Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : « Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est élevé de plus grand que Jean le Baptiste ; et pourtant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui.
Depuis l’époque de Jean le Baptiste jusqu’à maintenant, le royaume des Cieux est assailli avec force, et des hommes violents tentent de s’en emparer. Tous les Prophètes, ainsi que la Loi, ont annoncé l’avenir jusqu’à Jean. Et, si vous voulez bien le comprendre, c’est lui, le prophète Élie qui doit venir. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »
Découvrir la grandeur paradoxale du Royaume de Dieu
Comment la figure de Jean le Baptiste révèle le renversement spirituel inauguré par le Christ et transforme notre manière d’être disciples.
Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus prononce une parole aussi étonnante que libératrice : Jean le Baptiste est le plus grand parmi les humains, pourtant le plus petit dans le Royaume le dépasse. Cette affirmation bouleverse nos repères et dessine un horizon nouveau. Elle nous invite à comprendre que l’entrée dans le Royaume introduit une logique radicalement autre, où la grandeur se mesure à l’aune de la grâce reçue plutôt qu’aux accomplissements accumulés. Ce texte ouvre un espace de réflexion sur notre propre participation au mystère du salut et sur la manière dont nous accueillons la nouveauté de Dieu.
Nous explorerons d’abord le contexte liturgique et biblique de cette péricope, avant d’analyser la figure paradoxale de Jean le Baptiste. Nous déploierons ensuite les trois axes théologiques majeurs du passage : le tournant historique inauguré par le Christ, la violence exercée contre le Royaume, et l’identification de Jean à Élie. Nous verrons comment ces enseignements s’appliquent concrètement à nos vies, résonnent avec la Tradition, et répondent aux défis contemporains. Une prière liturgique et des pistes pratiques concluront notre méditation.
Le moment charnière où l’ancienne Alliance rencontre la nouvelle
Ce passage de Matthieu 11, 11-15 s’inscrit dans un temps liturgique fort : l’Avent. L’antienne alléluiatique qui précède l’Évangile reprend Isaïe 45, 8 et exprime l’attente ardente du Messie. Le prophète supplie le ciel de s’ouvrir pour que la justice divine descende. Cette prière reflète la soif d’Israël durant des siècles d’espérance messianique. Elle culmine dans la venue de Jésus, qui accomplit ce que les générations précédentes ont désiré sans le voir.
Le contexte immédiat du passage montre Jésus répondant aux foules après avoir reçu les envoyés de Jean le Baptiste depuis sa prison. Jean, qui avait annoncé celui qui viendrait baptiser dans l’Esprit et le feu, traverse un moment de doute. Jésus confirme son identité messianique par les signes qu’il accomplit : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés. Puis il se tourne vers la foule pour rendre témoignage à Jean.
Cette déclaration publique intervient à un moment stratégique. Jean a préparé le chemin du Seigneur par son ascèse, sa prédication de conversion et son baptême de repentance. Il représente l’accomplissement de la lignée prophétique d’Israël. Élie, Jérémie, Isaïe, tous ont annoncé le jour du Seigneur. Jean incarne cette tradition prophétique dans sa plénitude. Il est le dernier et le plus grand de ceux qui ont vécu sous l’ancienne Alliance.
Mais Jésus introduit une distinction capitale. La grandeur de Jean appartient à l’ordre ancien. Il est né d’une femme, expression hébraïque désignant la condition humaine marquée par la finitude et la mort. Jean est immense dans cet ordre-là. Pourtant, le Royaume des Cieux inaugure une réalité nouvelle où la plus petite participation à la vie divine dépasse tout ce que l’humanité a pu produire par ses propres forces.
L’expression « le plus petit dans le royaume des Cieux » ne dévalorise pas Jean. Elle souligne plutôt que l’entrée dans le Royaume, rendue possible par la mort et la résurrection du Christ, confère une dignité et une vie qui transcendent toute grandeur naturelle. Le baptisé, même le plus humble, participe à la filiation divine. Il reçoit l’Esprit Saint qui l’unit au Fils et le conduit au Père. Cette réalité nouvelle dépasse infiniment les plus hautes réalisations spirituelles de l’ancienne Alliance.

La grandeur qui s’efface devant la grâce reçue
Jésus ne diminue pas Jean pour exalter le Royaume. Il établit une distinction ontologique entre deux régimes d’existence. Jean appartient à l’économie de la préparation, de l’attente et de la promesse. Les disciples du Christ entrent dans l’économie de l’accomplissement, de la présence et du don. Cette différence n’est pas une question de mérite ou d’effort, mais de participation à une vie nouvelle.
L’analyse de ce verset révèle la profondeur de la révolution chrétienne. L’Ancien Testament célèbre les grandes figures : Abraham, Moïse, David, Élie. Chacune d’elles a marqué l’histoire du salut par sa foi, son courage ou sa fidélité. Jean le Baptiste se situe au sommet de cette lignée. Il est celui qui a vu le Messie, l’a baptisé, a entendu la voix du Père et vu l’Esprit descendre comme une colombe. Aucun prophète avant lui n’a été aussi proche du mystère de l’Incarnation.
Pourtant, Jean reste en deçà du seuil pascal. Il meurt avant la Croix et la Résurrection. Il n’entre pas physiquement dans la dynamique pascale qui transforme radicalement l’existence humaine. Les disciples, eux, traverseront la Pentecôte. Ils recevront l’Esprit promis qui fera d’eux des temples vivants de la présence divine. Cette réalité nouvelle constitue la vraie grandeur du Royaume.
Saint Jean Chrysostome commente ce passage en insistant sur la dignité sacramentelle. Le baptême chrétien ne se limite pas à un geste de purification ou d’engagement moral. Il greffe le croyant sur le Christ mort et ressuscité. Il le fait participant de la nature divine, comme le dit Pierre dans sa seconde épître. Cette participation représente une élévation inouïe de la condition humaine. Le plus petit baptisé devient enfant de Dieu par adoption, héritier du Royaume, cohéritier du Christ.
Cette logique paradoxale traverse tout l’Évangile. Les premiers seront derniers, celui qui perd sa vie la gagne, les pauvres en esprit possèdent le Royaume. La grandeur selon Dieu ne se mesure pas aux accomplissements visibles, mais à l’accueil de la grâce. Jean a préparé le chemin, mais il n’a pas marché sur la route nouvelle ouverte par la Pâque. Nous qui vivons après Pentecôte, nous pouvons emprunter cette voie que Jean a indiquée sans pouvoir la parcourir lui-même.
Le tournant cosmique qui bascule l’histoire vers son achèvement
Jésus affirme que depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à maintenant, le Royaume des Cieux subit la violence. Cette déclaration énigmatique a suscité d’innombrables interprétations au fil des siècles. Le verbe grec biazetai peut se comprendre de manière active ou passive : le Royaume exerce une force ou il subit une force. Les Pères de l’Église ont souvent privilégié le sens actif : le Royaume avance avec puissance, il s’impose malgré les résistances.
Saint Jean Chrysostome voit dans cette violence l’énergie spirituelle requise pour entrer dans le Royaume. Il ne s’agit pas d’une violence physique ou morale, mais d’une détermination radicale. Entrer dans le Royaume demande de rompre avec les logiques mondaines, de renoncer à soi-même, de prendre sa croix. Cette violence s’exerce d’abord contre nos propres attachements désordonnés. Elle réclame un combat spirituel intense, une vigilance constante, une ascèse du cœur.
D’autres commentateurs, comme Origène, insistent sur le sens passif. Le Royaume subit effectivement des violences de la part de ceux qui s’y opposent. Jean le Baptiste est emprisonné, il sera bientôt décapité. Jésus lui-même marchera vers la Croix. Les apôtres connaîtront la persécution. L’Église au fil des siècles portera dans sa chair la violence du monde hostile à l’Évangile. Cette lecture souligne la dimension agonistique de l’histoire du salut.
Les deux sens ne s’excluent pas. Ils révèlent une même réalité : l’irruption du Royaume dans l’histoire provoque un conflit. La lumière fait reculer les ténèbres, mais les ténèbres résistent. Le Royaume avance comme une force irrésistible, mais il avance au prix du sang des martyrs. Ceux qui veulent entrer doivent se faire violence pour dépasser leur tiédeur et leur confort. Ceux qui refusent exercent leur violence contre les témoins du Royaume.
Cette dynamique conflictuelle traverse notre époque. Annoncer l’Évangile au XXIe siècle requiert du courage. Les valeurs du Royaume contredisent souvent les valeurs dominantes : l’humilité face à l’orgueil, la fidélité face à la versatilité, le service face à la domination. Vivre en chrétien authentique demande une forme de violence spirituelle contre les compromissions, les facilités et les lâchetés qui nous guettent. Dans le même temps, l’Église continue de subir des violences extérieures et intérieures qui testent sa fidélité.
Comprendre le Royaume comme rupture et continuité avec l’ancienne Alliance
Jésus déclare que tous les Prophètes, ainsi que la Loi, ont prophétisé jusqu’à Jean. Cette affirmation situe Jean au point de basculement entre deux économies du salut. La Loi et les Prophètes désignent l’ensemble de l’Ancien Testament dans le langage juif du temps de Jésus. Toute cette révélation progressive pointait vers un accomplissement futur. Elle annonçait le Messie, le Règne de Dieu, le jour du salut.
Jean représente le dernier chaînon de cette chaîne prophétique. Il ne se contente pas d’annoncer celui qui vient. Il le désigne physiquement : « Voici l’Agneau de Dieu ». Cette désignation marque la fin du régime de l’attente et le début du régime de la présence. Désormais, le Messie n’est plus à venir, il est là. Le Royaume n’est plus seulement promis, il est inauguré. La prophétie s’accomplit dans l’histoire concrète.
Cette transition ne renie pas l’Ancien Testament. Au contraire, elle le confirme et le porte à sa plénitude. Jésus n’est pas venu abolir la Loi ou les Prophètes, mais les accomplir. Toute l’Écriture d’Israël reçoit son sens plénier dans le Christ. Les types, les figures, les promesses trouvent leur réalisation dans sa personne et son œuvre. Abraham espérait une descendance, le Christ est la vraie semence. Moïse a libéré le peuple de l’esclavage égyptien, le Christ libère de l’esclavage du péché et de la mort.
Cette compréhension de l’histoire du salut structure la foi chrétienne. Nous ne rejetons pas l’Ancien Testament comme un document périmé. Nous le lisons à la lumière du Christ qui en est la clé herméneutique. Les Psaumes prennent une profondeur nouvelle quand nous y entendons la prière du Christ. Les prophètes révèlent leur portée quand nous voyons en eux les témoins anticipés du mystère pascal. La liturgie de l’Église déploie constamment cette continuité dans la rupture.
Jean se tient sur la ligne de démarcation. Il appartient encore à l’ancien monde par sa naissance et son ministère de préparation. Il annonce déjà le monde nouveau par la radicalité de son témoignage et sa proximité avec le Christ. Cette position charnière fait de lui une figure essentielle pour comprendre notre propre situation. Nous vivons, nous aussi, entre deux mondes : le Royaume déjà inauguré mais pas encore pleinement manifesté. Nous goûtons les arrhes de l’Esprit tout en attendant la résurrection finale.

Reconnaître en Jean l’accomplissement de la prophétie d’Élie
Jésus affirme : « Si vous voulez bien comprendre, c’est lui, le prophète Élie qui doit venir ». Cette identification de Jean avec Élie s’enracine dans la prophétie de Malachie qui annonçait le retour d’Élie avant le grand et redoutable jour du Seigneur. L’attente du retour d’Élie structurait l’espérance messianique juive. On croyait qu’Élie viendrait préparer la voie au Messie, réconcilier les cœurs, restaurer Israël.
Jean le Baptiste ne prétend pas être Élie réincarné. Quand on lui pose la question directement dans l’Évangile de Jean, il répond par la négative. Pourtant, Jésus affirme qu’il est Élie. Cette apparente contradiction se résout quand on comprend que Jean accomplit la mission d’Élie sans être Élie lui-même. Il vient « dans l’esprit et la puissance d’Élie », comme l’ange l’avait annoncé à Zacharie lors de l’annonciation de sa naissance.
Les parallèles entre Élie et Jean abondent. Tous deux vivent dans le désert, loin des compromissions du monde. Tous deux portent des vêtements rudes, symboles de leur détachement et de leur radicalité prophétique. Tous deux appellent Israël à la conversion face aux infidélités du peuple et de ses dirigeants. Tous deux affrontent les pouvoirs politiques : Élie face à Achab et Jézabel, Jean face à Hérode et Hérodiade. Tous deux paient de leur vie leur fidélité à la Parole de Dieu.
Cette typologie éclaire la mission de Jean. Il n’inaugure pas une nouvelle prophétie, mais accomplit l’ancienne. Il ne vient pas avec un message inédit, mais rappelle Israël aux exigences de l’Alliance. Son baptême de repentance réactualise l’appel à la conversion lancé par tous les prophètes. Sa dénonciation de l’hypocrisie religieuse s’inscrit dans la lignée d’Isaïe et de Jérémie. Jean ne dit rien de neuf, il dit avec la dernière force ce que Dieu a toujours dit.
L’identification de Jean à Élie valide sa mission et confirme que le temps messianique est arrivé. Si Élie est revenu, alors le Messie est là. Cette logique anime la prédication de Jésus. Il ne demande pas aux gens de croire sur parole, mais de lire les signes des temps. Les prophéties s’accomplissent sous leurs yeux. Celui qui a des oreilles doit entendre, c’est-à-dire percevoir spirituellement ce que ses yeux voient physiquement. La venue du Royaume se manifeste dans des événements concrets, mais requiert un regard de foi pour être reconnue.
Dépasser la grandeur mondaine pour accueillir la petitesse du Royaume
L’enseignement de Jésus sur Jean le Baptiste bouleverse nos critères de grandeur. Nous admirons spontanément les figures héroïques, les personnalités fortes, les accomplissements spectaculaires. La société valorise la réussite, la visibilité, l’influence. Jean incarne tout cela dans l’ordre spirituel : ascétisme radical, charisme puissant, impact populaire considérable. Pourtant, Jésus déclare que la plus petite participation au Royaume dépasse cette grandeur.
Cette révélation libère d’abord du complexe d’infériorité spirituelle. Nous pouvons être tentés de nous comparer aux saints, aux mystiques, aux grands témoins de la foi et de nous décourager. Comment rivaliser avec François d’Assise, Thérèse d’Avila ou Mère Teresa ? Comment atteindre leur niveau de sainteté ? Jésus nous rappelle que la grandeur dans le Royaume ne se gagne pas par nos exploits, mais se reçoit comme un don. Le plus humble baptisé qui accueille la grâce en vérité participe pleinement au mystère du salut.
Cette logique s’applique aussi à notre vie ecclésiale. L’Église ne se mesure pas à son pouvoir temporel, à sa visibilité médiatique ou à son influence culturelle. Elle existe pour médiatiser la grâce du Royaume. La vraie grandeur de l’Église réside dans sa fidélité au Christ, dans sa capacité à engendrer des fils et des filles de Dieu par les sacrements, dans son témoignage d’amour fraternel. Une petite communauté qui vit l’Évangile en vérité manifeste le Royaume plus qu’une institution puissante mais infidèle.
Dans notre vie personnelle, cette parole nous invite à rechercher non la performance spirituelle, mais la docilité à l’Esprit. L’obsession de la progression mesurable, des étapes à franchir, des niveaux à atteindre peut devenir un piège. Elle nous ramène à une logique méritoire incompatible avec la gratuité du Royaume. La sainteté n’est pas un cursus à parcourir, mais une relation à approfondir. Elle croît dans la confiance, l’abandon, l’accueil humble de l’amour divin.
Concrètement, cela signifie valoriser les actes cachés, les fidélités ordinaires, les services discrets. La mère de famille qui élève ses enfants dans la foi, le travailleur qui sanctifie son métier par son honnêteté, le malade qui offre sa souffrance, le bénévole qui donne son temps sans reconnaissance participent pleinement au Royaume. Leur grandeur échappe aux projecteurs, mais elle est réelle aux yeux de Dieu. Le Royaume se construit dans ces mille gestes quotidiens où l’amour de Dieu se fait chair.
Entrer dans le combat spirituel avec détermination et persévérance
La violence exercée par ou contre le Royaume nous renvoie à la réalité du combat spirituel. Saint Paul parle d’un combat non contre des adversaires de chair et de sang, mais contre les puissances spirituelles du mal. L’existence chrétienne n’est pas une promenade paisible, mais une lutte. Cette lutte se déploie sur plusieurs fronts simultanés.
D’abord, le combat contre nos propres inclinaisons désordonnées. Paul appelle cela la chair, non pas le corps physique, mais l’orientation de notre être vers l’égoïsme et le refus de Dieu. Cette bataille intérieure demande vigilance et discipline. La prière quotidienne, la pratique des sacrements, l’examen de conscience, la lecture de l’Écriture constituent les armes de ce combat. Il ne s’agit pas d’atteindre une perfection impossible, mais de progresser dans la docilité à la grâce.
Ensuite, la résistance aux séductions du monde. L’esprit du monde, que Jean appelle le prince de ce monde, propose sans cesse des pseudo-bonheurs qui détournent du vrai bien. La société de consommation promet le bonheur dans l’accumulation. La culture narcissique exalte l’autonomie absolue. L’hédonisme contemporain sacralise le plaisir immédiat. Vivre l’Évangile requiert un discernement constant pour ne pas se laisser conformer à ces mentalités contraires au Royaume.
Enfin, le courage face aux oppositions et aux persécutions. Dans certaines régions du monde, être chrétien expose à des dangers réels : discrimination, emprisonnement, martyre. En Occident, la persécution prend d’autres formes : moquerie, marginalisation sociale, pression pour renier certaines convictions. Témoigner de la foi dans un environnement sécularisé ou hostile demande une forme de violence contre nos peurs et nos désirs de conformité.
Cette triple dimension du combat spirituel s’illustre dans la vie des saints. Benoît de Nursie fuyant Rome corrompue, François d’Assise renonçant à la richesse paternelle, Thomas More refusant de trahir sa conscience face au roi : autant de figures qui ont exercé une sainte violence pour rester fidèles. Leur radicalité nous interpelle. Sommes-nous prêts à payer le prix de notre fidélité ? Acceptons-nous que suivre le Christ puisse nous coûter quelque chose de concret ?
Développer une écoute spirituelle attentive aux signes de Dieu
Jésus conclut son enseignement par cet appel : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ». Cette formule revient régulièrement dans les Évangiles et dans l’Apocalypse. Elle signale l’importance cruciale de l’écoute spirituelle. Il ne suffit pas d’entendre physiquement les paroles de Jésus. Il faut les accueillir en profondeur, les laisser pénétrer le cœur, les mettre en pratique.
L’écoute authentique requiert d’abord le silence intérieur. Notre époque souffre d’une surcharge informative et d’une agitation permanente. Les écrans, les notifications, le bruit constant empêchent le recueillement nécessaire à la rencontre avec Dieu. Cultiver le silence ne signifie pas fuir les responsabilités, mais créer des espaces où la Parole peut résonner. Les temps de prière silencieuse, les retraites, les pauses contemplatives au cœur de la journée créent ces espaces d’écoute.
L’écoute demande ensuite l’humilité intellectuelle. Nous approchons souvent l’Écriture avec nos présupposés, nos certitudes, nos systèmes de pensée. Nous cherchons à comprendre Dieu plutôt qu’à nous laisser comprendre par lui. L’écoute véritable accepte d’être dérangée, interrogée, convertie. Elle reconnaît que la Parole de Dieu dépasse nos catégories et peut bousculer nos convictions.
L’écoute suppose aussi la communauté ecclésiale. Nous ne lisons pas l’Écriture en isolés, mais au sein de l’Église qui a reçu mission de la transmettre et de l’interpréter. La lecture personnelle doit s’articuler avec la liturgie, la catéchèse, la réflexion théologique, le témoignage des saints. Cette médiation ecclésiale nous protège des interprétations subjectives et nous inscrit dans la grande Tradition vivante.
Concrètement, développer l’écoute spirituelle implique des choix pratiques. Prévoir un temps quotidien pour la lectio divina, cette lecture priée et méditée de l’Écriture. Participer régulièrement à la messe où la Parole est proclamée et actualisée. Rejoindre un groupe de partage biblique pour approfondir communautairement le texte sacré. Lire les commentaires des Pères et des docteurs de l’Église pour enrichir notre compréhension. Cultiver l’attention aux événements de notre vie où Dieu peut nous parler à travers les circonstances, les rencontres, les épreuves.

Vivre la transition entre l’ancien et le nouveau à chaque eucharistie
La liturgie eucharistique actualise le mystère pascal dans lequel s’articule la continuité entre l’ancienne et la nouvelle Alliance. Chaque messe reprend cette dynamique que Jésus décrit en parlant de Jean. La liturgie de la Parole fait entendre l’Ancien Testament, les Prophètes, les Psaumes. Elle nous relie à l’attente d’Israël, à la promesse faite aux pères. Puis l’Évangile proclame l’accomplissement dans le Christ.
La prière eucharistique évoque explicitement cette transition. Nous présentons le pain et le vin, fruits de la terre et du travail des hommes, symboles de la création originelle. Ces dons naturels deviennent le Corps et le Sang du Christ, sacrement du monde nouveau. L’épiclèse invoque l’Esprit Saint pour qu’il opère cette transformation. La présence réelle du Christ ressuscité anticipe la transfiguration finale de tout l’univers.
La communion réalise pour chacun ce que Jésus annonce : le plus petit dans le Royaume participe à la grandeur divine. En recevant le Corps du Christ, nous devenons ce que nous recevons, selon la formule de saint Augustin. Nous entrons dans la communion trinitaire. Nous goûtons aux arrhes du Royaume. Cette participation sacramentelle nous introduit dans la vie nouvelle que Jean a annoncée sans y entrer pleinement.
Le temps de l’Avent intensifie cette conscience liturgique. Nous revivons l’attente d’Israël, nous accompagnons Jean dans sa mission de préparation. Mais nous le faisons en sachant que le Christ est déjà venu. Cette tension entre le déjà et le pas encore structure la vie chrétienne. Le Royaume est présent, mais pas encore manifesté en plénitude. Nous en vivons, mais nous l’attendons. Cette double posture nourrit l’espérance théologale.
Ancrer notre foi dans la grande Tradition des Pères et des docteurs
Les Pères de l’Église ont médité avec profondeur ce passage sur Jean le Baptiste. Saint Augustin y voit l’illustration de la différence entre la Loi et la grâce. La Loi révèle le péché sans donner la force de le vaincre. La grâce apporte le salut par la foi en Jésus-Christ. Jean appartient au régime de la Loi, même s’il en est le sommet. Les disciples entrent dans le régime de la grâce, même les plus humbles.
Saint Jean Chrysostome développe la dimension sacramentelle. Il insiste sur le fait que le baptême chrétien confère l’Esprit Saint, alors que le baptême de Jean était seulement une purification symbolique. Cette réception de l’Esprit fait toute la différence. Elle établit une relation filiale avec Dieu que l’ancienne Alliance ne pouvait instaurer. Le baptisé devient temple de l’Esprit, membre du Corps du Christ, enfant adoptif du Père.
Saint Thomas d’Aquin, dans son commentaire de Matthieu, analyse la violence du Royaume en termes de vertu. Il explique que les vertus théologales et morales requièrent un effort soutenu pour s’enraciner. La magnanimité, vertu liée à la force, pousse à entreprendre de grandes choses pour Dieu malgré les obstacles. Cette grandeur d’âme caractérise ceux qui s’emparent du Royaume par une sainte violence.
Thérèse de Lisieux, docteur de l’Église, illustre paradoxalement comment cette violence peut s’exercer dans la petitesse. Sa « petite voie » d’enfance spirituelle ne renonce pas à la radicalité évangélique. Au contraire, elle la vit dans l’abandon confiant, l’offrande des petites choses, l’acceptation joyeuse des humiliations. Sa vie démontre que la plus petite dans le Royaume, par son amour, participe pleinement à la grandeur divine.
Le Catéchisme de l’Église catholique cite ce passage pour expliquer l’économie sacramentelle. Il montre comment les sacrements du Christ dépassent les rites de l’ancienne Alliance. Le baptême chrétien ne se limite pas à signifier la purification, il l’opère réellement. L’eucharistie ne symbolise pas seulement la présence divine, elle la rend effective. Cette efficacité sacramentelle constitue la nouveauté radicale du Royaume inauguré par le Christ.
Cheminer vers la conversion du cœur par étapes concrètes
La méditation de ce passage de Matthieu peut nourrir un parcours spirituel personnel structuré en plusieurs étapes. Commençons par reconnaître humblement notre petitesse. Non pas une fausse humilité qui se dévalorise, mais la vérité de notre condition créaturelle. Nous sommes petits, limités, pécheurs. Cette reconnaissance libère de l’orgueil et ouvre à l’accueil de la grâce.
Deuxièmement, accueillons avec gratitude le don du baptême. Trop souvent, nous vivons comme si notre baptême était un événement du passé sans conséquence présente. Ravivons la conscience de notre dignité baptismale. Nous sommes prêtres, prophètes et rois par notre incorporation au Christ. Cette identité fonde notre vocation et notre mission dans le monde.
Troisièmement, exerçons la sainte violence contre nos complaisances. Identifions concrètement les domaines où nous transigeons avec l’Évangile : tel comportement malhonnête, telle relation destructrice, telle habitude qui nous éloigne de Dieu. Prenons une décision ferme de conversion dans un domaine précis. Ne nous dispersons pas dans de multiples résolutions, concentrons-nous sur un changement réel et durable.
Quatrièmement, cultivons l’écoute de la Parole. Établissons une discipline quotidienne de lecture priée. Choisissons un moment et un lieu. Dix minutes suffisent pour commencer. Lisons lentement un court passage, laissons-le résonner en nous, demandons à l’Esprit Saint de l’éclairer. Notons éventuellement une phrase qui nous touche pour la ruminer au long de la journée.
Cinquièmement, partageons notre foi avec d’autres. La grandeur du Royaume ne se vit pas en solitaire. Rejoignons une communauté ecclésiale vivante. Participons à un groupe de prière ou de formation. Trouvons un frère ou une sœur avec qui partager régulièrement sur notre vie spirituelle. Cette dimension communautaire nourrit notre persévérance et enrichit notre compréhension.
Affronter le relativisme ambiant avec la fermeté de la vérité
Notre époque se caractérise par un relativisme généralisé qui rend difficile l’affirmation de vérités absolues. Dire que le Christ est le seul Sauveur, que le Royaume de Dieu transcende toute réalisation humaine, que la grâce baptismale établit une différence ontologique choque la sensibilité contemporaine. On nous accuse d’arrogance, d’exclusivisme, d’intolérance. Comment rester fidèles au message du Christ sans verser dans le sectarisme ?
D’abord, en distinguant vérité et violence. Affirmer une vérité n’est pas imposer par la force. Jésus proclame que Jean est le plus grand né de femme, mais que le plus petit dans le Royaume le dépasse. Cette affirmation ne dévalorise personne, elle révèle une réalité objective. La vérité ne se négocie pas, mais elle se propose dans le respect de la liberté. Notre témoignage doit allier fermeté doctrinale et douceur relationnelle.
Ensuite, en témoignant par notre vie avant de convaincre par nos arguments. La crédibilité de l’Évangile se vérifie dans ses fruits. Si nous prétendons appartenir au Royaume tout en vivant comme le monde, notre discours reste vain. Si notre vie manifeste une joie, une paix, une charité qui dépassent l’humanisme naturel, alors nos paroles trouvent crédit. Le témoignage existentiel précède l’argumentation intellectuelle.
Ensuite, en pratiquant le dialogue sincère sans renoncer à nos convictions. Dialogue ne signifie pas relativisme. Nous pouvons écouter avec respect d’autres points de vue, chercher les germes de vérité présents dans d’autres traditions, reconnaître nos propres limites de compréhension, tout en maintenant que le Christ révèle la vérité ultime sur Dieu et sur l’homme. Cette position ne relève pas de l’orgueil mais de la fidélité à la révélation reçue.
Enfin, en acceptant d’être marginalisés si nécessaire. Jésus ne promet pas le succès mondain à ses disciples. Il annonce que le Royaume subira la violence. Notre fidélité peut nous coûter des amitiés, des opportunités professionnelles, une certaine respectabilité sociale. Accepter ce prix fait partie de la sainte violence requise pour entrer dans le Royaume. Non par masochisme, mais par amour de la vérité.
Distinguer grandeur spirituelle et visibilité médiatique dans l’Église
L’Église contemporaine fait face à une tentation récurrente : mesurer son succès à son rayonnement médiatique et à son influence culturelle. Les grandes célébrations, les personnalités charismatiques, les initiatives spectaculaires fascinent. Pourtant, Jésus nous rappelle que la vraie grandeur du Royaume échappe souvent aux projecteurs. Le plus petit dans le Royaume surpasse Jean dont la renommée traversait toute la Palestine.
Cette perspective libère l’Église de l’obsession de la visibilité. Certes, l’Évangile doit être annoncé publiquement. Le Christ envoie ses disciples dans le monde entier. Mais l’efficacité de la mission ne se mesure pas aux chiffres de fréquentation ou aux statistiques de conversion. Une paroisse modeste qui engendre des saints accomplit davantage qu’un rassemblement géant qui ne produit qu’une émotion passagère.
Les vrais artisans du Royaume restent souvent méconnus. Pensons aux moines et moniales cloîtrés qui portent le monde par leur prière. Aux catéchistes obscurs qui transmettent la foi aux enfants. Aux visiteurs de malades qui apportent le réconfort du Christ. Aux prêtres fidèles qui célèbrent quotidiennement l’eucharistie dans des églises vides. Leur grandeur ne se voit pas, mais elle construit le Royaume pierre après pierre.
Cette lucidité aide aussi à traverser les crises ecclésiales sans perdre la foi. Les scandales, les divisions, les défections blessent profondément. Ils peuvent ébranler notre confiance en l’Église. Mais si nous comprenons que la grandeur du Royaume ne réside pas dans la perfection institutionnelle mais dans la sainteté cachée des petits, nous gardons l’espérance. L’Église est sainte non par les mérites de ses membres mais par la grâce du Christ qui demeure en elle.
Intégrer la dimension eschatologique dans notre vie quotidienne
Jean le Baptiste inaugure la fin des temps. Avec lui s’achève l’ère de l’attente et commence l’ère de l’accomplissement. Mais cet accomplissement reste partiel. Le Royaume est déjà là mais pas encore pleinement manifesté. Cette tension eschatologique caractérise l’existence chrétienne. Nous vivons entre deux venues du Christ : l’Incarnation passée et le retour glorieux futur.
Cette conscience eschatologique transforme notre rapport au temps. Chaque instant devient porteur d’éternité. Nos choix présents ont une portée définitive. Ce que nous construisons ici-bas, si c’est construit dans le Christ, demeure pour toujours. L’eschatologie ne nous fait pas mépriser l’histoire, elle la sacralise. Elle confère une densité éternelle aux actes temporels accomplis dans la charité.
Vivre cette dimension eschatologique implique de cultiver la vigilance. Jésus multiplie les paraboles sur la veille, l’attente, la préparation. Nous ne connaissons ni le jour ni l’heure. Cette incertitude ne doit pas engendrer l’angoisse mais la disponibilité. Être prêts, c’est vivre chaque jour dans la grâce, accomplir fidèlement notre devoir d’état, maintenir notre lampe allumée par la prière et les sacrements.
L’espérance chrétienne se nourrit de cette tension. Nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, mais dont nous avons reçu les arrhes. L’Esprit en nous est le gage de notre héritage à venir. Cette espérance n’est pas une simple attente passive. Elle nous engage à coopérer dès maintenant à l’avènement du Royaume. Chaque fois que nous vivons la justice, la paix, la miséricorde, nous anticipons le monde nouveau qui vient.
Invoquer la présence agissante du Christ ressuscité
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, nous te rendons grâce pour cette parole qui éclaire notre route. Tu as établi Jean le Baptiste comme le prophète de ton avènement. Tu l’as placé au seuil du Royaume comme témoin de l’ancienne Alliance qui s’accomplit. Nous te bénissons pour tous ceux qui, au long des siècles, ont préparé ta venue par leur fidélité et leur espérance.
Tu nous révèles aujourd’hui que la plus petite participation à ton Royaume dépasse toute grandeur humaine. Cette parole nous libère de nos complexes et de nos prétentions. Nous ne cherchons plus à nous mesurer aux géants de la foi par nos propres forces. Nous accueillons humblement le don de ta grâce qui nous élève au-delà de notre condition naturelle. Fais-nous comprendre la grandeur de notre dignité baptismale.
Tu nous avertis que le Royaume subit la violence et requiert une sainte détermination. Donne-nous le courage de combattre nos tiédeurs et nos lâchetés. Affermis en nous la volonté de te suivre jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte. Que nous exercions contre nos égoïsmes cette violence spirituelle qui ouvre les portes du Royaume. Soutiens ceux qui souffrent persécution à cause de ton Nom.
Tu nous apprends que toute la Loi et les Prophètes ont annoncé ton mystère. Ouvre notre intelligence des Écritures. Donne-nous de reconnaître dans l’histoire sainte la préparation patiente de ton salut. Que notre lecture de l’Ancien Testament s’illumine à la lumière de ta résurrection. Fais de nous des lecteurs attentifs de ta Parole en Église.
Tu nous invites à écouter avec des oreilles spirituelles. Délivre-nous de la surdité du cœur. Crée en nous le silence intérieur où ta voix peut résonner. Que le bruit du monde ne couvre pas ton appel. Donne-nous la docilité à l’Esprit Saint qui actualise ta Parole dans notre existence concrète.
Nous te confions spécialement ceux qui cherchent le sens de leur vie. Qu’ils découvrent dans ton Évangile la réponse à leur soif de vérité et de bonheur. Nous te prions pour les catéchumènes qui se préparent au baptême. Qu’ils accueillent avec joie la grandeur de ce sacrement qui les fera naître à la vie nouvelle. Nous te prions pour les baptisés qui ont oublié leur dignité. Réveille en eux la conscience d’appartenir au Royaume.
Soutiens ton Église dans sa mission d’annoncer le Royaume. Qu’elle ne cède pas à la tentation de la gloire mondaine. Qu’elle cherche non sa propre grandeur mais ta seule gloire. Multiplie en elle les témoins authentiques qui manifestent par leur vie la nouveauté évangélique. Suscite des prophètes pour notre temps qui appellent à la conversion et préparent ton retour.
Bénis nos familles, cellules premières de l’Église domestique. Qu’elles deviennent des lieux où le Royaume se construit au quotidien. Que parents et enfants grandissent ensemble dans la foi. Qu’ils se soutiennent mutuellement dans le combat spirituel. Que l’amour familial soit signe et participation de ton amour trinitaire.
Marie, Mère de Jean et Mère de Jésus, tu as accueilli le Royaume dans ta chair. Tu as cru à la parole de l’ange. Tu as porté la Vie même de Dieu. Apprends-nous à dire oui comme toi. Que notre existence devienne réceptacle de la grâce. Intercède pour nous auprès de ton Fils jusqu’à ce que nous entrions dans la joie du Royaume sans fin.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Actualiser le message et construire le Royaume au quotidien
Nous avons parcouru la profondeur de cette parole de Jésus sur Jean le Baptiste. Nous avons découvert comment elle révèle le basculement de l’histoire du salut et la nouveauté radicale du Royaume. Jean incarne l’accomplissement suprême de l’ancienne Alliance. Pourtant, la grâce baptismale nous introduit dans une réalité qui transcende tout ce que l’humanité a pu atteindre par ses propres forces.
Cette révélation n’est pas une information théorique. Elle appelle une réponse concrète de notre part. Nous sommes invités à prendre conscience de notre dignité de baptisés. Le Royaume habite en nous par l’Esprit. Cette présence transforme notre regard sur nous-mêmes et sur les autres. Chaque baptisé, même le plus humble, participe au mystère de la filiation divine. Cette vérité doit inspirer notre manière de vivre en Église et dans le monde.
L’appel à la sainte violence contre nos tiédeurs résonne particulièrement fort dans notre contexte contemporain. La médiocrité spirituelle nous menace constamment. Nous glissons facilement dans la routine, le confort, la superficialité. Jésus nous secoue. Il nous rappelle que le Royaume demande radicalité et cohérence. Non pas une radicalité spectaculaire, mais une fidélité quotidienne qui ne transige pas avec l’essentiel.
Le défi de l’écoute spirituelle dans un monde saturé d’informations et de distractions requiert des choix courageux. Nous devons créer des espaces de silence, privilégier la qualité sur la quantité, cultiver la profondeur contre la dispersion. La Parole de Dieu ne peut porter du fruit que si elle trouve en nous une terre préparée par la prière et l’intériorité. Cette préparation exige discipline et persévérance.
Pistes pour vivre l’enseignement au quotidien
Chaque matin, ravivez consciemment la grâce de votre baptême en traçant le signe de croix avec l’eau bénite, en vous rappelant votre dignité d’enfant de Dieu par adoption filiale.
Identifiez un domaine précis où exercer la sainte violence cette semaine, en choisissant une habitude à corriger ou une vertu à développer avec détermination et prière constante.
Établissez un rendez-vous quotidien non négociable de quinze minutes pour la lecture priée et méditée d’un passage évangélique dans le silence et le recueillement.
Rejoignez ou créez un petit groupe de partage biblique mensuel avec deux ou trois personnes de confiance pour approfondir ensemble la Parole et vous encourager mutuellement.
Lors de votre prochaine confession, demandez au prêtre de vous aider à discerner les résistances intérieures qui vous empêchent d’accueillir pleinement le Royaume dans votre vie.
Choisissez un saint ou une sainte qui a exercé cette sainte violence évangélique, lisez sa biographie, demandez son intercession et imitez concrètement un aspect de sa spiritualité.
Partagez avec au moins une personne de votre entourage ce qui vous a touché dans cette méditation, en témoignant simplement de votre foi sans prosélytisme agressif.
Sources et prolongements pour approfondir la réflexion
Sainte Écriture : Malachie 3, 1-4 et 4, 5-6 sur l’annonce du retour d’Élie ; Luc 1, 5-25 et 57-80 sur l’annonciation et la naissance de Jean ; Jean 1, 19-34 sur le témoignage de Jean au Christ.
Pères de l’Église : Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l’Évangile de Matthieu, homélie 37 ; Saint Augustin, Sermons sur le Nouveau Testament, sermon 66 sur Jean le Baptiste et le Christ.
Magistère : Catéchisme de l’Église catholique, §§ 523-524 sur Jean Baptiste ; 717-720 sur l’Esprit Saint et Jean Baptiste ; 1213-1216 sur le baptême chrétien.
Théologie spirituelle : Thérèse de Lisieux, Histoire d’une âme, manuscrits autobiographiques sur la petite voie ; Romano Guardini, Le Seigneur, méditations sur le Christ et ses témoins.
Commentaires bibliques : Marie-Joseph Lagrange, Évangile selon saint Matthieu, Éditions Gabalda ; Benoît XVI, Jésus de Nazareth tome 1, chapitre sur Jean Baptiste et les débuts de la prédication de Jésus.


