se proposait de mieux honorer le corps sacré du Maître. De plus, cet embaumement n’était que provisoire à cause de la proximité du sabbat (cf. Luc. 23, 54) : on pouvait le compléter vingt‑quatre heures plus tard ; dans l’intervalle, on pensait préserver la sainte dépouille par l’accumulation des parfums.

Jean 19.40 Ils prirent donc le corps de Jésus et l’enveloppèrent dans des linges, avec les aromates, selon la manière d’ensevelir en usage chez les Juifs.Ils prirent donc… Le verset 38 nous avait montré Joseph seul à l’œuvre ; Nicodème agit maintenant de concert avec son ami. – Et l’enveloppèrent dans des linges, cf. 11, 44 et le commentaire ; Luc. 24, 12. Les synoptiques ne parlent ici que du « sindon » ou grand linceul qui enveloppa tout le corps ; les ὀθόνιον étaient au contraire des bandelettes, dont chaque membre était entouré à part. – Avec des aromates ainsi qu’il a été expliqué au verset 39. – selon la manière d’ensevelir en usage chez les Juifs. Ce trait est ajouté pour les lecteurs non juifs. Les Israélites avaient, comme les Égyptiens et tous les peuples de l’antiquité, leurs coutumes funéraires spéciales ; les détails n’en sont pas très connus. Le verbe grec correspondant à ensevelir n’est employé qu’ici et Matth. 26, 12.

Jean 19.41 Or, au lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et dans le jardin un tombeau neuf, où personne n’avait encore été mis. – Après avoir raconté l’embaumement de Jésus, S. Jean parle du tombeau où on le déposa. – Or, au lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin. Trait spécial. Les diagrammes du Saint‑Sépulcre. La distance qui séparait le tombeau du lieu où il avait été crucifié était d’environ 30m. – Et dans le jardin un tombeau neuf. Ce tombeau neuf, taillé dans le roc (cf. Matth. 27, 69), appartenait, comme sans doute aussi le jardin, à Joseph d’Arimathie. – Où personne n’avait encore été mis, cf. Luc. 23, 53. Ces mots insistent sur l’idée importante qu’insinuait déjà l’adjectif « neuf ». La résurrection de Jésus était plus parfaitement constatée, s’il était démontré que « Dans ce monument, personne avant lui et personne après lui n’a été enseveli », S. Augustin d’Hippone, h. l.

Jean 19.42 C’est là, à cause de la Préparation des Juifs, qu’ils déposèrent Jésus, parce que le tombeau était proche.C’est là : dans ce tombeau neuf et inoccupé. – À cause de la Préparation des Juifs. C’est-à-dire, à cause de la grande hâte qu’occasionnait la prochaine arrivée du repos sabbatique. Voyez le verset 31 et la note correspondante. – Parce que le tombeau était proche. On n’avait que quelques pas à faire, et ce tombeau convenait de toutes manières. – Ils déposèrent Jésus. Les trois autres évangélistes terminent par une formule analogue leur récit de la sépulture du Christ. 

Bible de Rome
Bible de Rome
La Bible de Rome réunit la traduction révisée 2023 de l’abbé A. Crampon, les introductions et commentaires détaillés de l’abbé Louis-Claude Fillion sur les Évangiles, les commentaires des Psaumes par l’abbé Joseph-Franz von Allioli, ainsi que les notes explicatives de l’abbé Fulcran Vigouroux sur les autres livres bibliques, tous actualisés par Alexis Maillard.

Sommaire (cacher)

A lire également

A lire également