Un pape qui bouscule : pourquoi Léon XIV appelle les catholiques à surmonter leur peur de l’islam

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Le 2 décembre 2025, à 30 000 pieds d’altitude entre Beyrouth et Rome, le pape Léon XIV a lâché une phrase qui va faire réagir : « Nous devrions être moins effrayés par l’islam. » Vingt-six minutes de conférence de presse, huit questions, et un message qui tombe en plein débat sur l’identité chrétienne en Occident.

Pour comprendre cette déclaration, il faut d’abord saisir d’où elle vient. Le pape américain venait de passer trois jours au Liban, ce petit pays où musulmans et chrétiens cohabitent depuis des siècles. Ce qu’il y a vu l’a visiblement marqué. Et ce qu’il a dit dans cet avion mérite qu’on s’y arrête, parce que ça touche à quelque chose de profond dans nos sociétés aujourd’hui.

Ce voyage qui a tout changé : ce que le Liban a appris au pape

Un pays-laboratoire du vivre-ensemble

Le Liban, c’est un cas unique au Moyen-Orient. Imaginez : un tiers de chrétiens, deux tiers de musulmans, et un système politique où le pouvoir est partagé entre les communautés religieuses. Le président est chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite, le président du Parlement musulman chiite. Ça peut sembler compliqué, mais ça fonctionne.

Quand Léon XIV est arrivé à l’aéroport de Beyrouth le 30 novembre, il a été accueilli par les plus hautes autorités de l’État. Mais ce qui l’a vraiment touché, c’est autre chose. Sur le trajet vers le palais présidentiel, des scouts al-Mahdi, affiliés au Hezbollah chiite, ont entonné des chants d’accueil pour le pape catholique. Vous imaginez la scène ? Des jeunes musulmans chiites chantant pour célébrer l’arrivée du chef de l’Église catholique. C’est exactement ce genre de moment qui a nourri sa réflexion.

Les conversations qui ont fait mouche

Durant ces trois jours, le pape a multiplié les rencontres avec des responsables musulmans. Pas des rencontres de façade pour les photos. De vraies discussions sur la paix, le respect mutuel, la coexistence. Il a visité le monastère de Saint-Maroun à Annaya, s’est recueilli sur la tombe de saint Charbel, mais il a aussi participé à une rencontre interreligieuse historique sur la place des Martyrs à Beyrouth.

Cette place, c’est un symbole fort. C’est là qu’en 1916, six patriotes libanais ont été pendus par les armées ottomanes. Un lieu de mémoire nationale où, le 1er décembre 2025, le pape a retrouvé le patriarche syro-catholique, le patriarche maronite, le grand imam sunnite et le représentant chiite sous une immense « tente de la paix » dressée pour l’occasion.

Ce qui a frappé Léon XIV, c’est la normalité de ces échanges. Au Liban, le dialogue interreligieux n’est pas une théorie ou un concept abstrait. C’est le quotidien. Les gens vivent ensemble, travaillent ensemble, se marient parfois entre communautés. Certes, le pays connaît des tensions et a traversé une terrible guerre civile de 1975 à 1990. Mais cette capacité à coexister malgré tout, c’est ce que le pape a voulu ramener dans ses bagages.

Le bain de foule avec 15 000 jeunes

Le moment le plus électrique du voyage s’est passé à Bkerké, au patriarcat maronite perché au-dessus de la Méditerranée. Quinze mille jeunes venus de tout le Liban, coiffés de casquettes jaunes et blanches aux couleurs du Vatican, ont attendu des heures sous la pluie. L’ambiance était celle d’un concert de rock.

Quand le convoi papal est arrivé, Léon XIV, installé sur une voiturette de golf à découvert, a circulé au milieu de cette marée humaine. Les jeunes scandaient son nom, les smartphones filmaient, les chants fusaient. Pour un pape plutôt introverti, l’émotion était visible. Un jeune de 24 ans, Johnny, originaire de Jounieh, a résumé l’esprit : « Nous voulons la paix. Le vivre-ensemble au Liban est essentiel. »

Ce qui a touché le pape, c’est l’espérance de cette jeunesse. Le Liban traverse depuis six ans une crise économique terrible. Les jeunes émigrent massivement. La monnaie s’est effondrée. Les infrastructures sont à bout de souffle. Malgré tout, ces 15 000 jeunes étaient là, vibrants d’espoir, refusant de baisser les bras.

Les leçons d’un pays sous tension

Le Liban n’est pas le paradis sur terre. Le pays est régulièrement bombardé par Israël malgré un cessez-le-feu signé en novembre 2024 entre l’État hébreu et le Hezbollah. Le jour même où le pape célébrait une messe géante sur le front de mer de Beyrouth devant 150 000 personnes, l’aviation israélienne survolait le sud du pays à basse altitude. Au moment où il appelait à « la fin des attaques et hostilités », un drone israélien faisait entendre son bourdonnement dans le ciel de la capitale.

Cette contradiction entre l’appel à la paix et la réalité de la guerre, Léon XIV l’a vécue en direct. Il a aussi rencontré les familles des victimes de l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020, cette catastrophe qui a fait plus de 200 morts et ravagé une partie de la ville. Il s’est recueilli sur les lieux, en silence, face à la douleur de ces familles qui réclament toujours justice.

C’est avec tout ce vécu, toutes ces images, toutes ces conversations en tête que le pape est monté dans l’avion le 2 décembre au matin. Et c’est de là qu’il a répondu aux journalistes.

La déclaration qui fait débat : « Moins effrayés par l’islam »

La question qui fâche

Mikael Corre, journaliste du quotidien français La Croix, lui a posé la question frontalement : certains catholiques en Europe considèrent que l’islam est une menace pour l’identité chrétienne de l’Occident. Ont-ils raison ?

La question n’est pas anodine. En Europe et en Amérique du Nord, les discours identitaires se multiplient dans les franges conservatrices du catholicisme. L’arrivée de migrants musulmans est présentée comme un danger pour les « racines chrétiennes » de l’Occident. En France, quelques jours avant le voyage du pape, un sondage sur l’islam et un rapport de la droite sénatoriale proposant l’interdiction du voile et du jeûne du ramadan avant 16 ans avaient relancé le débat.

La réponse sans détour

Léon XIV n’a pas esquivé. Il a commencé par reconnaître la réalité : oui, il y a des peurs en Europe. Mais il a immédiatement pointé d’où viennent ces peurs. Elles sont « souvent alimentées par des personnes opposées à l’immigration et qui cherchent à exclure ceux qui viennent d’un autre pays, d’une autre religion ou d’une autre origine ethnique. »

Autrement dit, le pape ne nie pas l’existence de tensions ou de difficultés. Mais il refuse de céder à la panique et rejette les discours qui instrumentalisent la peur pour exclure. Pour lui, ces peurs sont en partie construites, amplifiées par ceux qui ont intérêt à diviser.

Ensuite, il a proposé une alternative claire : « Nous devrions peut-être être un peu moins craintifs et chercher des moyens de promouvoir un dialogue authentique et le respect. » Le ton est mesuré – « peut-être », « un peu moins » – mais le message est net. La peur n’est pas une fatalité. On peut choisir une autre voie.

L’exemple libanais comme modèle

Le pape s’est appuyé sur ce qu’il venait de vivre : « L’une des grandes leçons que le Liban peut offrir au monde est de montrer un pays où l’islam et le christianisme sont présents et respectés, et où il est possible de vivre ensemble, d’être amis. »

Ce qui est intéressant, c’est qu’il ne présente pas le Liban comme une utopie. Il connaît les problèmes du pays. Mais il en fait un exemple de possibilité. Si ça marche là-bas, pourquoi ça ne pourrait pas marcher ailleurs ? Le Liban devient ainsi un laboratoire dont l’Occident pourrait s’inspirer.

Léon XIV va même plus loin : « L’un des aspects positifs de ce voyage est d’avoir attiré l’attention du monde sur la possibilité d’un dialogue et d’une amitié entre musulmans et chrétiens. » Il ne parle pas de tolérance, mot souvent condescendant. Il parle d’amitié. Une relation d’égal à égal.

Un pape cohérent avec son parcours

Cette position n’est pas surprenante quand on connaît le parcours de Léon XIV. Né aux États-Unis, il a passé vingt ans au Pérou comme missionnaire auprès de l’ordre des Augustins. Vingt ans au contact des pauvres, des exclus, des marginalisés. Cette expérience a forgé sa vision du monde.

Depuis son élection, il a régulièrement critiqué la montée du nationalisme en Europe et aux États-Unis. Il a dénoncé le « traitement inhumain » réservé aux migrants sous la présidence de Donald Trump. Pour lui, l’Évangile commande l’accueil de l’étranger. C’est non négociable.

Dans l’avion, il a d’ailleurs appelé à « travailler ensemble » pour rendre possible « un dialogue et une amitié entre musulmans et chrétiens. » Cette insistance sur le travail commun, sur l’effort à fournir des deux côtés, est importante. Il ne dit pas que tout est simple. Il dit que c’est possible si on s’en donne les moyens.

Que nous dit vraiment cette déclaration sur notre époque

Le catholicisme face à ses divisions

La déclaration du pape met en lumière une fracture profonde au sein du catholicisme. D’un côté, une frange conservatrice et identitaire qui voit dans l’immigration musulmane une menace existentielle pour la civilisation chrétienne. De l’autre, un pape qui appelle au dialogue et à l’ouverture.

Ce clivage n’est pas nouveau, mais il s’est accentué ces dernières années. En Europe, certains mouvements catholiques traditionalistes sont devenus très actifs sur les questions d’identité et d’immigration. Ils défendent une vision fermée, protectrice, parfois teintée de nostalgie d’une chrétienté médiévale fantasmée.

Face à eux, Léon XIV incarne une autre tradition catholique, celle de l’universalité et de l’ouverture. Le mot « catholique » vient du grec et signifie « universel ». Pour le pape, être catholique ne peut pas signifier se replier sur soi ou rejeter l’autre. C’est fondamentalement incompatible.

La peur comme levier politique

Ce que le pape pointe aussi, c’est l’instrumentalisation politique de la peur. Dans de nombreux pays occidentaux, des partis politiques ont construit leur succès sur le rejet de l’islam et des musulmans. Ils agitent le spectre du « grand remplacement », parlent d' »invasion », de « submersion ».

Léon XIV refuse cette logique. Pour lui, ces discours ne relèvent pas d’une analyse lucide de la situation mais d’une stratégie délibérée d’exclusion. Ils ne cherchent pas à résoudre des problèmes réels mais à créer des boucs émissaires.

Cette lecture est dérangeante pour certains, car elle renvoie dos à dos ceux qui ont peur et ceux qui attisent ces peurs. Le pape ne dit pas que tous les problèmes liés à l’immigration ou à l’intégration sont imaginaires. Mais il dit que la peur n’est pas la bonne réponse.

Le vivre-ensemble comme projet

Ce qui est frappant dans le message du pape, c’est son pragmatisme. Il ne fait pas de grandes déclarations théoriques sur le multiculturalisme ou le relativisme. Il dit simplement : regardez le Liban. Ça marche. Pas parfaitement, mais ça marche.

Ce pragmatisme est important. Il déplace le débat du terrain idéologique vers le terrain pratique. La question n’est plus « Faut-il accepter l’islam en Occident ? » mais « Comment vivre ensemble de manière apaisée et respectueuse ? »

Le vivre-ensemble devient ainsi un projet concret, pas un slogan creux. Ça demande du travail, du dialogue, des efforts mutuels. Ça demande aussi de dépasser ses peurs, de faire l’effort de comprendre l’autre, de ne pas le caricaturer.

Les défis réels ne sont pas niés

Il serait malhonnête de présenter le message du pape comme naïf ou déconnecté des réalités. Léon XIV n’ignore pas les défis. Il a vu au Liban les cicatrices de la guerre civile. Il a entendu les témoignages des familles endeuillées par l’explosion du port. Il sait que le Hezbollah, organisation armée chiite, joue un rôle ambivalent au Liban.

Mais pour lui, ces difficultés ne justifient pas le rejet en bloc. Au contraire, elles montrent l’importance du dialogue. C’est quand les tensions sont fortes qu’il faut parler, pas se replier.

Cette position est courageuse dans le contexte actuel. Elle va à contre-courant de nombreux discours dominants. Elle expose le pape à des critiques virulentes de la part de ceux qui le trouveront trop « angélique » ou « irresponsable ».

Un message aussi pour les musulmans

Si le pape s’adresse d’abord aux catholiques inquiets, son message concerne aussi les musulmans. En insistant sur le dialogue et le respect mutuel, il pose une exigence des deux côtés. Le vivre-ensemble ne peut pas être à sens unique.

Le Liban fonctionne parce que les différentes communautés acceptent de coexister et de se respecter. Ce n’est pas toujours facile. Il y a des tensions, des frustrations, des déséquilibres. Mais il y a un accord de base : personne n’a le monopole du pays. Chacun a sa place.

Cette logique peut inspirer les sociétés occidentales. Elle demande aux communautés musulmanes de s’intégrer sans renier leur identité, et aux sociétés d’accueil d’accepter la diversité sans céder à la panique.

Saint Augustin, le pont entre deux mondes

Dans la conférence de presse, le pape a également évoqué son prochain voyage : l’Algérie, pour visiter les lieux de la vie de saint Augustin. Ce n’est pas un hasard.

Saint Augustin (354-430) est né à Thagaste, dans l’actuelle Algérie. Philosophe et théologien, il est l’un des plus grands penseurs du christianisme. Mais il est aussi considéré en Algérie comme un « fils de la patrie », respecté au-delà des clivages religieux.

Pour Léon XIV, Augustin est un « pont » entre chrétiens et musulmans. Un symbole de la possibilité de partager un héritage commun tout en ayant des croyances différentes. Ce choix de l’Algérie comme prochaine destination n’est donc pas anodin. C’est une façon de prolonger le message du Liban : le dialogue est possible, même dans des contextes difficiles.

Les réactions à venir

On peut s’attendre à ce que cette déclaration suscite des réactions contrastées. Les catholiques progressistes y verront une bouffée d’air frais, une parole qui tranche avec les crispations identitaires. Les catholiques conservateurs, eux, critiqueront probablement le pape de minimiser les dangers ou de ne pas comprendre les inquiétudes légitimes des Européens.

Les responsables politiques réagiront aussi. Certains y verront une ingérence, d’autres un soutien à leur ligne inclusive. Dans les pays où les débats sur l’islam sont les plus tendus – France, Allemagne, Italie – cette déclaration ajoutera de l’huile sur le feu.

Mais peut-être est-ce justement le rôle du pape. Pas de plaire à tout le monde ou de calmer le jeu à tout prix. Plutôt de rappeler des principes, de bousculer les certitudes, de forcer à la réflexion.

Au-delà du religieux : un enjeu de société

Ce qui rend ce message important, c’est qu’il dépasse le cadre strictement religieux. Certes, le pape s’adresse d’abord aux catholiques. Mais sa réflexion concerne toute la société.

Comment gérer la diversité culturelle et religieuse ? Comment éviter que la peur ne devienne le moteur de nos politiques ? Comment construire du commun sans nier les différences ? Ce sont des questions qui traversent toutes nos démocraties.

La réponse du pape est claire : par le dialogue, le respect mutuel et le refus de l’exclusion. Ce n’est pas une réponse magique qui réglera tous les problèmes. Mais c’est une direction, une boussole dans un monde où les repères semblent souvent brouillés.

Les leçons pratiques pour aujourd’hui

Pour les individus : dépasser ses préjugés

Le message du pape commence au niveau individuel. Chacun peut se demander : quelles sont mes peurs ? D’où viennent-elles ? Sont-elles fondées sur des expériences réelles ou sur des discours que j’ai entendus ?

L’invitation est à sortir de sa zone de confort. Aller à la rencontre de l’autre. Découvrir que derrière « le musulman » abstrait et parfois effrayant se cachent des individus avec leurs histoires, leurs doutes, leurs aspirations. C’est exactement ce que les jeunes libanais ont montré au pape : la coexistence passe par la connaissance mutuelle.

Concrètement, ça peut vouloir dire accepter une invitation à un repas chez un voisin musulman. Participer à une initiative interreligieuse dans son quartier. Lire des auteurs musulmans pour comprendre leur vision du monde. Ces gestes peuvent sembler modestes, mais ils changent les perspectives.

Pour les communautés religieuses : multiplier les initiatives

Les églises et mosquées peuvent jouer un rôle crucial. Au lieu de se regarder en chiens de faïence, elles peuvent organiser des rencontres, des conférences, des projets communs.

Le modèle libanais montre que le vivre-ensemble se construit dans le quotidien. Ce n’est pas seulement lors de grandes cérémonies officielles qu’on apprend à se connaître, mais dans les petites collaborations concrètes.

Des exemples existent déjà. Des paroisses qui ouvrent leurs portes pour accueillir des musulmans pendant le ramadan. Des mosquées qui invitent des chrétiens à découvrir leur culte. Ces initiatives restent minoritaires, mais elles montrent la voie.

Pour les responsables politiques : sortir de la surenchère

Les responsables politiques ont une responsabilité particulière. Trop souvent, ils cèdent à la tentation de la surenchère sécuritaire ou identitaire. C’est électoralement payant à court terme, mais destructeur pour la cohésion sociale à long terme.

Le message du pape les invite à faire preuve de courage. À refuser les amalgames faciles. À distinguer islam et islamisme, musulmans et terroristes. À ne pas stigmatiser toute une communauté à cause des actes d’une minorité radicale.

Cela demande du courage politique, car ceux qui choisissent cette voie s’exposent aux critiques des deux bords : accusés de laxisme par les uns, de naïveté par les autres. Mais c’est le prix de la responsabilité.

Pour les médias : changer de récit

Les médias jouent aussi un rôle crucial dans la construction des peurs. Trop souvent, ils mettent en avant les faits divers impliquant des musulmans, créant un biais de perception. L’islam devient synonyme de problèmes, rarement de solutions ou de contributions positives.

Un journalisme plus équilibré montrerait aussi les réussites, les parcours d’intégration, les initiatives de dialogue. Il donnerait la parole à une diversité de voix musulmanes, pas seulement aux plus radicales ou aux plus victimaires.

Le pape, en citant l’exemple du Liban, invite à changer de récit. À montrer que le vivre-ensemble est possible, que des modèles existent, même imparfaits. C’est un travail de longue haleine, mais essentiel.

Pour les systèmes éducatifs : former au dialogue

L’école a un rôle fondamental à jouer. C’est là que se forment les citoyens de demain. Enseigner l’histoire des religions de manière objective, apprendre à dialoguer avec ceux qui pensent différemment, développer l’esprit critique face aux discours de haine : autant de compétences essentielles.

Au Liban, les enfants grandissent dans un environnement multiculturel. Ils voient dès le plus jeune âge que la diversité est normale. C’est cette normalisation du pluralisme qu’il faut viser dans nos sociétés.

Cela ne signifie pas nier les différences ou tomber dans un relativisme mou. Mais reconnaître qu’on peut avoir des désaccords profonds sur des questions fondamentales tout en se respectant mutuellement.

Pour tous : choisir l’espérance contre la peur

Au fond, le message du pape est un appel à choisir l’espérance contre la peur. C’est un choix que chacun doit faire, individuellement et collectivement.

La peur enferme, divise, appauvrit. Elle fait voir en l’autre une menace avant de voir en lui un être humain. Elle conduit à des politiques d’exclusion qui finissent par fragiliser tout le monde.

L’espérance, elle, ouvre des possibles. Elle permet d’imaginer un avenir commun. Elle ne nie pas les difficultés, mais refuse de s’y résigner. C’est exactement ce qu’ont incarné ces 15 000 jeunes libanais sous la pluie à Bkerké.

Le pape Léon XIV ne propose pas une solution clé en main. Il propose une direction, un état d’esprit. À chacun ensuite de voir comment le traduire dans son contexte.

Un dernier mot : la cohérence

Ce qui donne du poids au message du pape, c’est sa cohérence. Il ne se contente pas de belles paroles. Il les incarne par ses choix de voyages, ses rencontres, ses prises de position.

En allant au Liban, pays fragilisé et bombardé, il a montré qu’il ne restait pas dans le confort du Vatican. En rencontrant les familles endeuillées du port de Beyrouth, il a partagé leur douleur. En annonçant un futur voyage en Algérie, il confirme sa volonté de construire des ponts.

Cette cohérence est essentielle. Les paroles, aussi belles soient-elles, ne suffisent pas. Il faut des actes. C’est ce que le pape essaie de faire, à sa manière, depuis le début de son pontificat.

Alors, que retenir de ce moment à 30 000 pieds entre Beyrouth et Rome ? Peut-être ceci : dans un monde où la peur de l’autre devient un réflexe, où les discours de division gagnent du terrain, un pape américain qui a passé vingt ans au Pérou et trois jours au Liban nous rappelle qu’une autre voie existe.

Cette voie n’est pas facile. Elle demande des efforts, du dialogue, de la patience. Elle implique de sortir de nos zones de confort et de remettre en question nos certitudes. Mais elle est possible. Le Liban, malgré toutes ses difficultés, en est la preuve.

« Nous devrions être moins effrayés. » Six mots qui en disent long. Pas « n’ayez pas peur », comme le disait Jean-Paul II. Mais « soyez moins effrayés ». Une invitation à faire un pas, puis un autre. À choisir le dialogue plutôt que la méfiance. À construire des ponts plutôt que des murs.

Dans un avion qui le ramenait vers Rome, capitale du catholicisme, Léon XIV a lancé un message qui résonne bien au-delà des frontières de l’Église. Un message pour notre temps. À nous de voir ce que nous en faisons.

Équipe Via Bible
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