Psaume hébreu N°106
(Psaume N°105 dans la Vulgate)
1 Alléluia. Célébrez le Seigneur, car il est bon, car sa miséricorde est éternelle. Louez Dieu ! Comp. ce psaume avec les psaumes 77 et 104. 2 Qui dira les hauts faits du Seigneur, qui publiera toute sa gloire ? 3 Heureux ceux qui observent la loi, qui accomplissent la justice en tout temps. 4 Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ta bonté pour ton peuple, visite-moi avec ton secours, Avec votre assistance salutaire 5 afin que je voie le bonheur de tes élus, que je me réjouisse de la joie de ton peuple et que je me glorifie avec ton héritage. A cause du peuple qui est votre héritage (Ps. Hébreux 79, 2), à cause des grandes choses que vous avez opérées en sa faveur. 6 Nous avons péché comme nos pères, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait le mal. 7 Nos pères en Égypte n’eurent pas d’égard à tes prodiges, ils ne se souvinrent pas de la multitude de tes grâces, ils se sont révoltés à la mer, à la mer Rouge. 8 Il les sauva pourtant à cause de son nom, pour faire éclater sa puissance. A cause de lui-même, car il est miséricorde et amour. 9 Il menaça la mer Rouge et elle se dessécha et il les fit marcher à travers l’abîme comme dans un désert. Il commanda, avec sa puissance, à la mer Rouge. 10 Il les sauva de la main de celui qui les haïssait, il les délivra de la main de l’oppresseur. 11 Les flots couvrirent leurs adversaires, pas un seul n’échappa. 12 Ils crurent alors à ses paroles, ils chantèrent ses louanges. 13 Mais ils oublièrent bientôt ses œuvres, ils n’attendirent pas qu’il exécutât ses desseins. Ils n’attendirent pas avec patience que Dieu exécutât ses desseins ; ils se laissèrent déconcerter par les obstacles, et ils ne comprirent pas que c’est à travers les obstacles et les tribulations que les voies de Dieu conduisent au terme. C’est par la patience que nous portons du fruit. 14 Ils furent pris de convoitise dans le désert et ils tentèrent Dieu dans la solitude. 15 Il leur accorda ce qu’ils demandaient, mais il les frappa de dépérissement. Voir Ps 77, 18, 20. 16 Puis ils furent jaloux de Moïse dans le camp et d’Aaron, le saint du Seigneur. 17 La terre s’ouvrit et engloutit Dathan et elle se referma sur la troupe d’Abiron. 18 Le feu dévora leur troupe, la flamme consuma les méchants. 19 Ils firent un veau au mont Horeb, ils se prosternèrent devant une image de métal fondu. 20 Ils échangèrent leur gloire contre la figure d’un bœuf qui mange l’herbe. Leur gloire : le Dieu glorieux, infini. Voir Romains 1, 23. On peut dire d’une certaine manière la même chose de ces chrétiens qui tournent le dos à Dieu, et qui prostituent leur cœur au monde, aux plaisirs et aux richesses et aux honneurs d’ici-bas. 21 Ils oublièrent Dieu, leur sauveur, qui avait fait de grandes choses en Égypte, 22 des miracles dans le pays de Cham, des prodiges à la mer Rouge. 23 Il parlait de les exterminer, si Moïse, son élu, ne se fût tenu sur la brèche devant lui, pour empêcher sa colère de les détruire.L’image est prise d’un mur emporté d’assaut auquel on a fait brèche, et où un soldat valeureux se présente pour repousser ceux qui se précipitent dans la place (Voir Ézéchiel 13, 5 ; 22, 30). Ici Dieu est l’ennemi qui veut pénétrer, Moïse, le défenseur qui se tient sur la brèche et demande grâce (Voir Exode 32, 10. 32). Telle est la force de la prière des Saints (Augustin). 24 Ils dédaignèrent la terre de délices, ils ne crurent pas à la parole du Seigneur. Voir Nombres 14, 3. 4. 25 Ils murmurèrent dans leurs tentes et n’obéirent pas à sa voix. 26 Alors il leva la main contre eux, jurant de les faire périr dans le désert, Voir Nombres 14, 28-30. 27 de faire périr leur race parmi les nations et de les disperser en d’autres contrées. Voir Lévitique 26, 33. 28 Ils s’attachèrent à Béelphégor et mangèrent des victimes offertes aux morts.Un dieu de la volupté. Il représentait vraisemblablement le soleil, comme étant la force génératrice de la nature (Voir Nombres 25). Ils mangèrent des victimes des idoles mortes, au lieu de manger des sacrifices du Dieu vivant. 29 Ils irritèrent le Seigneur par leurs actions et un fléau fit irruption parmi eux. Ils furent frappés d’un grand châtiment. 30 Phinées se leva et donna satisfaction et le fléau fut arrêté. 31 Cette action fut imputée à justice, d’âge en âge, à jamais. 32 Ils irritèrent le Seigneur aux eaux de Mériba et Moïse eut à souffrir à cause d’eux 33 car ils aigrirent son esprit et il prononça des paroles inconsidérées. Il douta s’il serait possible à Dieu de faire sortir de l’eau du rocher (Voir Nombres 20, 10). 34 Ils n’exterminèrent pas les peuples que le Seigneur leur avait ordonné de détruire. 35 Ils se mêlèrent aux nations et ils apprirent leurs œuvres. 36 Ils servirent leurs idoles, qui furent pour eux un piège. Une occasion de séduction. 37 Ils immolèrent leurs fils et leurs filles aux démons. Voir Ps. Hébreux 96, 5. Deutéronome 32, 17. Le Chantre sacré veut parler spécialement du culte de Moloch, dans lequel les parents faisaient brûler leurs enfants devant les idoles (Voir Lévitique 18, 21). 38 Ils versèrent le sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles, qu’ils sacrifiaient aux idoles de Canaan et le pays fut profané par des meurtres. 39 Ils se souillèrent par leurs œuvres, ils se prostituèrent par leurs actions. Ils abandonnèrent Dieu, qui était leur véritable époux, et ils s’attachèrent aux idoles (Voir Exode 34, 16. Lévitique 17, 7). 40 La colère du Seigneur s’alluma contre son peuple et il prit en horreur son héritage. 41 Il les livra entre les mains des nations, ceux qui les haïssaient dominèrent sur eux. 42 Leurs ennemis les opprimèrent et ils furent humiliés sous leur main. 43 Bien des fois il les délivra, mais ils furent rebelles dans leurs desseins et se perdirent par leurs iniquités. Ils se précipitèrent dans la misère par leurs iniquités. 44 Néanmoins, il regarda leur détresse, lorsqu’il entendit leurs supplications. 45 Il se souvint en leur faveur de son alliance, il eut pitié d’eux selon sa grande bonté 46 et il en fit l’objet de ses miséricordes, devant tous ceux qui les tenaient captifs. Comme devant Cyrus, Darius, etc. (Voir le livre d’Esdras). 47 Sauve nous Seigneur, notre Dieu et rassemble-nous du milieu des nations, afin que nous célébrions ton saint nom et que nous mettions notre gloire à te louer. Les nations qui nous retiennent présentement en captivité. Le psaume fut vraisemblablement composé durant la captivité de Babylone. Le chrétien peut sur ces passages, se souvenir de ses frères que Dieu rassemblera encore un jour du milieu de tous les peuples, afin qu’il n’y ait qu’une seule bergerie et qu’un seul troupeau. 48 Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël, d’éternité en éternité et que tout le peuple dise : Amen. Alléluia. C’est par cette formule de bénédictions que se termine le quatrième livre des Psaumes (Voir Ps. Hébreux 41, 14).
Psaume hébreu N°107
(Psaume N°106 dans la Vulgate)
1 Célébrez le Seigneur, car il est bon, car sa miséricorde est éternelle. Dans ce psaume, suivant le sens prochain, les Juifs de retour de la captivité de Babylone rendent grâces à Dieu de ce que, lorsqu’ils étaient bannis (v. 4-7), captifs (v. 10-14), faibles jusqu’à la mort (v. 18-20), battus par la tempête (v. 23-30), il les a délivrés et a comblé de nouveau leur terre de bénédictions (v. 33-43) ; dans le sens plus élevé, c’est l’expression de la reconnaissance de ceux que Jésus-Christ a rachetés de la misère du péché. Le psaume est un hymne divisé en strophes, où les versets 1-3 forment le préambule ; les versets 4-7, 10-14, 18-20, 23-30 les strophes ; les versets 8. 9. 15-17. 21. 22. 31. 32. Le refrain, enfin les versets 33-43 la conclusion générale. 2 Qu’ainsi disent les rachetés du Seigneur, ceux qu’il a rachetés des mains de l’ennemi 3 et qu’il a rassemblés de tous les pays, de l’orient et de l’occident, du nord et de la mer. c’est-à-dire de la mer du Sud, du Midi, comme porte une autre leçon de l’hébreu. Cependant la mer prise pour la région de l’Occident, qu’elle désigne souvent, offre aussi un bon sens, attendu surtout que les contrées septentrionales et occidentales de la terre sont celles où l’Église chrétienne s’est répandue (Voir Isaïe 49, 12). 4 Ils erraient dans le désert, dans un chemin solitaire, sans trouver une ville à habiter.Errer dans le désert est, de même que souffrir la faim et la soif, l’image de la misère. Ils ne trouvaient pas de lieu habité. L’homme est errant dans ce monde aussi longtemps qu’il n’a pas trouvé la cité de Dieu : la cité de la foi, de l’espérance et de la charité, l’Église, qui seule peut apaiser la faim et la soif de son esprit. 5 En proie à la faim, à la soif, ils sentaient leur âme défaillir. 6 Dans leur détresse, ils crièrent vers le Seigneur et il les délivra de leurs angoisses. 7 Il les mena par le droit chemin, pour les faire arriver à une ville habitable. 8 Qu’ils louent le Seigneur pour sa bonté et pour ses merveilles en faveur du fils de l’homme.C’est le membre de la strophe qui en forme la conclusion. 9 Car il a désaltéré l’âme altérée et comblé de biens l’âme affamée. 10 Ils habitaient les ténèbres et l’ombre de la mort, prisonniers dans la souffrance et dans les fers. Ce sont des images de la captivité. 11 Parce qu’ils s’étaient révoltés contre les oracles de Dieu et qu’ils avaient méprisé le conseil du Très-Haut, 12 il humilia leur cœur par la souffrance, ils s’affaissèrent et personne ne les secourut. 13 Dans leur détresse, ils crièrent vers le Seigneur et il les sauva de leurs angoisses. 14 Il les tira des ténèbres et de l’ombre de la mort et il brisa leurs chaînes. 15 Qu’ils louent le Seigneur pour sa bonté et pour ses merveilles en faveur des fils de l’homme. 16 Car il a brisé les portes d’airain et mis en pièces les verrous de fer. 17 Les insensés par leur conduite criminelle et par leurs iniquités, ils avaient attiré sur eux la souffrance. Les insensés, cela a été à cause de leur conduite coupable, à cause de leurs iniquités, qu’ils ont été affligés. 18 Leur âme avait en horreur toute nourriture et ils touchaient aux portes de la mort. La tristesse était cause qu’ils ne pouvaient plus prendre de nourriture, et ils étaient malades jusqu’à la mort. 19 Dans leur détresse, ils crièrent vers le Seigneur et il les sauva de leurs angoisses. 20 Il envoya sa parole et il les guérit et il les fit échapper de leurs tombeaux. Les Pères de l’Église entendent aussi par cette parole le Verbe éternel, la seconde personne en Dieu, que Dieu le Père a envoyé pour notre délivrance (Voir Sagesse 16, 12. Matthieu 8, 8. Jean 1, 14). 21 Qu’ils louent le Seigneur pour sa bonté et pour ses merveilles en faveur des fils de l’homme. 22 Qu’ils offrent des sacrifices d’actions de grâce et qu’ils publient ses œuvres avec des cris de joie. 23 Ils étaient descendus sur la mer dans des navires, pour faire le négoce sur les vastes eaux, Ils étaient comme des marins qui sur la mer ont beaucoup de peine pour conduire leur navire, et courent de grands dangers. Nous ressemblons tous à des voyageurs, qui sur la mer orageuse de cette vie sont exposés à beaucoup de périls, jusqu’à ce que nous entrions dans le port du salut. 24 ceux-là ont vu les œuvres du Seigneur et ses merveilles au milieu de l’abîme. Ils ont vu la toute-puissance de Dieu, comme il va suivre : à savoir le pouvoir qu’il a de soulever et d’apaiser la tempête. 25 Il dit et il fit lever un vent de tempête qui souleva les flots de la mer. 26 Ils montaient jusqu’aux cieux, ils descendaient dans les abîmes, leur âme défaillait dans la peine. 27 Saisis de vertige, ils chancelaient comme un homme ivre et toute leur sagesse était anéantie. 28 Dans leur détresse, ils crièrent vers le Seigneur et il les tira de leurs angoisses. 29 Il changea l’ouragan en brise légère et les vagues de la mer se turent. 30 Ils se réjouirent en les voyant apaisées et le Seigneur les conduisit au port désiré. 31 Qu’ils louent le Seigneur pour sa bonté et pour ses merveilles en faveur des fils de l’homme. 32 Qu’ils l’exaltent dans l’assemblée du peuple et qu’ils le célèbrent dans le conseil des anciens. 33 Il a changé les fleuves en désert et les sources d’eau en sol aride. 34 Le pays fertile en plaine de sel à cause de la méchanceté de ses habitants. Un sol empreint de sel est stérile (Voir Deutéronome 29, 23. Genèse 13, 10. Juges 9, 45). 35 Il a fait du désert un bassin d’eau et de la terre aride un sol plein de sources. Le sens des versets 33-35 est : Dieu, à cause de nos péchés, a désolé et dépeuplé notre pays ; maintenant il l’a repeuplé. S. Augustin et S. Jérôme font l’application de ce passage à la synagogue judaïque, et à l’Église formée des païens. La première fut au début abondamment arrosée, mais plus tard elle devint aride ; au contraire la dernière était au commencement faible et à peine visible ; mais avec le temps elle se distingua par sa fécondité, et fut riche en eaux vivifiantes. Nous habitons présentement dans le sein de cette Église arrosée des eaux divines (Jean 4, 10) ; mais prenons garde de ne pas tomber par notre faute dans l’aridité et la stérilité des Juifs ; et si la corruption de notre cœur arrête l’effusion salutaire des eaux vivifiantes de l’Esprit-Saint, tournons nos yeux vers la bonté et la puissance de celui qui change les déserts en mer, et la terre aride en sources d’eau vive. 36 Il y établit les affamés et ils fondèrent une ville pour l’habiter. 37 Ils ensemencèrent des champs et ils plantèrent des vignes et ils recueillirent d’abondantes récoltes. 38 Il les bénit et ils se multiplièrent beaucoup et il ne laissa pas diminuer leurs troupeaux. 39 Ils avaient été réduits à un petit nombre et humiliés, sous l’accablement du malheur et de la souffrance. Dans le temps de la captivité. 40 Il avait répandu la honte sur leurs princes, il les avait fait errer dans des déserts sans chemins. Dieu avait répandu le mépris sur les princes, et les avait fait errer dans des lieux vastes et déserts, où il n’y avait pas de chemin, c’est-à-dire ils flottaient indécis par un défaut absolu de courage et de conseil. 41 Mais il a relevé le malheureux de la misère et il a rendu les familles pareilles à des troupeaux. Il les a rendus aussi nombreux que des troupeaux de brebis (Augustin, Théodoret). 42 Les hommes droits le voient et se réjouissent et tous les méchants ferment la bouche. Tous les méchants demeureront muets de confusion. 43 Que celui qui est sage prenne garde à ces choses et qu’il comprenne les bontés du Seigneur. Qui méditera sur les voies et la conduite de Dieu, telles qu’elles apparaissent dans l’histoire de tous les peuples et de la vie propre de chacun ? Celui qui le fait apprendra à connaître et à admirer la grandeur de la miséricorde et de la bonté de Dieu.
Psaume hébreu N°108
(Psaume N°107 dans la Vulgate)
1 Cantique, psaume de David. Ce psaume est composé de fragments tirés de Ps. Hébreux 57, 8-12, et Ps. 60, 7-14, avec de légers changements. Le Chantre sacré s’engage à louer Dieu au sujet de la rédemption de tous les peuples (4, 7) par sa miséricorde et sa vérité (5) ; cette rédemption aura lieu, parce que Dieu a promis la réunion des nations à son peuple (8-9) et l’assujettissement du paganisme (11). 2 Mon cœur est affermi, ô Dieu, je chanterai et ferai retentir de joyeux instruments. Debout, ma gloire. Ma gloire : mon âme, c’est-à-dire de toute mon âme (Voir Ps. Hébreux 66, 9). 3 Éveillez-vous, ma lyre et ma harpe, que j’éveille l’aurore. 4 Je te louerai parmi les peuples, Seigneur, je te chanterai parmi les nations. 5 Car ta bonté s’élève au-dessus des cieux et ta fidélité jusqu’aux nuages. 6 Élève-toi au-dessus des cieux, ô Dieu, que ta gloire brille sur toute la terre 7 afin que tes bien-aimés soient délivrés, sauve par ta droite et exauce-moi. 8 Dieu a parlé dans sa sainteté : « Je tressaillirai de joie, j’aurai Sichem en partage, je mesurerai la vallée de Succoth. 9 Galaad est à moi, à moi Manassé, Éphraïm est l’armure de ma tête et Judas mon sceptre. 10 Moab est le bassin où je me lave, sur Édom je jette ma sandale, sur la terre des Philistins je pousse des cris de joie. » 11 Qui me mènera à la ville forte ? Qui me conduira à Édom ? 12 N’est-ce pas toi, ô Dieu, qui nous avais rejetés, ô Dieu qui ne sortais plus avec nos armées ? 13 Prête-nous ton secours contre l’oppresseur. Le secours de l’homme n’est que vanité. 14 Avec Dieu nous accomplirons des exploits, il écrasera nos ennemis.
Psaume hébreu N°109
(Psaume N°108 dans la Vulgate)
1 Au maître de chant, psaume de David. Dieu de ma louange, ne garde pas le silenceCe que, dans ce psaume, David prédit dans le sens prochain contre ses ennemis et spécialement contre l’un d’eux (peut-être Doëg, cf. 1 Samuel 21, 7), est, dans un sens plus complet, une prophétie du Christ contre les ennemis de sa domination, spécialement contre Judas (Act. 1, 20. Jean 17, 12). Augustin, Théodoret. Le chrétien peut se servir de ce psaume comme de prière au nom de l’Église, et louer ainsi les justes jugements dont Dieu frappe ses ennemis, qui ne veulent pas revenir à de meilleurs sentiments. 2 car la bouche du méchant, la bouche du perfide, s’ouvre contre moi. Ils parlent contre moi avec une langue de mensonge, 3 ils m’assiègent de paroles haineuses et ils me font la guerre sans motif. 4 En retour de mon affection, ils me combattent et moi, je ne fais que prier. David priait ; ainsi fit Jésus-Christ encore sur la croix, nous apprenant par là comment nous devons répondre à la calomnie et à la haine par une prière unanime et fervente, afin de ne pas succomber sous le mal, mais de vaincre le mal par le bien. 5 Ils me rendent le mal pour le bien et la haine pour l’amour. 6 Mets-le au pouvoir d’un méchant et que l’accusateur se tienne à sa droite. Établissez sur les pécheurs un maître puissant et dur. Il ne faut pas voir dans les versets qui vont suivre 6-19, des malédictions qui auraient leur principe dans un cœur avide de vengeance ; ni David ni Jésus-Christ (v. 4-5) n’avaient un cœur ainsi fait ; mais une prophétie que Dieu allait faire éclater les châtiments dont il a menacé dans la loi ses ennemis qui ne voudraient pas se corriger. Quelques exégètes comptent dans ces versets trente sortes de châtiments, correspondant aux trente pièces d’argent, au prix desquelles Judas vendit le Seigneur. 7 Quand on le jugera, qu’il sorte coupable et que sa prière soit réputée péché. Que sa prière pour demander pardon (laquelle est faite sans la grâce de Dieu, sans une humilité et une sincérité véritable), ne serve qu’à irriter encore davantage son juge. Ce fut ce qui arriva à Judas d’après Matthieu 27, 4. 8 Que ses jours soient abrégés et qu’un autre prenne sa charge. Voir Actes 1, 20. 9 Que ses enfants deviennent orphelins, que son épouse soit veuve. 10 Que ses enfants soient vagabonds et mendiants, cherchant leur pain loin de leurs maisons en ruines. 11 Que le créancier s’empare de tout ce qui est à lui et que les étrangers pillent ce qu’il a gagné par son travail. Que le créancier qui lui a prêté de l’argent prenne ses biens en gage. 12 Qu’il n’ait personne qui lui garde son affection, que nul n’ait pitié de ses orphelins. 13 Que ses descendants soient voués à la ruine et que leur nom soit effacé à la seconde génération. 14 Que l’iniquité de ses pères reste en souvenir devant le Seigneur et que la faute de leur mère ne soit pas effacée. 15 Qu’elles soient toujours devant le Seigneur et qu’il retranche de la terre leur mémoire. Que leurs fautes restent présentes aux yeux du Seigneur, que le souvenir de chaque pécheur soit effacé. 16 Parce qu’il ne s’est pas souvenu d’exercer la miséricorde, parce qu’il a persécuté le malheureux et l’indigent et l’homme au cœur brisé pour le faire mourir. le Chantre sacré et ceux qui lui ressemblent : dans le sens plus élevé Jésus-Christ qui, pauvre lui-même, a prêché l’Évangile aux pauvres. 17 Il aimait la malédiction, elle tombe sur lui. Il dédaignait la bénédiction, elle s’éloigne de lui. Il a maudit le pauvre ; que la malédiction retombe pareillement sur lui. 18 Il s’est revêtu de la malédiction comme d’un vêtement, comme l’eau elle entre au-dedans de lui, et comme l’huile elle pénètre dans ses os. Sous les images du vêtement dont on se revêt, de l’eau que l’on boit, puis de l’huile dont on s’oint, le Chantre sacré veut figurer la force de la malédiction qui s’empare du méchant, pénètre pour ainsi dire dans sa chair et dans son sang, et ne l’abandonne jamais (Chrysostome, Théodoret). 19 Qu’elle soit pour lui le vêtement qui l’enveloppe, la ceinture qui ne cesse de l’entourer. La malédiction. 20 Tel soit, de la part du Seigneur le salaire de mes adversaires et de ceux qui parlent méchamment contre moi. 21 Et toi, Seigneur Dieu, prends ma défense à cause de ton nom, dans ta grande bonté, délivre-moi. 22 Car je suis malheureux et indigent et mon cœur est blessé au-dedans de moi. Voir Matthieu 26, 38. 23 Je m’en vais comme l’ombre à son déclin, je suis emporté comme la sauterelle. Je coule mes jours au milieu des embûches de mes ennemis. 24 A force de jeûne, mes genoux chancellent et mon corps est épuisé de maigreur. 25 Je suis pour eux un objet d’opprobre, ils me regardent et hochent de la tête.Voir Ps. Hébreux 22, 8. 26 Secours-moi, Seigneur, mon Dieu Sauve-moi dans ta bonté. Jésus-Christ pria son Père de le délivrer de la mort, c’est-à-dire de le ressusciter du tombeau, comme l’Apôtre le dit Hébreux 5, 7. 27 Qu’ils sachent que c’est ta main, que c’est toi, Seigneur, qui l’a fait. 28 Eux, ils maudissent, mais toi tu béniras, ils se lèvent, mais ils seront confondus et ton serviteur sera dans la joie. 29 Mes adversaires seront revêtus d’ignominie, ils seront enveloppés de leur honte comme d’un manteau. 30 Mes lèvres loueront hautement le Seigneur, je le célébrerai au milieu de la multitude 31 car il se tient à la droite du pauvre, pour le sauver de ceux qui le condamnent. Il le défend comme son avocat.
Psaume hébreu N°110
(Psaume N°109 dans la Vulgate)
1 Psaume de David. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds. » Dans ce psaume est célébré un roi glorieux, que Dieu a admis à partager l’exercice de sa puissance (v. 4, 2), qui, environné de saints combattants (v. 3), possède non seulement la dignité de roi, mais encore celle de grand Prêtre, à la manière de Melchisédech (v. 4), et terrasse (v. 5, 6), par sa force irrésistible, qu’il a puisée dans la pauvreté et les afflictions (v. 7), ceux qui ne veulent pas se soumettre à sa domination. Ce roi glorieux ne peut être que le Messie, et c’est ce que croyaient d’un accord unanime les anciens Juifs, comme il résulte de Matthieu 22, 43. Marc 12, 36. Luc 20, 42, où Jésus suppose cette croyance, et démontre aux Juifs de son temps, par ce psaume, que le Messie devait avoir une nature au-dessus de la nature humaine. De même que Jésus-Christ dans les passages cités, les Apôtres, Actes 2, 34, 36. 5, 31. 1 Corinthiens 15, 25. Éphésiens 1, 20. Hébreux 7, 17, ainsi que les Pères et toute l’Église chrétienne, ont pareillement de tout temps entendu ce psaume du Messie. David étant l’auteur du psaume, comme le dit le titre, et lui, qui se trouvait au plus haut degré de la grandeur humaine, en appelant ici un autre son Seigneur, ce dernier ne peut dès lors être aucun autre personnage que le Messie (Théodoret). Jésus concluait en outre de là contre les Juifs, que le Messie avait une dignité surhumaine. C’est la coutume en Orient que les rois fassent asseoir à leur droite ceux à qui ils confient leur autorité. Le Dieu qui est assis à la droite de Dieu est donc le dépositaire de la puissance divine. L’escabeau de tes pieds : Dominez avec la plénitude de ma puissance, jusqu’à ce que je vous aie assujettisse tous vos ennemis (Voir 1 Corinthiens 15, 25. Hébreux 10, 12-13). On foulait aux pieds les ennemis vaincus, et l’on en faisait ainsi comme l’escabeau de ses pieds (Voir Josué 10, 24-25) 2 Le Seigneur étendra de Sion le sceptre de ta puissance : Règne en maître au milieu de tes ennemis. Votre domination sortira de Sion. Jésus-Christ souffrit à Jérusalem la mort de la croix, et la croix fut le sceptre dont les bras s’étendirent victorieux vers les extrémités du monde (Voir Isaïe 2, 3. Michée 4, 2). Tous les complots, tous les artifices, toutes les persécutions de ses ennemis ne pourront faire obstacle à son règne ; loin de là, ils contribueront à son établissement (Augustin). 3 Ton peuple accourt à toi au jour où tu rassembles ton armée, avec des ornements sacrés. Du sein de l’aurore vient à toi la rosée de tes jeunes guerriers. Lorsque vous vous montrerez dans votre puissance (que vous vous avancerez au combat), alors les vôtres se rassembleront d’eux-mêmes autour de vous avec la parure de dispositions et d’actions saintes. Comme les gouttes de rosée tombent sur la terre à l’aube du jour, ainsi se rassemblera en nombre infini l’humanité rajeunie et renouvelée, pour soutenir avec vous le combat contre vos ennemis. 4 Le Seigneur l’a juré, il ne s’en repentira pas : « Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédech. » Vous êtes, non pas simplement le roi de mon royaume, mais encore mon grand Prêtre éternel. Non comme Aaron, qui immolait des animaux, et n’était que prêtre, mais comme Melchisédech, qui offrit du pain et du vin, et qui était en même temps roi et prêtre. (Voir Hébreux 5, 6. 6, 20. 7, 1. et suiv.) 5 Le Seigneur, est à droite. Il brisera les rois au jour de sa colère. Le Messie, ô Dieu, est à votre droite, etc. Par le Seigneur qui est assis à la droite, on ne peut entendre ici que le Messie, attendu qu’il est pareillement désigné de la même manière v. 1, et que l’assujettissement des rois lui est attribué en cet endroit, comme dans d’autres (Voir Ps. Hébreux 2, 9). Dans l’hébreu le mot du texte est Adonaï « Seigneur »; c’est un des noms de Dieu, dans lequel se trouve une indication de la divinité du Messie. 6 Il exerce son jugement parmi les nations, tout est rempli de cadavres, il brise les têtes de la terre entière. Comp. Ps. Hébreux 2, 9. Jésus-Christ triomphe de tous ses ennemis ; et parce qu’ils sont divers, il les défait au moyen de diverses armes. Il bat les ennemis de la lumière par la puissance de sa lumière ; ceux qui marchent contre lui et contre ses adeptes avec la puissance terrestre, il les bat également par la puissance du bras séculier ce que l’on peut entendre spécialement des derniers temps (Voir Apocalypse 19, 11-21). 7 Il boit au torrent sur le chemin, c’est pourquoi il relève la tête. Il boira d’abord de l’eau bourbeuse et mauvaise de l’affliction, et par cette humiliation il arrivera à la gloire (Voir Ps. Hébreux 22, 23. Ps. 69, 15. Matthieu 26, 39. Luc 24, 26). (Chrysostome, Théodoret, Augustin).


