Servir Dieu et le peuple : Sainte Marguerite

Share

Née en Hongrie, sainte Marguerite devint reine d’Écosse par son mariage avec Malcolm III. Fêtée le 16 novembre, elle est l’exemple d’une souveraine ayant uni le bien du royaume et le service de l’Église au 11e siècle. Mère de huit enfants, elle mena une vie où la prière intense et le jeûne n’excluaient pas une action politique avisée. Elle marqua son temps par sa profonde générosité envers les pauvres et par son zèle à réformer l’Église écossaise, y introduisant la liturgie romaine. Elle mourut à Édimbourg en 1093, modèle d’épouse, de mère et de reine.

Servir Dieu et le peuple : Sainte Marguerite

Placer la charité au cœur du pouvoir change une nation. Sainte Marguerite d’Écosse, reine au 11e siècle, démontre cette vérité. Arrivée en Écosse comme réfugiée politique fuyant l’invasion normande, elle épouse le roi Malcolm III. Loin de subir son destin, elle devient l’âme de la cour. Elle prouve qu’il est possible d’influencer un royaume non par la force, mais par la piété et la justice. Sa vie interroge notre capacité à transformer nos responsabilités, familiales ou professionnelles, en un service concret et évangélique.

Une princesse exilée, une reine réformatrice

Marguerite naît en Hongrie vers 1045. Elle est une princesse à la croisée des mondes. Son père est Édouard l’Exilé, prince anglo-saxon, et sa mère est issue de la royauté hongroise. Elle passe sa jeunesse en Hongrie avant que sa famille ne soit rappelée en Angleterre par Édouard le Confesseur. Mais l’invasion normande de 1066 bouleverse tout. Fuyant Guillaume le Conquérant, Marguerite, sa mère et ses frères et sœurs embarquent pour le continent.

Une tempête, que l’hagiographie verra comme providentielle, jette leur navire sur les côtes d’Écosse. Le roi Malcolm III « Canmore », un guerrier rude mais pieux, les accueille. Veuf d’un premier mariage, il est séduit par la piété et l’intelligence de Marguerite. Ils se marient vers 1070 à Dunfermline. Ce mariage unit un roi au caractère guerrier et une reine lettrée et profondément dévouée.

Marguerite devient une conseillère écoutée de son époux. Le couple aura huit enfants, dont trois futurs rois d’Écosse (Edgar, Alexandre Ier, David Ier) et une reine d’Angleterre (Mathilde, épouse d’Henri Ier). Marguerite utilise son influence pour une profonde réforme de l’Église d’Écosse, encore marquée par les rites celtiques. Elle convoque des synodes pour aligner les pratiques locales sur l’usage romain : respect du repos dominical, date du Carême débutant au Mercredi des Cendres, communion pascale. Elle fonde des monastères, dont l’abbaye de Dunfermline.

Sa piété personnelle est intense. Elle passe de longues heures en prière, confectionne des ornements liturgiques et se dévoue personnellement au service des pauvres, lavant leurs pieds et distribuant des aumônes. Le roi Malcolm, admiratif, l’assiste parfois dans ce service. Sa fin est tragique. Le 13 novembre 1093, son époux Malcolm III et leur fils aîné Édouard sont tués dans une bataille contre les Normands à Alnwick. Apprenant la nouvelle, Marguerite, déjà malade, meurt trois jours plus tard, le 16 novembre 1093, au château d’Édimbourg. Elle fut canonisée en 1250.

La Perle et le Roi

Le fait historique indéniable est l’influence profonde de Marguerite sur la culture et la liturgie écossaises. Son action pour l’introduction des normes romaines est documentée.

L’image de Marguerite nous est transmise par une biographie (Vita) écrite par son confesseur, Turgot, à la demande de sa fille Mathilde. Ce texte, destiné à l’édification, idéalise la reine. Il raconte comment son influence adoucit le roi Malcolm III, un guerrier illettré. Une légende rapporte que le roi, ne sachant lire, vénérait les livres de prières de son épouse. Il les faisait couvrir d’or et de pierreries et les baisait avec respect, touché par une dévotion qu’il ne comprenait que par le cœur.

Ce symbole du livre vénéré par le roi guerrier illustre la mission de Marguerite. Elle est celle qui apporte la culture (le livre) et la foi romaine (la prière) dans un royaume encore rude. Elle incarne la force de la piété et de la douceur pour « civiliser » le pouvoir temporel, non par la contrainte, mais par l’amour et l’exemple.

Servir Dieu et le peuple : Sainte Marguerite

Message spirituel

Marguerite nous montre que la sainteté se vit dans le « faire ». Sa foi n’était pas une évasion du monde, mais un engagement dans le monde. Reine, elle a géré les affaires du royaume. Mère, elle a éduqué huit enfants. Épouse, elle a guidé son mari. Chrétienne, elle a réformé l’Église et servi les pauvres. Elle incarne une foi totale, qui ne sépare pas le spirituel du temporel. L’Évangile nous demande d’être « le sel de la terre ». Marguerite a été le sel de l’Écosse.

Son message est un appel à la cohérence. Elle cite : « La main des pauvres est l’assurance des trésors royaux. Ce coffre-fort, les cambrioleurs les plus retors ne sauraient le forcer. » Elle croyait que la vraie richesse d’une nation, ou d’une vie, se mesure à sa capacité à protéger les plus faibles. Aujourd’hui, elle nous demande : « Où sont tes ‘trésors’ ? Sont-ils protégés par le service de tes frères ? » Sa vie est l’image concrète de la charité qui ordonne tout le reste, de la prière intime à l’action publique.

Prière

Sainte Marguerite d’Écosse, toi qui as su allier les devoirs de reine, d’épouse et de mère avec une foi ardente, regarde-nous. Demande au Seigneur la grâce de la cohérence, pour que nos actions reflètent nos paroles. Donne-nous la force de servir ceux qui nous sont confiés, dans nos familles et nos travaux, avec justice et tendresse. Inspire-nous ta charité, pour que nous voyions dans les plus pauvres les « trésoriers de Dieu ». Apprends-nous à sanctifier le quotidien, à réformer ce qui doit l’être dans nos vies, afin que tout soit tourné vers le Christ, notre Roi. Amen.

À vivre

  • Donner 15 minutes de temps ou une aide matérielle ciblée à une personne dans le besoin, en la considérant comme un « trésor ».
  • Prendre une décision (familiale ou professionnelle) en l’analysant sous l’angle de la justice et de la charité, avant celui du profit.
  • Consacrer 10 minutes à lire l’Évangile du jour (ou Matthieu 25, 31-40) en demandant : « Comment puis-je servir le Christ dans les autres aujourd’hui ? »

Mémoire et lieux

La mémoire de sainte Marguerite est d’abord liée à l’Écosse. L’abbaye de Dunfermline, qu’elle a fondée, fut le lieu de sa sépulture et de celle de son époux, Malcolm III. Elle devint un grand centre de pèlerinage. Bien que les tombeaux aient été profanés lors de la Réforme, la petite chapelle romane qui porte son nom (St Margaret’s Chapel), située au sommet du château d’Édimbourg, est considérée comme le plus ancien bâtiment de la ville. C’est là qu’elle priait et qu’elle est morte.

Ses reliques connurent un destin européen. Transférées par Philippe II d’Espagne au palais de l’Escurial près de Madrid, elles furent dispersées. Son crâne (le « chef ») fut ensuite donné à Marie Stuart. Durant la Révolution française, un bénédictin anglais sauva la relique. Elle fut finalement confiée aux jésuites de Douai, dans le nord de la France. Aujourd’hui, le crâne de sainte Marguerite est conservé dans la collégiale Saint-Pierre de Douai.

Liturgie

  • Lectures/thèmes : La Sagesse guidant les dirigeants (Livre de la Sagesse) ; la parabole de la perle de grand prix (Matthieu 13, 45-46) ; la charité en action (Matthieu 25).
  • Fête : Mémoire facultative le 16 novembre (date de sa mort, dies natalis). Fêtée le 10 ou 16 juin en Écosse avant la réforme du calendrier.
Équipe Via Bible
Équipe Via Bible
L’équipe VIA.bible produit des contenus clairs et accessibles qui relient la Bible aux enjeux contemporains, avec rigueur théologique et adaptation culturelle.

A lire également

A lire également